Figaro / Les 400 (bons) coups de Beyou; Delahaye et Tabarly complètent le podium

Jérémie Beyou (BPI) a survolé les deux tiers de cette 42e Solitaire du Figaro, en remportant deux manches très différentes, coup sur coup. Après l’Irlande la semaine dernière, il récidive ce mercredi matin en Vendée. Comme Armel Le Cléac’h l’année dernière, Jérémie semble en apesanteur. Sur cette étape de 477 milles, il en a dominé 400 et réussi autant de petits coups gagnants. Même les coups de tonnerre du final n’ont pas réussi à le déstabiliser. Ses dauphins Delahaye et Tabarly en sont encore pantois. Plus loin dans le classement, certains coureurs ont subi de gros revers. Car cette troisième étape qui n’avait l’air de rien a généré des écarts très importants.

Crédit : Courcoux-Marmara

Orages spectaculaires
C’était une arrivée tonitruante, pour ne pas dire pétaradante. Ce matin, à l’aube, un sacré bel orage s’est invité au milieu des bateaux, d’innombrables éclairs striant le ciel au large de l’île d’Yeu. Pluie, arc en ciel, nuages roses se sont ensuite révélés avec les premiers rayons du soleil, pour accompagner en son et lumière l’arrivée du vainqueur. Jérémie, encore lui, remporte tous les lauriers sur la ligne des Sables d’Olonne. C’est sa cinquième victoire d’étape depuis 1997 et un petit clin d’œil, peut-être, à ce port vendéen qu’il avait quitté il y a trois ans sur son grand 60 pieds sans réussir à y revenir. Un port qu’il aimerait bien retrouver, dans les mêmes circonstances, pour un futur Vendée Globe.

Mais pour l’heure, le skipper de BPI a d’autres chats à fouetter. Sur les pontons de Port Olona, au terme de cette troisième étape où il a tant donné pour rester en tête, il parle avec ses mains et ponctue de longs « pffffffff » des bouts de phrases inachevées. « Je ne boude pas mon plaisir mais je suis cramé (…) Pendant trois jours, je me suis demandé comment rester devant. Ça s’est joué à rien, c’est la petite relance au bon moment, c’est pinailler comme un fou sur les réglages. Et en fait, plus tu avances et moins t’as envie que les mecs te doublent ». Les mecs en question s’appellent Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham), Erwan Tabarly (Nacarat), Thierry Chabagny (Gedimat), Nicolas Lunven (Generali) ou Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) pendant un temps. Tous sont restés dans la roue de BPI sans jamais parvenir à le doubler. « Je n’arrivais pas à tenir la cadence, il allait trop vite » confie Fabien Delahaye. Le jeune normand est sans nul doute l’autre homme fort de cette 42e Solitaire. Vainqueur du premier acte chez lui à Caen, il termine deuxième aux Sables d’Olonne, une place qu’il occupe aussi au classement général provisoire à 34 minutes et 15 secondes de Beyou.

Petites causes et grands effets
Cette troisième manche n’avait l’air de rien. Elle s’est déroulée majoritairement vent de travers, avec un brin de près sur un bord et une dosette de spi le long de la Bretagne, le tout dans un vent medium, toujours suffisant pour avancer. Pas de météo extrême, pas de grandes manœuvres stratégiques, ni de grosse mistoufle – en dehors du départ grand guignolesque en Irlande-. Tout s’est donc joué à gagne-petit, sur des micro-options, des mini transitions à exploiter, du placement, de la vélocité.

Or, ces petits coups, mis bout à bout, ont eu de grands effets. Il y eut de nombreux mouvements d’ascenseur au sein de la flotte. Parmi les gagnants, on trouve entre autres Frédéric Duthil (Sepalumic), Paul Meilhat (Macif 2011), Morgan Lagravière (Vendée) ou encore Xavier Macaire (Starter Active Bridge) qui gagnent tous entre 10 et 30 places pendant la course. Neuvième chez lui, Morgan Lagravière s’est une fois de plus illustré au premier rang des bizuths et s’installe un peu plus confortablement dans le fauteuil de leader au général provisoire dans cette catégorie. Ce jeune homme à la tête bien faite, issu de la voile olympique, semble avoir un bel avenir devant lui.

Deux favoris hors circuit
Dans la liste des « perdants », l’Anglais Phil Sharp (The Spirit of Independence), extrêmement bien placé pendant toute la course, a tout perdu hier soir après s’être pris dans un immense banc d’algues ; plus extrême encore, la régulière dégringolade de Francisco Lobato (Roff) qui termine aux Sables d’Olonne plus de 4 heures derrière le premier. Deux grands favoris se voient écartés, pour ne pas dire éliminés de la course à la victoire finale : Eric Drouglazet (Luisina), trentième, prend 2h31 de débours tandis que Gildas Morvan (Cercle Vert) dont l’option au vent de Belle Ile s’est révélée funeste, accuse 3h et 36 minutes de retard sur BPI ! Paradoxalement, cette étape qui n’avait rien de très spectaculaire, a généré des écarts importants.

A 14h45, soit plus de 6 heures après l’arrivée du premier, il restait encore un concurrent en mer. Il s’agit d’Arnaud Godart Philippe (Senoble). Son bateau a pris la foudre cette nuit, il n’a plus de VHF. Après avoir contacté le sémaphore de Saint Sauveur, il a décidé d’abandonner sur l’étape et de rentrer au moteur… Il est attendu à Port Olona entre 17 et 18 heures…

Classement général (avant jury)
1  BEYOU Jérémie - BPI Arrivé en 184h31'40"
2  DELAHAYE Fabien - PORT DE CAEN OUISTREHAM + 34'15"
3 LUNVEN Nicolas - GENERALI + 40'52"
4 ROUXEL Thomas - BRETAGNE-CREDIT MUTUEL PERFORMANCE + 56'41"
5 TABARLY Erwan - NACARAT + 01h07'24"
6 PELLECUER Laurent - ATELIER D'ARCHITECTURE JEAN PIERRE MONIER + 01h22'07"
7  CHABAGNY Thierry - GEDIMAT + 01h28'28"
8 MARCHAND Anthony - BRETAGNE-CREDIT MUTUEL ESPOIR + 01h32'18"
9 NICOL Jean-Pierre - BERNARD CONTROLS + 01h33'31"
10 *  LAGRAVIERE Morgan - VENDEE + 01h34'06"
Suite du classement ici

Source : La Solitaire