Yann Elies revient sur son incroyable saison 2009 !

Le rideau est tombé sur la 40ème Solitaire du Figaro et les esprits restent marqués par la course de Yann Eliès, qui s'est révélé comme l'un des grands animateurs de cette édition anniversaire. Le résultat est là et parle de lui-même : le skipper de Generali, animé d'une rage de vaincre à toute épreuve, termine 2ème d'une course, dont le déroulé en quatre étapes, toutes disputées avec une intensité rare, confirme le niveau d'exigence. Difficile d'oublier en effet que Yann Eliès revient de très loin et que c'est une véritable performance, tant sportive que psychologique qu'il a réalisée, sept mois après s'être grièvement blessé, lors du dernier Vendée Globe.

Tout au long d’une éprouvante et laborieuse période de rééducation, Yann Eliès n’a eu qu’un objectif : surmonter ses doutes et se surpasser pour retrouver la totalité de ses moyens physiques et recouvrer sa force mentale de compétiteur acharné. Fort de ses deux victoires sur les courses préparatoires (Solo Concarneau et Transmanche) et sur la première étape de la Solitaire entre Lorient et La Corogne, et riche désormais d’une superbe deuxième place sur le podium de cette 40è édition, ses objectifs sont bel et bien remplis. Echafaudés comme des rêves, alors qu’ils semblaient pourtant impossibles il y a quelques mois encore, ils ont pris toute leur réalité sur l’eau.


Interview de Yann Eliès

Quelques jours après la fin de la Solitaire du Figaro, votre 2ème place sur le podium résonne-t-elle comme une grande réussite ?
« Pour être sincère, il m’a fallu quelques jours pour ravaler la déception vécue quand la victoire sur la Solitaire s’est dérobée sous l’étrave de Generali alors que j’y croyais tant, et ce jusque dans les derniers milles. Je l’ai tellement touchée des doigts jusqu’à ce qu’une évolution de la météo, imprévue et imprévisible, ne vienne chambouler les choses et le scénario que j’avais construit au fil des quatre étapes… Mais, quand je suis monté sur le podium, j’ai pleinement réalisé l’ampleur du travail réalisé depuis mon opération en Australie sur la base de la décision que j’avais alors prise, avec Erwan Steff (responsable logistique et fidèle ami de Yann, ndlr), mes proches et mon partenaire Generali, de naviguer très vite à nouveau et de prendre le départ de la Solitaire. C’était le meilleur choix, il m’a permis de tenir le bon cap : j’ai pu trouver les ressources nécessaires pour me motiver et surmonter les baisses de moral qui jalonnent une période de rééducation sportive. Sur le podium à Dieppe, j’ai effectivement compris que cette deuxième place a la valeur d’une vraie victoire. J’ai pris conscience que depuis mon accident dans l’océan Indien, avec toute l’équipe, nous avons réalisé un quasi sans faute… »

Quels sont les moments clés, les étapes fortes qui ponctuent votre retour à la compétition sur cette 40ème édition de la Solitaire ?
« D’abord quand j’ai pu me déplacer avec une canne et rejoindre un deuxième centre de rééducation, Kerpape à Lorient. Quand j’ai ensuite eu la possibilité de conduire et partager mon temps entre la rééducation pure et dure avec un nombre incalculable de longueurs de piscine et le boulot, entouré de mon équipe, pour reprendre bien en main mes affaires courantes de marin ! Cela a énormément compté dans ma reconstruction. Et puis, à la fin du mois de mars, Jérémie Beyou m’a emmené faire un petit tour de Figaro : de quoi piquer au vif ma motivation… Ensuite les choses se sont enchaînées très vite avec un premier stage d’entraînement à Port-La-Forêt, en double avec Philippe Laot. Le dernier jour, il m’a laissé seul à bord. Quand j’ai bordé les voiles, j’ai vu que, dans le petit temps, j’avais déjà tous mes réflexes et la vitesse. J’ai eu une belle surprise et de belles émotions : j’ai alors vraiment senti que si je parvenais à être prêt physiquement pour le départ de la Solitaire, j’avais tous les moyens - notamment l’envie plus que tous - de faire quelque chose de grand. Les victoires sur la Solo Concarneau et la Transmanche ont ensuite fonctionné comme deux accélérateurs : je pouvais m’accrocher à cette idée et ce challenge un peu fou de non seulement participer à la course, mais de pouvoir - malgré la petite inconnue sur ma capacité physique à enchaîner quatre étapes - jouer la gagne. »

Quels sont vos projets immédiats ?
« Je cède la barre de Generali pour le Tour de Bretagne à Jean-Baptiste Epron et Philippe Laot, qui ont tellement partagé avec moi depuis le départ du Vendée Globe, le meilleur comme le pire. De mon côté, je vais participer au Trophée Clairefontaine à la Grande Motte (10-13 septembre, ndlr). Avec Nicolas Troussel et Nicolas Bérenger, je vais former un équipage de figaristes : ça va être très sympa de se frotter sur l’eau aux rois du multicoque. Et surtout, je serai, cet hiver, du prochain Jules Verne aux côtés de Pascal Bidégorry et son équipage à bord de Banque Populaire V. Je suis très heureux à l’idée de refaire un tour du monde et de vivre une aventure collective sur un tel bateau. Je garde en effet d’excellents souvenirs des précédents Jules Verne avec Bruno Peyron. Après cette Solitaire qui m’a permis de revenir en mode compétition, je vais signer mon retour au grand large… »

Crédit et Source : Générali