Barcelona World Race / Grand méchant Sud, De Pavant-Audigane et Ribes-Pella ne font pas mystère de leurs appréhensions

Grand méchant y es-tu ? Que fais tu ? Sale journée en perspective pour Groupe Bel et Estrella Damm qui vont bientôt affronter les vents survoltés sur une mer confuse et chaotique au passage du phénomène « Atu », ce vendredi.

Crédit : Groupe Bel

20 nœuds, c’est aussi la force du vent mesuré dans les voiles de Groupe Bel. Sauf que ce souffle frais orienté nord n’annonce pas le même menu météo, loin s’en faut. Un tour du monde à la voile reste en effet toujours plein de paradoxes et de surprises… Bonnes ou mauvaises. Pour les concurrents de la Barcelona World Race, sur des trajectoires relativement nord de porte en porte, pas de traversée au rythme et au ton du grand train de dépressions qui tienne. Pour autant, au milieu de nulle part dans ce grand désert liquide, la force des éléments garde tous ses droits. Pour Groupe Bel et Estrella Damm, une certitude l’emporte en ce 56è jour de course : les Quarantièmes ne vont pas seulement faire gronder leurs rugissements. Ces latitudes, dans le nord-est de îles Chatham, menacent plus de se mettre dans tous leurs états au passage de la tempête « Atu », ce « monstre » venu tout droit des contrées tropicales pacifiques. Les duos De Pavant-Audigane et Ribes-Pella, qui ne font pas mystère de leurs appréhensions, ont déjà remisé leurs réflexes de régatiers dans la soute à voile. La dégradation progressive des conditions au fil de la journée leur intime l’ordre de courber l’échine, faire le dos rond… Et preuve de bon sens marin.

Message reçu de Kito de Pavant cette nuit : « Atu pour plaire »

« Avouez qu'il ne faut pas avoir de chance pour avoir aussi peu de vent pour arriver en Nouvelle Zelande et d'en avoir trop pour en repartir. Nous sommes stressés par l'arrivée du cyclone Atu . Hier soir, les fichiers nous ont laisse espéré un affaiblissement sensible du vent en périphérie du phénomène, ainsi qu'un léger ralentissement de sa trajectoir. Et comme Groupe Bel semble en forme et qu'il va plus vite que les simulations de routage, nous nous sommes engagés dans le sud de Atu. Évidemment, les derniers fichiers reçus ont infirmé ces informations. Nous avons préparé le bateau pour affronter le pire...
Pour le moment, ça se passe bien, nous sommes tribord amure au près rapide avec 20 noeuds de vent et nous devrions virer de bord dans quelques heures à la faveur d'un talweg. Ensuite, le vent devrait rentrer fort du secteur nord et nous promet quelques moments difficiles. Nous sommes restés en contact avec Estrella Damm pour que chacun connaisse les intentions de l'autre,et éviter que la régate ente nous incite à faire les mauvais choix en terme de sécurité. Sail safe first… »

Match-race océanique
En tête, loin des préoccupations générées par le passage d’Atu, Virbac-Paprec 3 et MAPFRE poursuivent, comme le souligne Loïck Peyron, dans son message dans la nuit « leurs sauts de puces » de porte en porte. Tous les coups tactiques sont plus que jamais permis entre ces deux leaders qui se tiennent en respect à 14 milles l’un de l’autre au classement de 10h. Force est de constater qu’ils ont beau naviguer au milieu de nulle part après 16 000 milles parcourus, leur course ne cesse de prendre la couleur et la teneur d’un duel au sommet où les règles du match-racing l’emportent. Cap ou vitesse, il faut donc choisir… Dans des vents de 20-25 nœuds, tous les coups tactiques sont bel et bien permis entre ces bateaux qui ouvrent la marche par 47° Sud. Aux dernières nouvelles, Virbac-Paprec 3, qui a empanné ces dernières heures, mise sur le cap, quand MAPFRE privilégie la vitesse. A ce petit jeu, ces deux tandems pourraient même finir par se croiser sur la route de la 3è porte de sécurité en direction du cap Horn, celle du milieu du Pacifique Sud !
D’une bordure à l’autre
Devant, aux abords de l’extrémité est de la deuxième porte de sécurité, Renault ZE rencontre aussi son lot de difficultés. Aux prises avec leur gouvernail qui leur donne quelques soucis, Pachi Rivero et Antonio Piris n’en méritent pas moins un message de soutien et d’encouragement leurs poursuivants immédiats : Boris Hermann et Ryan Breymaier à bord de Neutrogena. Comme quoi la solidarité entre les gens de mer n’est pas un vain mot. Avec Mirabaud, ces trois bateaux réunis en 285 milles progressent entre deux systèmes. Ils s’apprêtent, sur des routes divergentes, à attraper le flux de vents en rotation vers la droite (nord-nord-ouest-ouest), généré en bordure sud d’un anticyclone.
Du côté de l’arrière, Forum Maritima Catala progresse en mer de Tasmanie, à 1000 milles de Wellington. A 140 milles de la longitude qui marque la frontière entre l’Indien et le Pacifique, Central Lechera Asturiana, qui était parti chercher son salut et de la pression sur la périphérie nord d’une dépression aux abords des Cinquantièmes, pointe désormais son étrave en direction de la Nouvelle-Zélande et de son détroit de Cook…

Sorce : barcelona World Race