Crédit : Ch Breschi / Ricochets17
Il n'ose pas vraiment y croire, Nicolas, à sa victoire. Il est heureux bien sûr mais il déguste, décortique sa course avec prudence... et pourtant, la chance n'y est pour rien dans cette belle première place décrochée aux forceps ! Le travail réalisé depuis 2009, la confiance gagnée petit à petit et un talent qui se forge, de performance en performance : tout est là.
Solidement épaulé par son talentueux copain « Lolo », le skipper de Défi GDE a, par deux fois cette année, fait parler la poudre. De quoi se mettre en confiance pour la suite de la saison, sa 3e sur le circuit Mini avec, bien sûr un objectif majeur : la Mini Transat.
7e en 2009 de la Transat 6,50 Charente-Maritime Bahia, déjà une très belle performance pour un bizuth, Nicolas Boidevezi va revenir sur cette transat avec un statut de « favoris »...
Des runs à 17 nœuds
Cette course de vitesse, course de « bourrins » n'a pas laissé trop de marques de fatigue sur les visages des marins. Toutes les heures ou tous les 10 milles c'est selon, ils se sont relayés. Mais ce qui les a le plus marqué, c'est la descente, entre le Raz de Sein et Yeu : à fond, avec des « stabilisés » à 17 nœuds ! Ça fumait, c'était génial, un peu dingue. Fred Duthil, qui n'était pas revenu sur le circuit depuis 2003 a été impressionné par la puissance des Mini de la nouvelle génération : « jamais on aurait osé tirer comme ça sur les bateaux, avant. Ils sont beaucoup plus puissants, beaucoup plus stables, beaucoup plus fiables... »
L'effet papillon
Et ils n'ont pas hésité à tirer sur leurs machines d'ailleurs ! Qu'ils soient premiers ou pas, ce parcours 2011 du Mini Fastnet s'est particulièrement prêté à la vitesse. Après, les différences se sont jouées sur pas grand-chose : un petit décalage de vitesse, à certains moments (à la faveur d'un nuage notamment pour Défi GDE, sur le retour) ; ou encore sous l'effet d'un joli petit coup tactique en baie de Douarnenez pour Financière de l'Echiquier, qui accroche ainsi sa 2nd place.
La guerre des pouillèmes
Au final, le podium de ce Mini Fastnet est plutôt à l'image de la hiérarchie actuelle du circuit, comme le remarque Guillaume Le Brec (Occamat/ATD) : « à nous trois, on a tous des victoires de course à notre actif cette saison...» « Maintenant en Mini, on se bagarre pour gagner des pouillèmes de milles, ce sont des courses au contact », confirme Nicolas Boidevezi (Défi GDE). Plus question par exemple de blaguer avec les copains à la VHF : « si on commence à papoter, on est plus assez concentré sur les réglages, et on perd du terrain », détaille Laurent Bourguès.
Echo des pontons
Nicolas Boidevezi (Défi GDE) 1er : « en 2008 déjà, le Mini Fastnet était descendu à BXA, c'est Thomas Ruyant qui l'avait gagné... il avait ensuite remporté la Transat 6,50... Cette victoire est donc de bon augure ! C'était une super course, naviguer en double permet d'apprendre beaucoup de choses. Avec Laurent, je suis en totale confiance, tout est facile. C'est une belle victoire avec un gros plateau sportif derrière nous. Ça fait plaisir de se battre avec des bateaux super performants. Nous on a un mât fixe et pas de ballast... mais ça l'a fait ! »
Laurent Bourguès (co-skipper de Défi GDE) 1er : « ça fait super, super plaisir de revenir naviguer sur ces petites bombes. Avec Nicolas en plus on rigole bien et ça fonctionne parfaitement. On bien tiré sur le bateau ! Je suis désormais tourné vers le Figaro, c'est très différent, mais chaque course est un super enseignement, surtout si on la gagne ! »
Thomas Normand (Financière de l'Echiquier) 2nd : « ça a été une course à 100% tout le temps. C'était une course très disputée, et Nico et Lolo ont navigué comme des chefs ! Le bateau a été mis à rude épreuve mais on a rien cassé. C'est toujours important de faire podiums et des belles performances, surtout en équipage. C'était super de naviguer avec Fred, il a une telle expérience, il sait tout de suite faire marcher un bateau et humainement c'était extra. »
Fred Duthil (co-skipper Financière de l'Echiquier) 2nd : « c'était humide ! Mais génial ! Je suis impressionné par les gains en performance des Minis... la dernière fois que j'ai fait du Mini c'est quand j'ai démâté sur la Mini Transat en 2003 ! Là avec les mâts carbones, qui basculent sur l'arrière, les quilles qui basculent, les ballasts... ce sont devenus de véritables usines à gaz ! Mais c'est on peut tirer sur les machines, comme on ne l'aurait jamais fait avant ! Revenir sur le circuit ? Pourquoi pas un jour, pour finir ma transat ! »
Guillaume Le Brec (Occamat/ATD) 3e : « On s'est fait avoir sur la toute fin de parcours, un paquet d'algues dans la quille, on s'est arrêtés... on perd la 2nd place. Mais ce qu'il faut retenir c'est que c'était un super exercice pour la Transat. La descente était à fond, on a pu tirer sur le matériel, on a rien cassé, c'est très satisfaisant. On passe en tête à BXA, on a ensuite joué avec les placements sur la remonté, ça se joue à pas grand-chose. »
François Gabart (Occamat/ATD) 3e : « c'était ma première course en Mini. Je me suis régalé, ce sont de très bons bateaux, on a d'excellentes sensations de barre. Et c'est effectivement incroyablement proche des 60 pieds. Cela m'a aussi fait super plaisir de naviguer, passer deux jours en mer, régater, ça me manquait. Et puis on a bien rigolé ! »
Les chiffres à retenir :
Défi GDE vainqueur en Proto !
Nicolas Boidevezi et Laurent Bourguès (Défi GDE) ont franchi la ligne d'arrivée à 22h 58min 12s ce mardi 21 juin. Leur temps de course (avant jury) est de 2j 6h 58s, à une vitesse moyenne de 8,55 noeuds.
Financière de l'Echiquier 2nd proto
Thomas Normand et Frédéric Duthil (Financière de l'Echiquier) sont arrivés 2nd à 23h 32min 48s, soit à 34min 36s des premiers. Temps de course : 2j 7h 32min 48s à une vitesse moyenne de 8,46 nds.
Occamat/ATD 3e proto
Guillaume Le Brec et François Gabart (Occamat/ATD) ont passé la ligne à 23h 43min 9s à 44min 57s des premiers. Temps de course : 2j 7h 43' 09s, à une vitesse moyenne de 8,44 nds
Source : C Ecarlat / Mini Fastnet