VOR / Groupama 4 va très sensiblement ralentir

Avec le front froid qui se déplace très vite sur le 40° Sud, le rythme a pris des tours au point que les 500 milles en 24 heures ont été franchis allégrement. Sur une mer encore maniable, le vent de secteur Nord-Ouest souffle à plus de vingt nœoeuds mais Groupama 4 va être le premier à ralentir quand les hautes pressions vont s'installer à l'arrière du front.

Credit : Y. Riou / Groupama / VOR


« Après une première semaine de course assez dure, nous sommes entrés dans un train-train avec les alizés depuis Fernando de Noronha. Nous sommes quand même frustrés de ne pas naviguer bord à bord pour mieux évaluer le potentiel de Groupama 4. Mais prendre des options fait partie du jeu : parfois on gagne, d'autres fois on perd… Là, ça commence à devenir plus difficile avec le froid qui revient et l'humidité permanente. Nous n'avons pas eu beaucoup de manœuvres à effectuer, ce qui fait que nous ne sommes pas trop fatigués. Nous avons le temps de tester des configurations de voiles, de prendre le rythme du bateau : Groupama 4 est un excellent bateau et nous devrions faire de très bonnes étapes. Je pense aussi que nous avons fait un bon choix de voiles : nous savons qu'à certaines allures débridées dans la brise, le bateau est puissant et vraiment très rapide.» indiquait Charles Caudrelier à la vacation radio de ce jeudi midi.

Un bord très rapide…
Groupama 4 est en tout cas en parfait état après quasiment trois semaines de course, grâce à la remarquable préparation de l'équipe technique et l'équipage peut en exploiter le potentiel sans limite. Pour preuve, les moyennes élevées engrangées ces dernières heures avec des surfs à plus de 25 nœuds et une distance parcourue en 24h de 516 milles. Certes le leader Telefonica a pendant ce temps-là, effectué 533,8 milles et Camper 540,6 milles, mais ces deux équipages bénéficient de meilleures conditions de navigation en étant plus au Sud et plus à l'Est, à l'intérieur du front. Ce dernier va aussi les dépasser d'ici 24h-36h avec toutefois l'avantage sur Groupama 4 de rester plus longtemps accrochés à sa face occidentale dans une brise d'une douzaine de nœuds de Sud-Ouest. Ce vent devrait leur permettre d'atteindre Cape Town sans trop de difficulté ce week-end alors que Franck Cammas et ses hommes devront composer avec un faible régime portant à plus de 800 milles de l'arrivée. D'ailleurs, dès la nuit prochaine, Groupama 4 va très sensiblement freiner dans des brises inférieures à dix nœuds, en bordure des Quarantièmes !

« Le classement de cette première étape ne devrait plus changer : au vu des fichiers météo, nous allons arriver avec pas mal de retard puisque les vents forts vont nous abandonner dans les prochaines heures. Notre décalage va plutôt augmenter. Et je ne pense pas que Camper puisse revenir sur Telefonica, à moins d'une avarie. Actuellement, nous avons depuis 24h entre 20 et 25 nœuds à 130° du vent avec une température en baisse et beaucoup d'humidité dans l'air… Nous rajoutons des couches de polaires, mais il n'y a pas trop d'embruns parce que nous sommes au portant. L'ambiance est grisâtre, avec quelques albatros. A priori, nous allons bientôt ralentir parce que nous allons nous faire avaler par les hautes pressions. Probablement, nous devrons choisir entre replonger au Sud pour attraper une nouvelle dépression ou piquer vers l'arrivée dans des vents faibles : au final, Franck pense prendre une voie intermédiaire pour préserver le matériel puisque nous devrions de toutes façons terminer troisièmes. » analysait le performer de Groupama 4.
Erwan Israël blessé et recousu
Réveillé en sursaut alors qu'il dormait, Erwan Israël s'est blessé à l'arcade sourcilière en se cognant sur un renfort du pont au-dessus de sa couchette. Rien de grave, mais après consultation du médecin officiel de la Volvo Ocean Race, il s'est avéré que deux points de suture étaient la meilleure solution. Mais par 25 nœuds de vent, une mer formée, à haute vitesse, en pleine nuit et sans expérience in situ, le « docteur » Charles Caudrelier assisté par Jean-Luc Nélias et Martin Strömberg, était un peu tendu…

« J'avais un peu d'appréhension, parce que je ne voulais pas lui faire mal. Mais Erwan est un patient courageux ! Heureusement que le bateau ne bougeait pas trop à ce moment-là et que je m'étais entraîné sur des cochons… C'est le premier geste qui est le plus dur, mais une fois commencée, l'opération s'est bien déroulée sans lui faire mal. Cela semble bien se terminer, puisque Erwan est en forme avec une magnifique arcade sourcilière ! Et ça ne s'est pas infecté. J'ai évidemment pensé au Vendée Globe de Bertrand de Broc quand il s'était lui-même recousu la langue… »