Figaro / Tous au mouillage devant Barfleur, étape raccourcie

Non, ce n’est pas le titre d’un guide touristique sur les plus beaux mouillages du Cotentin. C’est la réalité des 47 solitaires ce matin à 4 heures, à 15 milles au large de Barfleur alors que le vent est nul et le courant traversier de 3 nœuds. Côté position, cette nuit a été celle des grands chamboulements. Et rien, absolument rien n’est acquis à 35 milles de l’arrivée.

Crédit : Courcoux-Marmara

Dure nuit ! Les choses avaient pourtant bien démarré hier en fin d’après-midi après le passage de Fairway en Angleterre : les Solitaires filaient grand train sous spi dans un joli vent d’Ouest. A 19h30, une pétole noire les stoppait dans leur élan. Spi affalés, voiles faseyantes et mer en miroir pendant au moins 2 heures. Puis le vent est revenu, d’abord du Nord puis de l’Est semant la confusion dans le peloton qui empannait à tout va. Vers 3 heures du matin, au large de la pointe du Cotentin, nouvel épisode de calme blanc bien plus problématique cette fois. Car le courant supérieur à 3 nœuds pousse les marins vers la côte. «Les gars sont en train de sortir les pioches. Ils se font aspirer par Barfleur. Ils pourraient en avoir pour 3 heures comme ça en attendant la renverse » commente le Directeur de Course Jacques Caraës. Tous les navigateurs joints à la vacation ce matin étaient au mouillage ou sur le point de s’y mettre.

Une épreuve physique et nerveuse
Le problème, c’est qu’avec un tel « jus », les ancres avaient du mal à « crocher » et que la plupart ont dû s’y reprendre à plusieurs fois. Cela signifie remonter à la seule force des bras le poids de l’ancre, de 15 mètres de chaîne et au moins 60 mètres de bout. Par 45 mètres de fond, c’est une véritable épreuve physique pour les solitaires qui accusent déjà le coup après 65 heures de course et 2 nuits en mer. Mais ils n’ont pratiquement pas le choix s’ils ne veulent pas dériver vers les rochers. A la vacation du matin, Romain Attanasio (Savéol) soulignait ainsi le paradoxe : « celui qui gagnera l’étape est celui qui aura réussi à mettre son ancre ». Certains ont bien anticipé comme Nicolas Lunven (Generali) qui s’était mouillé relativement tôt. D’autres, comme Gildas Morvan (Cercle Vert) tentait plutôt de se laisser glisser vers la terre pour cueillir en premier la renverse de courant vers 8-9 heures ce matin.
Cet ultime épisode scabreux, à 35 milles du finish, est aussi une épreuve pour les nerfs car la hiérarchie au sein de la course est totalement incertaine. Les classements de ce matin ne veulent pas dire grand-chose. Comme souvent sur La Solitaire, cette première étape de 320 milles va se jouer dans les derniers mètres, au large de Caen…Les premiers sont attendus sur la ligne d’arrivée dans l’après-midi.

Réduction de parcours
Au vu des conditions météorologiques très molles et des très forts courants de marée (coefficient 102), la Direction de Course de La Solitaire du Figaro a décidé de raccourcir le parcours de la première étape de 27 milles environ. Les solitaires, une fois contournée la bouée de Cussy au large d’Arromanches, iront directement vers la ligne d’arrivée mouillée devant Ouistreham. L’arrivée prévue des premiers concurrents est programmée à partir de 15h, mais peut être sensiblement retardée selon le vent réel sur le plan d’eau, les bateaux avançant ce mardi matin entre 3 et 5 nœuds, poussés par le courant de marée montante depuis 8h30…

Positions à 10 h 30 :
1. DELAHAYE Fabien - PORT DE CAEN OUISTREHAM à 19.30 nm du but
2. MORVAN Gildas - CERCLE VERT à 0.40 nm
3. NICOL Jean-Pierre - BERNARD CONTROLS à 1.00 nm
4. MACAIRE Xavier - STARTER ACTIVE BRIDGE à 1.20 nm
5. BEYOU Jérémie - BPI à 1.30 nm
6. PELLECUER Laurent - ATELIER D'ARCHITECTURE JP MONIER à  1.50 nm
7. ROUXEL Thomas - BRETAGNE-CREDIT MUTUEL PERFORMANCE à 1.90 nm
8. SHARP Phil - The Spirit of Independence à 2.00 nm
9.LUNVEN Nicolas - GENERALI à 2.30 nm
10. MARCHAND Anthony - BRETAGNE-CREDIT MUTUEL ESPOIR à 2.90 nm
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Source : La Solitaire