Record / Sodebo contraint à faire le tour, Thierry Douillard fait le point

C'est bien parti pour le grand tour de la paroisse. Décidément, cette Hélène n'est pas une sainte ! Pour tous les marins lancés à la conquête de Bonne Espérance et de l'océan Indien cet hiver, cela se fait dans la longueur, avec efforts et beaucoup de patience.

Crédit : Sodebo

Ce mardi, après 10 jours de mer, Thomas Coville cumule 300 milles de retard sur son prédécesseur Francis Joyon. Rien d’alarmant, un cinquième seulement du parcours théorique du tour du monde vient d’être avalé.

A 12h00, le Maxi Trimaran filait sous un ris dans la grand voile et trinquette dans une quinzaine de nœuds de vent d'Est. Par 20 degrés Sud le long du Brésil, la mer devient vraiment difficile depuis cette nuit : une houle de Sud-Ouest par le travers de Sodebo croise avec la mer du vent de Sud-Est, rendant la vie à bord inconfortable, d’autant que des grains épars persistent.

Les vitesses moyennes restent néanmoins très élevées. Sodebo descend à plus de 24 nœuds et a enquillé pas moins de 554 milles sur les 24 dernières heures ! Preuve s’il en fallait du potentiel du bateau et de la capacité du skipper à maintenir ce rythme élevé en solitaire.

L’état des lieux est honorable mais la perspective à moyen terme a comme un petit goût salé. "Nous nous battons contre un temps réalisé sur une trajectoire parfaite," précise Thierry Douillard, membre du team routage de Sodebo. "Faire le tour de l’anticyclone de Saint-Hélène se rapproche finalement plus de la réalité des conditions météo "normale" dans la région. Groupama 3, Banque Populaire V et même Sodebo - lors de sa précédente tentative - ont composé avec des conditions similaires."

Cette semaine, le Trinitain se dirige vers une dépression qui se forme dans son Sud mais dont l’évolution reste encore bien incertaine. "Le vent va mollir légèrement, » poursuit Thierry. « Mais Thomas qui a déjà bien débridé ses voiles, pourra dérouler le gennaker peu après minuit. L’objectif est de se positionner dans l’Est de la dépression sortant du Brésil entre le 9 et 10 février. Nous savons qu’elle va générer du vent mais les fichiers météo ne sont pas clairs sur sa circulation."

Une chose est sûre, la présence de cet immense champ de « pétole » (zone sans vent) au beau milieu de l’Atlantique Sud empêche le solitaire de traverser. Il apparait clair qu’à la manière des duos Dick-Peyron et Desjoyeaux-Gabart sur la Barcelona World Race, le salut passe par une route dans l’Ouest, le long de l’Amérique du Sud !

Riche de l’expérience de ses nombreux tours du monde, Thomas reste réaliste et garde le moral. Si le marin n’aurait pas été contre un petit coup de pouce du destin, il sait aussi que l’exercice est difficile et que pour le moment, seule la marche du bateau au jour le jour importe. Un réalisme partagé par Thierry : "De manière générale, je me dis que le ralentissement au Pot au Noir ne change pas grand chose mais nous permettra peut-être d’arriver dans le bon timing sur cette dépression. Cette dernière nous permettrait en plus de ne pas trop descendre et, avec les cartes des glaces reçues via CLS-Argos, nous pourrions passer sous l’anticyclone mais au-dessus de l’importante zone de concentration d’icebergs que les satellites observent depuis quelques semaines dans le Sud de l’Atlantique."

Tableau du jour à 19h15 :
Milles parourus en 24h : 531,4 nm
VM en 24h : 22,1 Nds
Retard : -344,00 nm

Source : L.L.et J.H. / Sodebo