Barcelona World Race / Virbac Paprec 3 devant, arrêt technique pour Groupe Bel

Après plus de 20 jours de navigation dans les hautes latitudes, le poids du Grand Sud commence à peser insidieusement sur les esprits. De l’arrière à l’avant de la flotte, les conditions anticycloniques vont compliquer la progression vers le détroit de Cook que les leaders devraient atteindre en milieu de semaine prochaine. Au pointage de 15 heures, les vitesses commençaient déjà à chuter légèrement.

Crédit : G Grenier / Groupe Bel

Voilà trois semaines que les concurrents de la Barcelona World Race ont fait leur entrée dans le Grand Sud. Trois semaines d’horizon bouché, de gris, d’humidité, de bourrasques, de mauvaises mers, de bruit ininterrompu à l’intérieur des cocons de carbone. Trois semaines pendant lesquelles il ne faut rien lâcher quels que soient les pépins techniques et la difficulté des conditions météo sous peine de perdre ces pouillems de milles qui font la différence. Pourtant, après l’Indien, il y aura le Pacifique… et trois semaines encore dans le même environnement hostile. Dans ce super-marathon autour de l’antarctique, le facteur psychologique est essentiel, que l’on soit en tête avec la responsabilité du premier de cordée, en milieu de paquet à multiplier les empannages ou en queue de peloton en train de peiner dans l’anticyclone. Ce dimanche à la visio-conférence, les skippers barbus comme des Robinson, un peu hirsutes, les yeux ensommeillés devant leurs écrans de contrôle, ont raconté leur quotidien dans les hautes latitudes. Leur passage dans le détroit de Cook brisera cette routine et servira de grande parenthèse avant de retrouver le Pacifique sud.

Arrêt technique confirmé pour Groupe Bel
A bord de Virbac-Paprec 3, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron sont déjà à la latitude du sud de l’île du Sud, 280 milles au large du cap Providence. Ils sont attendus dans le détroit de Cook dans la journée de mercredi. Mais au préalable, ils devront se coltiner le vaste anticyclone qui conditionne d’ores et déjà les trajectoires des bateaux de tête. Si MAPFRE suit une route presque similaire à celle de Virbac-Paprec 3, Estrella Damm,
Groupe Bel et Renault-ZE sont obligés de plonger vers le sud et de tutoyer les 50e hurlants pour éviter les zones de calmes. Leur progression vers la Nouvelle-Zélande sera plus erratique et plus compliquée que pour les leaders. Or, le timing d’arrivée au pays du « Long Nuage Blanc » (où huit des douze 60 pieds Imoca de la flotte ont été construits !) est une donnée cruciale pour Groupe Bel. Ce matin, Kito de Pavant a confirmé son intention de s’arrêter pour réparer ses deux voiles d’avant (spi lourd et grand gennaker) ainsi que d’autres petites avaries. L’équipe du bateau rouge est déjà en route pour Wellington. Cette escale technique coûtera 48 heures à Groupe Bel. Mais en échange, Kito et Seb auront la satisfaction de repartir avec un bateau à 100% de ses capacités.

Pacifique on the rocks
La direction de course vient de publier un nouvel avenant concernant les portes de sécurité glace du Pacifique (après le passage de la Nouvelle-Zélande). La porte N°2 a été remontée de 120 milles et une troisième porte a été ajoutée. Les marins devront laisser un point de ces deux segments virtuels de 250 milles de long à tribord. La raison de ces travaux d’aménagement du parcours ? Quelques beaux glaçons qui auraient bien du mal à entrer dans un verre de soda ont été repérés sur la route de la Barcelona World Race. Plusieurs d’entre eux dépassent les 500 mètres de long, et certains le kilomètre.

