Figaro / C'est parti pour Caen au petit trot

Bon départ ! Le coup d’envoi donné à 11h par Madame la Ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, s’est parfaitement déroulé dans une brise de secteur Ouest de 5 nœuds. Les 47 solitaires ont pu s’extraire rapidement, dans un fort courant de marée descendante, des pièges de la côte bretonne : Nicolas Lunven prenait la tête de la flotte dès la bouée Radio France, entamant une première partie de navigation finalement simple vers les côtes anglaises.

Crédit : Courcoux-Marmara

Les navigateurs craignaient que le départ de cette 42ème édition de La Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire soit tordu, voire très pénalisant. Il n’en fut rien : si la brume couvrait légèrement les côtes de Perros-Guirec, la brise était bien là, d’environ 5 nœuds de secteur Ouest. Il fallait donc envoyer le spinnaker dès le coup de canon pour s’extraire de la meute, bénéficier d’un vent frais et contrer le courant de marée descendante. L’embouteillage avait lieu au bateau Comité où Frédéric Duthil (Sepalumic) prenait le meilleur départ avec Erwan Tabarly (Nacarat) et Adrien Hardy (Agir Recouvrement). Mais plusieurs pavillons rouges indiquaient que certains navigateurs décidaient de protester contre d’autres concurrents sur cette phase de départ. Car la concentration de bateaux dans cette zone coinçait la flotte, tandis que les solitaires qui avaient choisi la prudence, partaient en milieu de ligne. Nicolas Lunven (Generali) était ainsi le plus prompt à se dégager du pack, suivi par Thomas Rouxel (Bretagne Crédit Mutuel Performance), Eric Drouglazet (Luisina), Jérémie Beyou (BPI)…

1,5 milles plus tard, la bouée Radio France mouillée aux abords du plateau de roches des Couillons était enroulée en premier par Nicolas Lunven qui affalait le spinnaker et bordait les voiles, route vers le Nord-Nord Ouest pour parer l’archipel des Sept-Îles, danger qu’il débordait une heure et demi après le coup de canon libérateur. Derrière le leader, Thomas Rouxel concédait une petite centaine de mètres, puis Eric Drouglazet s’engageait judicieusement à l’intérieur de Louis-Maurice Tannyères (St Ericsson) pour passer la bouée, suivi par Jérémie Beyou, Isabelle Joschke (Galettes Saint Michel) et le premier « bleu », le Britannique Sam Goodchild (Artemis). Le peloton légèrement étiré suivait sans incident pour remonter au près, épaulé par le fort courant (2 nœuds) de la marée descendante.

Nuit de Chine, nuit câline…
Les 47 solitaires pouvaient souffler un peu après un départ tout de même stressant car inhabituel sous spinnaker. Le vent était en effet plus établi que ce que les fichiers météo avaient prédit, et dans un flux d’Ouest-Nord-Ouest d’une dizaine de nœuds, sous un ciel chargé d’humidité et de brume, la flotte entamait sa traversée de la Manche. De fait, les écoutes pouvaient être choquées et c’est à une allure débridée que les bateaux s’éloignaient des côtes bretonnes, au petit trot à plus de 8 nœuds de moyenne. La meute restait donc compacte dans ces conditions stables mais attendait, avec un petit pincement, que le soleil se couche ! C’est en effet cette soirée qu’un premier étirement est programmé quand la brise va s’essouffler aux abords des côtes britanniques…

La nuit s’annonçait bien noire puisque la nouvelle lune était passée dans la nuit de samedi à dimanche : pas de visibilité, surtout avec une masse d’air humide et fraîche sur l’eau. Nuit paisible aussi puisque le front occlus qui traverse la Manche d’Ouest en Est, est peu rapide et peu marqué, avec un faible gradient de vent. Et le courant de marée va s’inverser juste après minuit pour le passage de la première bouée anglaise Hand Deeps (Grand Prix GMF Assistance) au large de Plymouth…

Une première Manche…
Au pointage de 16h, la flotte s’étalait sur moins de 3,5 milles en longitudinal, et de (très) petites options se dessinaient déjà puisque les écarts en latéral indiquaient que certains privilégiaient le positionnement plus à l’Ouest, fonçant tout de même droit sur la marque britannique, en se faisant dépaler vers l’Est depuis la renverse du courant de marée en Manche, vers 14h… Et les spinnakers commençaient à fleurir dans une douzaine de nœuds de vent de secteur Ouest ! Jérémie Beyou menait la course avec une poignée de mètres d’avance sur Nicolas Lunven et Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) situé le plus à l’Est du groupe de tête. Les 47 solitaires naviguaient donc à vue puisque le dernier, Nicolas Jossier (Entreprendre en Pays Granvillais) pointait à seulement 3,5 milles du leader…

Cette première traversée de la Manche se présente donc sous de bons auspices, au point que le rythme de « trotter » s’est transformé en « petit galop » à près de 9 nœuds de moyenne ce dimanche après-midi. A 16h, il ne restait qu’une cinquantaine de milles aux leaders pour aborder le phare d’Eddystone, juste avant la première marque britannique à contourner (Hand Deeps). Avec ce tempo, l’approche va se dérouler en tout début de marée montante… Les skippers vont donc devoir empanner et faire route plein Est, avant le courant ! La hiérarchie du lundi matin sera alors révélatrice.


Positions dimanche à 16:00
1. BEYOU Jérémie - BPI à 283.40 nm de l'arrivée
2. LUNVEN Nicolas - GENERALI à 0.10 nm
3. NICOL Jean-Pierre - BERNARD CONTROLS à 0.20 nm
4. ROUXEL Thomas - BRETAGNE-CREDIT MUTUEL PERFORMANCE à 0.20 nm
5. LOISON Alexis - Port Chantereyne Cherbourg-Octeville à 0.60 nm
6. DROUGLAZET Eric - LUISINA à 0.80 nm
7. MORVAN Gildas - CERCLE VERT  à 0.80 nm
8. DUTHIL Frédéric - SEPALUMIC à 0.90 nm
9. TABARLY Erwan - NACARAT à 0.90 nm
10. SVILARICH Etienne - Volkswagen Think Blue à 1,20nm

Source : La Solitaire