Crédit : Mirabaud
C'est un plaisir évident de pouvoir enfin choisir ses trajectoires pour aller d'une porte à l'autre, de jouer avec les bascules de vent pour aller chercher le meilleur angle de glisse. Les esprits chagrins des derniers jours font place à un plaisir évident que personne n'a envie de bouder. Côté course, Virbac-Paprec 3 continue de reconstituer le matelas de milles d'avance qui avait été en partie entamé. MAPFRE en est le principal débiteur qui paie sûrement la fatigue accumulée ces derniers jours en laissant revenir dans son sillage ses compatriotes d'Estrella Damm, toujours suivis à distance par Groupe Bel.
Chevaux fringants
Un autre équipage a décidé de ne pas se laisser impressionner par les plumes de l'Indien. Les deux compères de Neutrogena, malgré leur mésaventure d'hier, suite à la perte de leur code zéro tombé à l'eau, sont revenus au contact de Mirabaud. Est-ce l'apanage de la jeunesse, l'influence subliminale de Roland Jourdain, ancien propriétaire du bateau, et auteur lors du dernier Vendée Globe d'une course remarquable dans les mers du sud ? En tout état de cause, leur ténacité est une des bonnes nouvelles de ce tour du monde, riche en révélations. Autre belle surprise, l'équipage de Forum Maritim Catala semble bien décidé à ne pas s'en laisser conter après son joli coup tactique qui a permis à Ludovic Aglaor et Gerard Marin de pointer en dixième position avec plus de 120 milles d'avance sur leurs poursuivants. Le duo franco-espagnol a visiblement trouvé ses marques entre petits messages pleins d'humour et navigation toute en finesse... Sur un des plus anciens bateaux de la flotte, l'association de Ludovic, qui compte un nombre de milles conséquents sur toutes les mers du monde et tous les types de support et de Gerard Marin, fort de son enthousiasme d'ancien de la Transat 6,50, a tout de la symbiose réussie.
Dominique Wavre, Mirabaud :
« Il y a des beaux surfs et des moments plus difficiles, car c’est une mer croisée et courte. Il y a une très belle houle ample de 3 ou 4 m. Le bateau est plaisant à barrer, mais il faut gérer la fatigue, car c’est assez éprouvant de barrer dans la brise. Il y a des moments de plaisir et la plupart du temps ce sont de grands surfs agréables. Au GPS, c’est 25 nœuds pour les surfs les plus rapides, mais c’est difficile d’avoir des moyennes de vitesse élevées.
C’est idéal de barrer avec une barre à roue derrière. D'un côté, on n’est pas trop protégé donc c’est difficile, mais d’un autre c’est le meilleur point de vue pour négocier les vagues.
Nous allons empanner en fin de journée ou la nuit prochaine pour remonter sur la porte d’Amsterdam après je ne sais pas trop, mais 2 jours de perspectives ça suffit pour le moment. »
C’est une belle bagarre, nous communiquons par mail ensemble, on vérifie nos informations ensemble et c’est sympa d’avoir un bateau près de nous ça motive et ça stimule. En plus, Ryan et Boris sont des chics types donc ça fait plaisir qu’ils soient à proximité ! On les a vus avant-hier sous spi. Ils étaient sur une route parallèle à nous.
Les heures de sommeil : c’est de l’ordre de 4h à 5h tous les 24h, comme c’est morcelé et c’est par petites bribes, pour ne pas laisser l’autre trop longtemps à la barre, c’est dur à estimer.
La journée de demain devrait être belle, mais après j’ai peur que nous tombions dans du petit temps. »
Ludo Aglaor, Forum Maritim Catala :
« Nous avons déjà pris beaucoup de soleil en Atlantique et j’avais envie personnellement de retrouver une ambiance bretonne !
D’autant plus que le soleil avec la couche d’ozone n’est pas terrible : agressif et relativement dangereux. Il y a 3 ou 4 jours, je naviguais torse nu et le soir j’étais un peu cramé dans le dos alors que je n’ai pas tellement la peau sensible.
Nous avions déjà pas mal de milles depuis le départ de la course, mais là nous ne nous sommes pas laissés avoir par le système et nous avons réussi à avoir du vent et là, nous attendons le prochain Sud-ouest qui va arriver.
Pour nous, le front est passé déjà, ça commence à mollir et les pressions remontent donc on ne va pas avancer encore longtemps, mais dans tous les cas nous conservons plus de vent que derrière.
Cette nuit c’était une mer qui croisait et nous avons été obligés de ralentir en début de nuit, car ça tapait un peu. Nous marchons entre 11-14 nœuds, en route directe donc ce n’est pas si mal que ça.
Là nous sommes un peu dans une bassine, ça remue dans tous les sens donc la grande houle je ne l’attends pas avant le Pacifique.
Nous avons la chance d’être assez nord donc il ne fait pas encore trop froid, mais l’humidité commence à rentrer dans le bateau… Donc c’est vrai que la première fois dans le sud ça fait bizarre, mais Gérard s’adapte bien. De toute façon, nous n’allons pas refaire un petit tour au nord pour retrouver des conditions estivales… ! »
Antonio Piris, RENAULT Z.E.
" C’est une très belle journée dans le Sud. Nous allons à un bon rythme avec le grand spi en tête et une belle houle. Pachi est à la barre en ce moment. Après tant de temps vent de travers à recevoir des tonnes d’eau dans la figure, nous avions laissé le pilote barrer la plus grande partie du temps alors que là nous prenons plaisir à barrer plus.
Nous avons fait du Sud pour chercher des vents plus forts et nous les avons trouvés. Maintenant nous devons étudier les prochaines zones météo, car nous naviguons rapidement vers la prochaine porte et notre stratégie est de conserver le bateau dans un bon tempo.
Il ne fait pas très froid, ou du moins le froid n’est pas trop froid, car nous sommes très au Nord avec les nouvelles portes. Nous avons l’impression d’être au printemps et nous ne savons pas comment nous habiller. Si tu portes beaucoup de couches pendant les manœuvres tu as trop chaud, et si tu enlèves les couches tu as vite froid…
Les livres nous les gardons pour les bons moments. Pour l’instant nous n’avons pas trouvé le temps. Entre naviguer, maintenir le bateau en bon fonctionnement … quand tu as un temps de libre tu en profites pour te reposer et dormir. Par contre, nous avons de la musique à bord. Nous écoutons ColdPlay, Sabina, U2, Fito …
Si nous portons les grandes voiles devant avec grand-voile haute et que le vent se renforce, tu te sens en insécurité, car à n’importe quel instant tu peux perdre le contrôle du bateau. Cela fait peur, mais la peur il faut l’oublier, la sortir du bateau. "
Classement à 10h :
1. Virbac-Paprec 3 à 14 834 milles de l'arrivée
2. Mapfre à 581 milles du leader
3. Estrella Damm Sailing Team à 650 milles du leader
Source : PFB / Barcelona World Race