Ils ont dit :
Ryan Breymaier (USA) Neutrogena: « C’est vraiment un jeu sympa de naviguer avec Mirabaud. Suivant les conditions, soit ils prennent de l’avance, soit nous revenons sur eux. Nous ne savons pas si Dominique a un secret magique mais en tout cas il gagne à tous les coups dans la brise !
C’est vraiment chouette d’avoir un bateau aussi proche de nous avec qui régater. On a échangé de nombreux mails, assez subtils. Par exemple sur le fait que Dom a besoin de se raser ou bien qu’il est entrain de ronfler… et nous répondons « ah justement Boris est entrain de roupiller aussi ! ».
Ça rajoute de la motivation c’est sûr, même si évidemment j’ai le moral qui change d’un jour à l’autre, et bien entendu en adéquation avec notre retard. Si l’on est 100 milles ou 30 milles derrière, je deviens une personne complètement différente !
»

Dominique Wavre (SUI), Mirabaud : « Ça va pas mal aujourd'hui, nous avons une bonne petite vitesse. Nous venons de toucher un peu de vent, qui revient par derrière. Ces jours derniers, il y avait une espèce de muraille de Chine qui nous a bloqués dans l'anticyclone. On en sent presque la présence physique ! Nous avons effectué beaucoup d'empannages, ce qui veut dire plusieurs manœuvres lourdes et du matossage, mais ça devrait être terminé maintenant. Le ciel est tout couvert et gris et la houle passe du sud à l'ouest. Soit le bateau part au lof, soit en surf »

Sébastien Audigane (FRA), Groupe Bel : « Au niveau logistique tout est calé et prêt depuis un petit moment pour notre escale en Nouvelle-Zélande. La décision n'a pas été facile à prendre mais nous nous sommes rendus compte que ce serait difficile de faire sans nos voiles d’avant.
Notre voilier de Vannes va nous rejoindre sur place et toute l'équipe de North en Nouvelle-Zélande se mettra à notre disposition. Et puis, l'équipe technique de Groupe Bel sera là aussi pour faire un check up complet du bateau. Aujourd’hui, la carte postale est typique des mers du sud : ciel bas, mer croisée dans tout les sens. Il fait très froid, on a les mains bien gelées et il faut mettre les gants. Nous portons 3 à 4 couches de polaires, un bonnet, la combinaison sèche et la capuche par dessus. Mais ce sont surtout les mains qui souffrent. On a un chauffage à l’intérieur de Groupe Bel et je râle un peu quand je me réveille car on se croirait dans le Sahara. Mais c’est un peu le coin de Méditerranée de Kito.
»

Iker Martínez (ESP) MAPFRE : “Nous n’avons finalement pas eu beaucoup de vent dans cette dépression, mais la mer était vraiment croisée. Les vagues étaient relativement courtes par rapport à leur hauteur. L’anticipation dans ce genre de conditions est vraiment importante. Toute la différence se fait si tu arrives préparé ou pas dans la tempête. Il faut avoir tout à poste, au point même que parfois on prépare de l’eau, on mange plus, on prépare les voiles et alors on met le cap vers là où l’on pense que ça passera le mieux. C’est fondamental ! Si tu fais tout cela correctement alors tu peux passer la tempête plus sereinement !"

Classement du 13 février à 15 heures (TU+1) :
1 VIRBAC-PAPREC à 12162,3 milles de l’arrivée
2 MAPFRE à 504,1 milles du leader
3 ESTRELLA DAMM Sailing Team à 627,2 milles
4 GROUPE BEL à 908,7 milles
5 RENAULT Z.E à 1471,2 milles
6 MIRABAUD à 1796,3 milles
7 NEUTROGENA à 1828,9 milles
8 GAES CENTROS AUDITIVOS à 2091,8 milles
9 HUGO BOSS à 2189,4 milles
10 FORUM MARITIM CATALA à 3651,2 milles
11 CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 3981,1 milles
12 WE ARE WATER à 4057,5 milles
ABD FONCIA
ABD PRESIDENT

Source : C El / Barcelona World Race