Class 40 / A J+2, le retour vers les Sables devrait s'accélérer

Ils en ont fini avec les petits airs. Petit à petit, sous un ciel qui se charge progressivement, les duos aux prises avec les calmes du début retrouvent du vent. Les vitesses montent et le tempo de la course devrait aller crescendo au fur et à mesure des heures à venir. Groupe Picoty au nord et Aquarelle.com au sud encadrent un groupe de six bateaux qui naviguent pratiquement tous sur la même ligne. Les subtilités tactiques vont être mises de côté : place à la course de vitesse.

Credit : Ch. Breschi

Au soir de ce vendredi, la course compte actuellement un grand perdant, l’équipage de Mare.de2. Jorg Riechers et Etienne David comptent maintenant 60 milles de retard sur la tête de flotte, mais surtout leur vitesse moyenne reste encore inférieure à celle des équipages plus au sud. Le pari de cette option nord était d’allonger sensiblement la route pour, en contrepartie, pouvoir bénéficier les premiers, des vents forts qui baignent les latitudes plus élevées de l’Atlantique nord. C’était sans compter sur le centre de l’anticyclone qui, positionné dans le nord-ouest des Açores, a libéré d’abord les équipages les plus à l’est.

De tous ces équipages, Groupe Picoty pourrait être le mieux placé dans les heures à venir. Compte tenu de la courbure de l’anticyclone, il devrait bénéficier d’un vent légèrement plus adonnant que ses rivaux du sud et pourrait ainsi allonger la foulée plus facilement.

Des outsiders incisifs
Si ce n’est pas une surprise de retrouver aux avant-postes quasiment tous les ténors de la première étape, quelques bateaux de plus anciennes générations font un début de course remarquable. Olivier Grassi et Jean-Baptiste Glin (Grassi Bateaux), malgré un départ, selon leurs propres dires, calamiteux, a su se positionner très astucieusement et s’est offert le luxe de prendre la tête de la course pendant presque quarante-huit heures. Un petit peu plus en retrait, Andrew Dawson et Jon Mac Coll (Spliff) sont partis pour faire mentir leur légende d’être, tels l’animal aux longues oreilles d’Alice, toujours en retard.

De même Stéphanie Alran, accompagnée de Julien Pulvé, montre que le travail accompli à bord de Velevent lors de la première étape commence à porter ses fruits. La jeune femme qui, encore trois ans auparavant, n’était encore jamais monté sur un bateau en course, démontre qu’à force de ténacité et de volonté d’apprendre, certaines progressions peuvent être fulgurantes. Bien aidée par la sensibilité aux réglages de Julien Pulvé, Stéphanie va maintenant devoir démontrer une autre facette de ses capacités d’adaptation, à savoir le portant dans la brise.

Sachant qu’à vouloir forcer sa nature, on s’expose parfois à de solides déconvenues. C’est d’ailleurs rapidement un dilemme qui pourrait se poser à de très nombreux équipages. Les premiers bords d’allures portantes devraient commencer dans des conditions très maniables pour forcir petit à petit. Le vent qui monte, la mer qui grossit, le bateau qui accélère… à la griserie de la vitesse, peut rapidement succéder ce sentiment désagréable qu’on est en train de pousser des limites dont on ne sait pas si on en a toujours le contrôle. Pour certains 25 nœuds de vent seront largement suffisants, quand d’autres se sentiront la moelle de pousser la bête, un peu plus loin. Question d’expérience et de tempérament. Le tout est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin.

Ils ont dit :
Stéphanie Alran (Velevent)
« Enfin le vent a repris hier en fin de journée ! La journée d'hier fut marquée par de la patience!!! Pour ma part c'était mon premier vécu de pétole et heureusement nous étions au contact d'autres bateaux qui avançaient au rythme de la loterie de quelques risées... Nous avons aperçu une petite baleine, de loin cette fois au milieu d'une mer d'huile: un vrai beau spectacle ! Mon équipier Julien prend ses marques à bord, tout va bien et nous sommes à donf sur les réglages de voile, ça tombe bien c'est un régatier !..»

Yannick Bestaven (Aquarelle.com)
« Le vent rentre petit à petit depuis cette nuit, et nous pouvons à nouveau reprendre nos habitudes de vie penchée. Malgré la présence de ce bel anticyclone, une couverture nuageuse nous accompagne, la grisaille est au dessus de notre tête. Nous avons croisé hier, sur notre route, une tortue qui semblait faire route vers les Sables d'Olonne à une vitesse bien moins élevée que la nôtre ! On se méfie malgré tout des fables de La Fontaine, car au vu des fichiers météo de ce matin, un vent soutenu de 30 noeuds au portant devrait nous permettre de débouler à vive allure dans le Golfe de Gascogne. Il faudra savoir attaquer tout en prenant garde au matériel si nous ne voulons pas donner raison à ce raconteur de fables. Pour le moment l'objectif est d'aller vite sous la flotte, pour ne pas laisser s'échapper les bateaux du nord de la flotte... »

Classement du 15 juillet à 16h
1 Groupe Picoty (J Fournier – JE Criquioche) à 1056,7 milles de l’arrivée
2 Aquarelle.com (Y Bestaven – C Bouvet) à 3 milles du premier
3 Bureau Véritas (S Le Diraison – V Barnaud) à 6,2 milles
4 Grassi Bateaux (O Grassi – JB Glin) à 6,6 milles
5 Velevent (S Alran – J Pulvé) à 15,8 milles
6 Spliff A Dawson – J Mac Coll) à 16,5 milles
7 Techneau (A Daval – B Daval) à 18,2 milles
8 Wanted Partner (L Régnier – D Van Wynberg) à 25,1 milles
9 Matetmat.com (M Galland – M Prochasson) à 29,6 milles
10 Hip Eco Blue (A Fantini – S Merolla) à 43,7 milles
11 Mare.de2 (J Riechers – E David) à 60,1 milles
NL L’Express Sapmer (D Lazat – F Nouel)
DNS : Tales
DNS : Exedra

Source : Isabelle Delaune / Les Sables - Les Açores - Les Sables