Crédit : BPCE
Moment toujours fort pour un équipage, le passage de l'équateur a sonné ce matin comme une double libération pour les marins du trimaran aux couleurs de la Banque de la Voile. Plongés hier dans les affres d'un Pot au Noir leur infligeant le supplice de la pétole et de grains sans vent, les quatorze hommes du bord en ont vu de toutes les couleurs, concédant même dans la nuit, et pour la première fois depuis le départ de Bretagne samedi dernier, un retard de quelques milles sur le tableau de marche de ce Trophée Jules Verne. Retrouvant leurs ailes, c'est à la vitesse de 28 nœuds, qu'ils franchissaient, au tout petit matin, la frontière entre le Nord et le Sud, améliorant ainsi le temps intermédiaire de l'actuel détenteur du Trophée Jules Verne d'une heure et vingt minutes. Une satisfaction teintée de soulagement exprimée ce midi par Pascal Bidégorry à l'occasion d'une visioconférence exceptionnelle : "C'est libératoire ! C'est toujours plus facile de faire du bateau quand il y a un peu de vent que quand il n'y en a pas du tout. Là on marche à 27 nœuds, on a entre 15 et 17 nœuds de vent. On est au vent de travers, avec la grand voile haute et le solent. Il y a encore quelques grains mais on est vraiment en train d'en sortir et je pense qu'on va bientôt trouver un ciel un peu plus établi, avec des nuages qui vont ressembler un peu plus à des alizés et un vent un peu plus stable. Ce qui est bien, c'est qu'on est dans le rythme. Maintenant, on n'en est qu'au début de l'histoire et on sait très bien qu'il y aura des moments d'euphorie parce qu'on aura un peu d'avance et des moments qui seront un peu plus délicats à vivre, parce qu'on aura du retard. Mais ça fait partie de la loi des records!"
Un clin d'oeil pour Ronan, Xavier et Pierre-Yves
Si pour tous ce passage de l'équateur était attendu, pour trois marins en particulier, il revêtait un caractère exceptionnel. A l'occasion de leur premier plongeon dans l'hémisphère Sud, Ronan Lucas, Xavier Revil et Pierre-Yves Moreau n'échappaient pas au traditionnel "hommage", orchestré par l'espiègle Yvan Ravussin. Au programme, hommage à Neptune, extirpation de la bannette pour le Savoyard du bord et un cocktail suisse dont la recette ne trouvera peut-être pas place dans les livres de cuisine. Une parenthèse pleine de fantaisie appréciée par Xavier Revil : "J'étais off à ce moment là mais j'avais demandé qu'on me réveille pour partager ça avec tout le monde. C'était bien sympathique cette petite fête et en plus le bateau marchait très bien. On a eu le droit à une petite mixture préparée par Yvan Ravussin. Je crois qu'un peu tout ce qu'on avait à bord a été mis dedans ! Café, huile, soupe, harissa, saucisson... C'est très sympa de partager des moments tous ensemble sur le pont du bateau. On l'attendait parce qu'il a fallut batailler pour sortir du Pot!".
Le tour de Sainte-Hélène
Passées les festivités d'usage, l'ensemble de l'équipage est désormais focalisé sur la suite d'un menu corsé et notamment sur la négociation de l'anticyclone de Sainte-Hélène qui devrait amener le Maxi Banque Populaire V a s'approcher franchement des côtes brésiliennes, rallongeant ainsi sa route dans le but d'éviter de tomber à nouveau dans les calmes : "Aujourd'hui il y a une forte probabilité pour qu'on passe assez près du Brésil. La sécurité voudrait qu'on essaye vraiment de contourner l'anticyclone de Sainte-Hélène le plus près possible de la côte parce qu'il est quand même très large d'Est en Ouest. Il nous barre complètement la route. Il va falloir faire le grand tour. Ca va ressembler à des trajectoires qu'on a pu voir sur la Barcelona World Race il y a quelques temps. Il faut se servir des performances du bateau et accepter de se rallonger la route".
Ouessant-L'équateur : 5 jours 17 heures 44 minutes et 15 secondes
Avance/Retard à 16h00 : 62 milles d'avance par rapport au temps de référence
Source : banque Populaire