La Solitaire du Figaro / Nouveau départ à mi-parcours !

La 40e édition de La Solitaire tient déjà toutes ses promesses. Après une première nuit à négocier des calmes – ce qui a diablement distribué le jeu du nord-ouest au sud-est - c’est l’inverse qui se présente ce soir pour les 52 marins engagés : un passage de front. La fête continue, en somme. Aujourd’hui, c’est Charles Caudrelier Benac, le skipper de Bostik, qui mène la danse. Mais demain ?


Crédit : Marmara - Bouchon / Le Figaro


En l’espace de quelques heures, la mer s’est bien agitée dans le golfe de Gascogne, poussée par un vent de sud-est qui frise désormais les 19 à 20 nœuds. C’est clair : on va vers le front pour un deuxième moment à haute teneur stratégique, après celui de la nuit passée. Selon les dernières prévisions météo ce front devrait générer dans la nuit des vents de sud-ouest de 20 à 25 nœuds moyen, avec rafales à 25, notamment sous des grains orageux. Derrière ce front, le vent s’orientera à l’ouest pour 15 à 20 nœuds moyens avec rafales à 20,25 nœuds sur une mer forcément agitée. « Ce n’est pas la guerre non plus, on a connu pire » a-t-on entendu en substance à la vacation du jour. « Ce ne sera pas une grosse tempête, mais il faudra être près tout de même » a ainsi confirmé le tenant du titre, Nicolas Troussel (Crédit Mutuel de Bretagne). Après la dorsale, le front donc… Et dans une situation sportive relativement rare sur La Solitaire, à tout le moins très intéressante : beaucoup d’écart latéral, « sans qu’on soit réellement capable à l’heure actuelle de dire qui a tort et qui a raison », précise Jacques Caraës, le directeur de course.

Favoris à tous les étages
La situation ? Au pointage calculé en terme de distance au but, le leader du jour s’appelle Charles Caudrelier Benac (Bostik). Un des six ex-vainqueurs de l’épreuve (en 2004) mène donc la danse devant Ronan Treussart (Black Hawk) et Gildas Mahé (Banque Populaire). Ces trois-là sont les tenants d’une option médiane, mais il y a 18 milles d’écart latéral entre le bateau le plus sud et le bateau le plus nord… et des favoris à tous les étages ! A bord du bateau Direction de Course, on s’en amuse. « Tiens, on a fait une nouvelle ligne de départ, un peu longue, dans le golfe de Gascogne et il y a du monde partout : à la bouée, au bateau comité, au centre… » plaisante à peine Jacques Caraës, pas mécontent du suspense ainsi ménagé et de la variété des conditions rencontrées par les 52 engagés.

L’empannage de la nuit dernière dans la molle a distribué de nombreuses cartes, selon le moment où il a été déclenché. Et si les leaders du pointage du jour se trouvent au centre de cette ligne virtuelle axée nord-ouest/sud-est, rien ne dit qu’il en sera de même demain, après la douzaine d’heures de vent soutenu qui attend les concurrents et la bascule au vent portant. Pour résumer, dans le sud-est on trouve Yann Eliès (Generali, 4e) en meneur devant deux poignées de bateaux, l’une étant constituée d’Eric Drouglazet (Luisina), Michel Desjoyeaux (Foncia), Nicolas Bérenger (Koné Elevators) et Armel Tripon (Gedimat), l’autre de Nicolas Lunven (CGPI), Erwan Tabarly (Athema), Laurent Pellecuer (Arnolfini.fr) et Paul Meilhat (Domino’s Pizza). Un peu à l’ouest des leaders du centre, du beau monde aussi : Armel Le Cléac’h (Brit Air) et Jérémie Beyou (Bernard Paoli) – encore deux ex lauréats de La Solitaire – doivent surveiller non seulement tous les précités mais aussi les bateaux encore davantage au nord-ouest qu’eux, parmi lesquels Nicolas Troussel, Gérald Veniard (Macif), Gildas Morvan (Cercle Vert), Corentin Douguet (E.Leclerc Mobile) ou encore Frédéric Duthil (Bbox Bouygues Telecom) et autres François Gabart (Espoir Région Bretagne), pour ne citer qu’eux. Bref « il y en a partout ! » comme dit Jacques Caraës et chacun sait que cette deuxième nuit sera au moins aussi importante que la première. Changements de voiles, manœuvres dans de la mer formée et du vent soutenu, éventuellement grains orageux et choix stratégiques d’importance sont au menu pour s’attaquer aux 200 milles qu’il reste à couvrir avant La Corogne et le réconfort des tapas espagnoles. « Il va encore se passer beaucoup de choses, il y a des choix compliqués à faire» a ainsi prévenu Charles Caudrelier Benac à la vacation du jour, où tous s’accordaient pour dire l’importance de bien récupérer avant de s’attaquer à cette nuit annoncée plutôt engagée et sportive. A travers le hublot de notre bateau suiveur, la mer s’agite progressivement. C’est le golfe de Gascogne qui prévient son monde : « les enfants, cette nuit je vais me fâcher gentiment. Soyez prêts… »

Source : BM (à bord de DC Mer ) / la Solitaire