La Solitaire / Adrien Hardy : « Si le départ du prochain Figaro pouvait être demain… »

Trois semaines de course, quatre étapes et 1706 milles nautiques, le skipper d’AGIR Recouvrement termine à la 36ème place de la 40ème édition de la Solitaire du Figaro. Forcément déçu, comment pourrait-il être autrement lorsqu’on n’a pas atteint ses objectifs ?

Adrien Hardy revient longuement sur sa course : « 36ème, j’ai un peu du mal à l’encaisser, cela fait cher payé. Je suis déçu pour le sponsor car je n’ai jamais eu de pression de leur part, et j’aurai aimé leur offrir un meilleur résultat. Cette année j’ai beaucoup travaillé, je pense que je suis le coureur qui a fait le plus d’heure de Figaro en une année : j’ai fait toutes les courses, je me suis beaucoup entraîné mais je ne suis pas récompensé... Pourtant, je ne suis pas du tout démoralisé, si le départ du prochain Figaro pouvait être demain, ça me plairait ! »

Souriant et bavard, le jeune marin nantais poursuit : « Même si ce que je fais commence à être pas mal, il faut encore travailler. Avant je ne comprenais pas les skippers qui faisaient du Figaro pendant 5 ou 10 ans, je trouvais ça un peu exagéré. Maintenant, je comprends de mieux en mieux car tant que tu n’as pas gagné, tant que tu n’as pas été au top, tu as envie d’y retourner. La dernière étape était géniale, j’ai pris énormément de plaisir : les navigations au contact, la qualité du plateau, les différentes contions météo, les paysages… »

Justement parlons-en de cette 4ème étape : « Même si je n’aime pas utiliser ce type d’excuse, j’ai l’impression que tous ce que j’ai entrepris n’a pas marché : les petits décalages que j’ai réalisé par rapport aux autres et qui était justifié. C’est un peu dur. » Un peu dur avec lui-même aussi, car le jeune skipper a réussi un joli coup avant le passage de Fairway près de l’île de Wight : pointé en 36ème position le matin, il franchit cette marque de parcours en 18ème position après une stratégie près des côtes anglais avec le courant qui lui permet de gagner pas moins de… 16 places !

Le skipper d’AGIR Recouvrement déroule le film de ces trois jours de course : « Je prends un mauvais départ : à cause d’un refus de tribord, j’ai du faire un 720°. Je passe donc la bouée Radio France en étant mal placé. Puis, la 1ère nuit je fais un décalage sous le vent qui n’a pas été bénéfique : je pensais que le vent allait mollir mais ça n’a pas marché. Je remonte bien, je passe Fairway en bonne position, 17 ou 18ème. Mais la nuit suivante, la dernière, a été très dure : on a traversé une zone avec énormément d’algues. Cet obstacle nous a occupés à plein temps : il fallait passer sa nuit la tête dans l’eau pour enlever les algues dans les safrans et la quille, faire des marches arrière, etc… Je ne m’en suis pas très bien sorti : j’ai pris des gros paquets d’algues quand je suis parti dormir, ça m’a coûté cher. »

A propos de l’arrivée à Dieppe et du décalage à l’ouest, Adrien explique : « Au vu des bulletins météo, c’est cela qu’il fallait faire. Mais au lieu de rentrer sud-ouest, le vent est arrivé par le Nord-est. A cent mètre près, certains avaient 5 nœuds, d’autres 15 nœuds… Ma stratégie avait tout pour marcher : le matin, j’ai appelé les sémaphores qui m’ont informé qu’il y avait près de la côté 15 nœuds de vent de sud, les conditions parfaites mais quelques heures après, le vent était tombé… » Au final Adrien termine 41ème de cette dernière étape, près de 4heures derrière le 1er, Antoine Koch : « A la fin, on avait le courant contraire. On a même reculé tout près de la ligne, obligé de mouiller…quand les autres sont au bistrot c’est dur…»

En guise de bilan Adrien explique : « Avec une course au temps aussi pointue que celle-là, le classement ne révèle pas forcément grand-chose, regardez Armel Le Cléac’h ou Gildas Mahé ! Je n’ai pas envie de retenir le résultat final de la course. Je veux me souvenir des bonnes choses qui se sont passées sur l’eau, j’ai toujours été placé, jamais dans les choux ou dans les tous premiers et ça c’est un signe d’un niveau moyen qui augmente. Des résultats moins yo-yo, je gagne en régularité et c’est un peu ce qui me manquais. »

Déterminé et visiblement fort d’une capacité d’auto-analyse à chaud, Adrien confie : « Je pense déjà aux futurs entraînements, travailler pour être un jour au top au niveau vitesse. Par exemple, dans les dernières heures de cette étape, quand il n’y avait rien à faire dans la pétole, j’étais à noter des axes de travail pour cet hiver, j’étais déjà parti à l’année prochaine. Je suis plus motivé que jamais… »

Rédaction : Quentin Hardy
Source et crédit : Adrien Hardy.fr