Transat Bénodet Martinique / Nouveau décor, nouveau rythme (Vidéo)

Changement de rythme sur la Transat Bénodet - Martinique avec depuis hier, l'entrée de la flotte dans les Alizés. Ce nouveau décor, s'il laisse plus de place à la récupération à bord des Figaro Bénéteau 2, n'en plonge pas moins les solitaires dans de nouvelles problématiques, à commencer par la gestion des grains sur la route vers la Martinique. Avec un vent de secteur Nord Est pouvant varier Est Nord Est force 6, les concurrents bénéficient toutefois de conditions encore relativement stables, leur permettant de poursuivre leur trajectoire toujours aussi rapide dans l'Ouest. Légèrement décalé dans le Sud par rapport au reste de la flotte, Erwan Tabarly (Nacarat) tient la tête, devant Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham) et Thomas Rouxel (Bretagne - Crédit Mutuel Performance).


Bonne nouvelle pour les marins qui depuis ces dernières heures, ont renoué avec des conditions de navigation qui leur permettent de retrouver un peu de sérénité, par rapport au matériel tout au moins. La dépression n'est aujourd'hui plus qu'un souvenir lointain, laissé dans le sillage d'une flotte néanmoins marquée par la violence des éléments. Avec le nouveau volet qui s'ouvre aujourd'hui et l'entrée dans le régime des Alizés, les spis sont à nouveau de sortie et leur nécessité risque d'opérer une première sélection, favorisant logiquement les solitaires qui auront eu la possibilité de garder toutes leurs cartouches. Pour les autres, ce mercredi était encore placé sous le signe des réparations à l'image du martiniquais Eric Baray (Ven Dan Vwel 972) qui confiait ce midi devoir se porter au chevet de l'une de ses voiles. Poussés par un vent de secteur Nord Est soufflant 15 à 20 nœuds, les solitaires ont donc entamé le volet plus agréable de cette Transat Bénodet - Martinique et en profitent pour recharger les batteries. Annoncé hier comme le grand évènement de la journée, le changement d'amure n'aura aucun caractère définitif d'ici à l'arrivée, les marins devant composer avec une linéarité encore relative. Les empannages ne seront donc pas aussi nets que prévu dans un premier temps et consisteront surtout à trouver le bon compromis entre le gain dans l'Ouest pour la stabilité ou dans le Sud pour la force du vent. Qu'on ne s'y trompe donc pas, l'heure n'est pas à la carte postale loin de là. Ainsi, les grains synonymes de ce régime alizéen ont-ils jeté les prémices du trouble sur le plan d'eau et vont, dès à présent, conditionner grandement la navigation des uns et des autres. Avec un positionnement plus au Sud que ses concurrents, le leader Erwan Tabarly (Nacarat) bénéficie d'un vent plus soutenu et en tire les avantages du moment. Derrière lui, Fabien Delahaye, Thomas Rouxel ou encore Nicolas Lunven (Generali) restent à portée d'étrave.

La théorie de l'élastique
Restés longtemps très faibles à l'échelle d'une transatlantique, les écarts entre le groupe de tête et les poursuivants tendent à s'accroitre de classement en classement. Mais à y regarder de plus près la situation actuelle et à venir, force est de constater que tout reste à faire. Ainsi, les huit à dix premiers solitaires peuvent-ils encore légitimement prétendre à une conclusion victorieuse à Fort-de-France. D'ici à la fin de cette semaine, l'élastique devrait s'étirer et voir l'enrichissement des premiers, à coup de décalages judicieusement placés. Mais la journée de samedi pourrait bien donner aux poursuivants l'occasion de prendre leur revanche et de revenir sur la tête de course à la faveur d'une rupture d'alizés prévue et dans laquelle les leaders devraient butter. On l'aura compris, à 1 300 milles de l'arrivée, il n'est définitivement pas question de stratégie à long terme mais bien d'avantage d'une vigilance de tous les instants afin d'exploiter toutes les bascules et moindres variations.

Erwan Tabarly (Nacarat)
"Il y a à peu près 20-22 nœuds de vent, avec une mer un petit peu formée. Ce sont des conditions plutôt agréables. On a un ciel plutôt chargé avec des grains, ce qui explique les différences de vitesse entre les bateaux selon qu’il y ait des grains ou pas. J’ai eu Savéol qui avait pris un grain et qui avançait vite. Moi j’en ai eu un tout à l’heure. Ca m’a permis d’allonger un petit peu la foulée. Il y en a un peu partout des grains.
J’ai bien géré le sommeil. J’ai beaucoup dormi entre la tombée et le milieu de la nuit. J’ai dû dormir au moins cinq heures par tranche d’une heure au moins. A un moment, j'ai même oublié de mettre l'alarme, donc je suis resté deux heures. Du coup pendant cinq heures je me suis vraiment bien reposé. Juste après, j’ai eu des grains, j’ai donc pu gérer les empannages dans 30 nœuds de vent. J’ai même remis le spi lourd à un moment donné, la deuxième partie de nuit je n’ai pas chômé.
On rentre dans une section de portant d’alizés mais une section à grains aussi, alors il y a des phases aléatoires. J’en ai profité tout à l’heure, mais la prochaine fois ce sera peut-être les autres.
C’était le cas il y a deux ans, ça s’est joué un peu sous les grains avec Gildas (Morvan), donc c’est soit un coup à toi soit un coup à moi. On a quand même un petit stress avant le pointage pour savoir s’ils sont passés plus vite que nous. Mais il ne faut pas attacher trop d’importance à ça, sinon on ne vivrait plus, on ne penserait pas qu’à ça. Généralement, sur la durée, sur une semaine ça s’équilibre : si sur un pointage on est moins rapide, on sera plus rapide sur le prochain ou vice et versa donc ce n’est pas très grave
".

Classement au 20/04/2011 à 19:00
1 Erwan Tabarly NACARAT à 1347.0 milles du but
2 Fabien Delahaye PORT DE CAEN OUISTREHAM à 13.8 milles du leader
3 Thomas Rouxel BRETAGNE - CREDIT MUTUEL PERFORMANCE à 15.6 milles du leader
4 Nicolas Lunven GENERALI à 17.5 milles du leader
5 Romain Attanasio SAVEOL à 32.9 milles du leader
6 Jeanne Grégoire BANQUE POPULAIRE à 36.3 milles du leader
7 Eric Peron MACIF 2009 à 86.3 milles du leader
8 Francisco Lobato ROFF à 102.8 milles du leader
9 Anthony Marchand BRETAGNE - CREDIT MUTUEL ESPOIR à 110.5 milles du leader
10 Gildas Morvan CERCLE VERT à 129.6 milles du leader

Source : Rivacom