Figaro / La première étape incertaine de la Solitaire

La première étape, bien qu’elle soit la plus courte de cette 42ème édition de La Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire, s’annonce comme la plus longue ! 320 milles à parcourir mais dans une brise très faible et surtout avec des courants de marée très importants, au départ, en Manche et le long des côtes anglaises. L’issue est particulièrement incertaine et risque fort d’établir, dès Caen, une hiérarchie très séquencée…

Crédit : Courcoux - Marmara

Après le départ qui sera donné ce dimanche à 11 heures devant la pointe de Ploumanac’h par Mme Nathalie Kosciusko Morizet, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, les 47 Solitaires iront directement virer la bouée « Radio France » située dans le Sud-Ouest de la bouée des « Couillons », soit environ 1,5 milles contre le courant de marée descendante. A noter qu’il s’agira d’un départ « à l’anglaise » : la ligne sera mouillée perpendiculairement à la direction de la bouée et non pas par rapport à l’axe du vent. Autrement dit, les bateaux pourraient s’élancer vent de travers, voire sous spi et non pas au près comme c’est traditionnellement le cas.

Léger changement du parcours prévu initialement : la cardinale « Roche Gautier », dans le Nord-Est de Perros-Guirec a finalement été supprimée. La suite de l’itinéraire reste inchangée par rapport au plan d’origine : traversée de la Manche en laissant les dangers des Triagoz à tribord, en direction des côtes anglaises le long desquelles deux marques seront à laisser à tribord : « Hand Deeps » à l’entrée de la baie de Plymouth puis une centaine de milles plus à l’Est, la bouée de « Fairway » (pointe occidentale de l’île de Wight). Pour finir, ticket retour en Manche en direction de la rade de Caen où sera jugée l’arrivée. Au total, la longueur du parcours est de 320 milles. Les projections donnent les premières arrivées devant Caen mercredi 3 août vers midi. Cette première étape, la plus courte des quatre de cette 42ème édition de La Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire, sera peut-être paradoxalement, la plus longue en mer !

Quatre « cols » à franchir
C’est donc une étape de « montagne » qui se prépare avec un premier « tri » au passage de la première marque de parcours : même si la bouée « Radio France » n’est qu’à un jet de lance-pierre de la ligne de départ (1,5 milles), il va falloir s’extirper tout de suite de la flotte pour longer la plage de Perros-Guirec en profitant d’un souffle d’air très faible, face à un courant de marée conséquent puisqu’au plus fort du jusant. Ceux qui réussiront à enrouler la marque en premier bénéficieront immédiatement d’un « bonus » puisqu’ils seront alors poussés par la marée, facilitant leur sortie entre la pointe de Ploumanac’h et les Sept-Îles. Il faudra toutefois composer avec une brise peu établie de secteur Sud afin de gagner le large.

La traversée de la Manche ne sera pas une sinécure dans une brise variable tournant progressivement à l’Ouest mais avec des bulles sans vent. Le deuxième « col » à franchir sera la pointe de Star Point après avoir viré la bouée mouillée devant Plymouth. Selon l’heure d’atterrissage, il faudra ou non mouiller puisque les coefficients de marée atteindront 101 lundi ! Regroupement général ou a contrario, échappées sont au programme, mais la difficulté sera aussi de choisir son camp entre bord au large des rivages britanniques ou zigzags dans les baies pour profiter des brises thermiques en s’abritant du courant. Le troisième « passage à niveau » se situe une soixantaine de milles plus loin, à Portland Bill : cette pointe est bien connue des navigateurs qui participent à la Fastnet Race puisque nombre d’entre eux ont mouillé plusieurs heures en attendant la renverse de courant, un courant qui atteindra plus de trois nœuds lundi soir…

Enfin, la bouée de « Fairway » n’est pas non plus facile à contourner puisqu’elle se situe à l’entrée du chenal des Needles qui donne sur Cowes : là encore, ce sont plus de trois nœuds de courant qui peuvent faire buter la flotte… Il pourrait donc y avoir des écarts importants suivis de compressions au passage de chacun de ces points névralgiques, et les temps forts auront lieu au lever du jour lundi et en milieu de nuit suivante. La descente vers la Normandie s’avère ensuite moins complexe avec une brise qui devrait s’établir plus régulièrement. Il faut donc imaginer tous les scénarios sur cette première étape qui, quels que soient les résultats, marquera les corps et les esprits puisque trois nuits sont programmées pour seulement 320 milles de course !

Source : La Solitaire