Crédit : Ch Launay /Sodebo
Les conditions s’annoncent sportives sur la ligne avec un vent de Nord-Est de 25 nœuds puis une mer assez courte dans le Golfe de Gascogne. Si les prévisions se confirment, le skipper pourrait garder ce flux de secteur Nord-Nord Est longtemps et même jusqu’à l’équateur. Sur l’ordinateur, c’est donc un tableau de marche favorable qui s'offre à Sodebo. « Cette décision de partir a été, depuis trois ans, la plus facile à prendre tant les conditions météo sont stables, » confie le recordman de l’Atlantique en solo à la veille de sa troisième tentative de record autour du monde sur ce bateau. « Les modèles de prévisions sont d’accord depuis plusieurs jours et si cela reste « viril », la situation permet de descendre facilement et rapidement à l’équateur que l’on pourrait couper en à peu près 7 jours, ce qui est pas mal. »
Repartir, une première victoire
Depuis ce tour effectué seul à bord de ce même Sodebo (hiver 2008/2009) où le record lui a échappé d’un peu moins de deux jours, Thomas a battu le Trophée Jules Verne en équipage avec Groupama 3 de Franck Cammas (mars 2010). Il a aussi terminé troisième de la Route du Rhum à la barre de Sodebo et multiplié les transats sur ce trimaran de 32 mètres qui n’a cessé d‘évoluer. « Nous avons construit et conçu Sodebo depuis trois ans et demi. Nous arrivons à maturité de ce bateau et de la connaissance que je peux en avoir. M’élancer demain après avoir autant travaillé est comme une délivrance. J’ai envie de profiter de ce que nous avons fait. Je me sens aussi délivré du poids de pouvoir y aller, il y a des hivers sans créneau idéal. Enchaîner la Route du Rhum et le tour du monde avec les bonnes conditions météo pour partir, c'est réussir un premier pari. »
Avec déjà un tour dans la tête
« Quand tu t’élances pour la première fois, tu dois commencer par répondre à la question « suis-je capable de le faire ? », poursuit-il. « Avoir bouclé un premier tour du monde en solitaire en multicoque me permet de savoir ce qu’il faut donner et comment, c’est un levier qui me donne envie d’y retourner. A moi maintenant de le faire en moins de temps. Dans nos projets, on tente, on échoue, on travaille pour repartir. J’aurais pu me morfondre et ne jamais y retourner mais j’ai la chance de pouvoir le faire et c’est comme cela que l’on se donne les moyens d’écrire de grandes histoires. »
Dernière nuit à terre
Bien entouré ce soir à Brest, Thomas sera seul demain après-midi. Dans un froid polaire, il renouera avec ce stress du multicoque qui ne le quittera plus pendant huit semaines. « Pour l’heure, j’en suis à retranscrire les chiffres de routages, de force ou de direction de vent, en manœuvres et en conduite de Sodebo. Je ne pense pas encore à ma vie à bord. Il va falloir s'extraire, c'est un moment délicat. Je suis un père de famille, un copain, j'ai une vie sociale, sentimentale, et je dois entrer brutalement dans une autre histoire. Je ne connais pas un autre exercice qui exige 57 jours de concentration. Mais ce soir et tant que je ne suis pas en bottes et en ciré, je suis encore un terrien. »
Source : Sodebo