Istanbul Europa Race / Une si "Bel" machine à faire du vent !

Le jeu des chaises musicales se poursuit sur la 1ère étape de l'Istanbul Europa Race à destination de Nice. Toujours dans le peloton de tête, Groupe Bel a laissé ce matin la pôle position à 1876 de l'Espagnol Guillermo Altadill, lui-même talonné par Foncia de Michel Desjoyeaux. Au Sud de Malte, Kito et son équipage ont choisi de passer à « l'intérieur », en privilégiant une route plus au Nord que leurs deux autres camarades qui ont finalement récolté les fruits de leur option Sud.

Sous l'écrasant soleil méditerranéen, le suspense fait rage puisque les trois leaders se tiennent désormais en 20 milles...sans oublier l'équipage international de Jean-Pierre Dick à bord de Paprec-Virbac 2, toujours en embuscade à 15 milles dans le sillage de Groupe Bel.
« Les décisions tactiques sont souvent difficiles à prendre mais une fois prises, il est encore plus difficile, souvent impossible, de revenir en arrière, » écrivait hier soir Kito dans l'un de ses nombreux et savoureux messages du bord. « Nous avons près de 80 miles de décalage latéral avec les sudistes (c'est moi qui dit ça !). Et les choses sont ce qu'elles sont, imparfaites, souvent. Comme c'est le cas de nos fichiers météo (les fameux gribs et cartes isobariques) et nos décisions qui en découlent aussi forcement, » poursuit-il avant de conclure, philosophe : « C'est le charme de la course au large, cette part d'incertitude.... »

On ne gagne pas à tous les coups
Une fois de plus, le scénario de ces dernières 24 heures a prouvé qu'en voilier, la route la plus courte n'est pas forcément la plus rapide. En effet, pour affronter la fameuse « bulle » anticyclonique installée en avant de la flotte : 1876, Foncia et Paprec-Virbac 2 ont choisi de contourner le problème par le Sud et d'effectuer une « cuillère » .....en argent massif ! En effet, ils ont touché plus de vent que Groupe Bel, resté sur une route directe au Nord. « Nos deux plus proches concurrents, 1876 et Foncia, ont plus de pression (de vent) là où il sont,» expliquait le « Grand Seb » Audigane lors de la vacation officielle de la course. Mais puisqu'en « Med », la monotonie n'a pas sa place, le Brestois annonçait - avec prudence - un changement de décor dans les heures à venir : « Le vent devrait virer progressivement au Sud-Ouest puis à l'Ouest. Nous devrions avoir un meilleur angle qu'eux et aller plus vite. »


Istanbul Europa Race 2009 - Les cyclades

Deuxième nuit en mer à bord de Groupe Bel.

Même s'il est bien difficile de rationaliser les choses en matière de conditions météo et de stratégie en Méditerranée, chacun des concurrents cogite, essaie, tente des options et prend des risques, ce qui donne toute son intensité à la course. A l'image de Veolia Environnement et de DCNS 1000, certes toujours en arrière de la flotte mais qui ont choisi de frôler carrément la pointe Sud-Est de la Sicile et ont réduit de plus de moitié leur retard.

Âpre bataille et douceur de vivre
A la vue des photos et des vidéos envoyées par l'équipage de Groupe Bel, la tension de la course n'entache en rien la bonne humeur et la complicité des troupes. « C'est un vrai bonheur de naviguer avec cette équipe, » poursuivait Sébastien qui, outre Kito et Yann Régniau, découvre ses autres compagnons de route. « Une fois de plus, Kito a réuni des gens exceptionnels et l'ambiance à bord est excellente. La vie se résume à faire marcher le bateau le plus vite possible sans oublier de vivre, c'est à dire de bien manger et de dormir suffisamment pour prendre des forces. Je dois avouer que pour Yann et moi, les deux bretons, la chaleur qui règne sur le pont est parfois difficile à supporter même si c'est bien agréable de naviguer en short et pieds nus ! »

Dure, dure la vie de marin ! Mais ne nous y trompons pas, même si les quarantièmes rugissants sont aussi loin que les tempêtes du Grand Sud, ces garçons là appartiennent à la crème de la course au large et il en faut du savoir-faire, des biceps, du toucher de barre et du self-contrôle pour se battre de la sorte en Méditerranée. « Dans ces conditions, c'est toujours plus tendu à bord, » explique à son tour le skipper. « Il faut sans cesse vérifier les réglages et s'appliquer à la barre. Je sais combien la Méditerranée est capricieuse et j'ai appris à m'en méfier comme de la peste. C'est à la fois le terrain de jeu que je préfère et celui que je déteste le plus ! »

Nice est encore à 550 milles des premiers et nous ne sommes pas au bout de nos surprises !
Source : Belchiztour