© Groupe Bel
Fin de cycle
La sortie de l’Atlantique Sud marque une frontière physique bien réelle. Mais c’est aussi un symbole : à l’issue de près d’un mois de mer, les tandems ont pris leurs marques. Les craintes qui accompagnaient leur capacité à vivre en couple se sont estompées, chaque équipage a trouvé le rythme qui lui convient à l’entrée des mers du sud. Partage des tâches et relais pour la marche du bateau ne dispensent pas de cultiver des relations plus personnelles. Ainsi les filles de GAES Centros Auditivos se montraient d’humeur badine, à la vacation de ce midi, affichant une belle complicité entre Dee Caffari, exubérante et britannique au bout des ongles, et Anna Corbella discrète, élevée au lait de l’olympisme et de la Mini-Transat.
De même, les équipages espagnols goûtaient comme une récréation la présence à la vacation de leur compatriote Javier Sanso, resté à terre pour cette deuxième édition de la Barcelona World Race et venu humer un peu d’air du large, en attendant la prochaine édition du Vendée Globe qu’il devrait logiquement disputer. Même si tous savent bien, à l’instar de Xabi Fernandez et d’Iker Martinez, à quelle vitesse les tendances peuvent s’inverser : les relations tissées avec Michel Desjoyeaux ont fait que le tandem a été particulièrement affecté de l’avarie survenue à Foncia. Et ce d’autant que Michel Desjoyeaux appelait les deux Espagnols, quelques heures après son démâtage, pour les informer des circonstances de l’accident et les mettre en garde d’une mésaventure identique. Même en course, la solidarité des gens de mer continue de jouer à plein.
Maudit talweg
Reste que la situation risque de devenir autrement plus complexe dans les jours à venir. La faute au talweg, sorte de vallée de basses pressions, coincée entre les deux bulles anticycloniques respectivement à l’ouest de la pointe de l’Afrique et au Sud de Madagascar. Dans ce col de basse pression, l’air froid en provenance des dépressions du grand Sud et un air chaud et instable venant des zones subtropicales s’affrontent et forment des tourbillons générant des petites dépressions très actives qui (telles une bille entre deux reliefs) trouvent leur voie au sein de ce talweg. C’est ce type de phénomène que risque d’affronter la tête de flotte d’ici deux jours. Soit une dépression très creuse et très active pouvant générer des vents contraires de plus de quarante nœuds. Pour l’heure, le timing de creusement de cette dépression est particulièrement dur à cerner, mais nul doute qu’à bord de Virbac-Paprec 3, on observe avec une attention particulière l’évolution de ce météore particulièrement virulent. Des zones de vents faibles à traverser, un risque de coup de vent majeur, l’équipage leader de ce tour du monde va goûter à son tour au pain noir… La voile buissonnière est bel et bien terminée.
Ils ont dit :
Iker Martinez, MAPFRE : “Nous sommes très contents d’être là où nous en sommes. Quand on voit comment les deux premiers ont poussé leur bateau, nous sommes contents de notre place parce que nous n’avons pas leur savoir-faire. Si on pousse le bateau à fond, on n’arrive plus à dormir. En tous les cas, si nous avons été distancés, ce n’est pas la faute de MAPFRE qui est vraiment un très bon bateau. Quand Michel a démâté, il nous a appelé très vite : nous avons le même profil de mât, il a donc voulu nous prévenir des circonstances de l’accident pour que nous puissions prendre toutes les mesures pour sauvegarder notre mât. Cette solidarité, c’est la marque des grands champions".
Dee Caffari, GAES Centros Auditivos : «On a vraiment la pêche aujourd’hui. On pensait avoir une nuit plus difficile que l’on n’a a eue., mais le vent est rentré plus tôt que prévu. Du coup, on est plutôt contentes de notre position par rapport à Neutrogena et Mirabaud. C’est incroyable : je n’ai jamais vu les mers du sud comme cela. On va avancer et puis on va devoir traverser une zone de hautes pressions. Il se peut qu’on doive même naviguer face au vent. On a très bien dormi, beaucoup mangé car on s’attendait à devoir passer une nuit difficile, donc on avait anticipé… »
Jean-Pierre Dick, Virbac-Paprec 3 : « Nous avons vu quelques beaux albatros aujourd'hui. Un spectacle dont on ne se lasse pas ! Comme nous, ce bel oiseau utilise la force du vent pour planer mais frôle aussi les vagues pour s'appuyer sur la couche d’air. Virage à droite, virage à gauche, en rase-motte sur la crête des vagues, le voilà maintenant qui tourne aussi autour de Virbac Paprec 3. Ca tourne vite et bien dans le cerveau de cette bête à plume. Nous avons interrompu le début de notre manœuvre avec Loïck pour mieux vivre la beauté de ce spectacle. Rien ne bouge dans sa voilure, c'est assurément un as du pilotage.»
Classement du 27 janvier à 15 heures (TU+1) :
1 VIRBAC-PAPREC 3 à 17 818,8 milles de l’arrivée
2 MAPFRE à 599,1 milles du leader
3 ESTRELLA DAMM Sailing Team à 756,1 milles
4 GROUPE BEL à 838,6 milles
5 RENAULT Z.E à 922,5 milles
6 MIRABAUD à 1201,5 milles
7 NEUTROGENA à 1282,5 milles
8 GAES CENTROS AUDITIVOS à 1416,3 milles
9 CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 1684,4 milles
10 HUGO BOSS à 1728,8 milles
11 WE ARE WATER à 1765,7 milles
12 FORUM MARITIM CATALA à 1866,6 milles
ABN FONCIA
ABN PRESIDENT
Source : Barcelona World Race