Volvo Ocean Race / La bagarre fait toujours rage

Au rythme régulier d'un océan Indien clément, les six Volvo Open 70 avancent au près débridé dans les vents de la mousson. Alors ils s'arrachent la moindre bascule, le moindre avantage. À ce petit jeu, les nuages sont importants : ils apportent les grains, et donc les opportunités.

Credit : H. Hooper/Camper/VOR

Le Sri Lanka est déjà dans leur sillage, mais les concurrents se tiennent toujours dans un carré de 20 milles de côté. Sous grand-voile haute et génois, tous affichent des vitesses similaires - 12 à 13 nœuds de moyenne dans 15 à 16 nœuds de vent de nord-est.

Pour créer l'écart, ils n'ont que deux possibilités : se décaler au nord pour profiter de plus de pression, ou rester au centre en espérant utiliser une bascule à l'est à l'approche du détroit de Malacca.

Hier soir, deux bateaux ont pris la première option en se recalant au vent de la flotte : CAMPER with Emirates Team New Zealand et Telefónica. Opération particulièrement réussie pour le premier, qui a repéré un gros nuage et a su profiter d'une bascule de 60 degrés de vent sans perdre de terrain.

« Hier soir, on a eu quelques averses, » raconte Chris Nicholson, le skipper de CAMPER. « Elles peuvent être bonnes ou mauvaises, mais un des nuages amenait une belle bascule. On a décidé de virer et de naviguer en bordure du nuage où la brise soufflait. Ça nous a simplement permis de nous placer au nord de nos concurrents pour nous donner l'avantage dans les prochains jours. »

« Ça se joue surtout dans les transitions, comme CAMPER dans un grain hier soir, » reconnaît Damian Foxall, chef de quart de Groupama 4. « C'est un travail de vitesse, un travail méticuleux, des angles un peu débridés avec de la vitesse dans les adonnantes. Chaque dizaine de nœuds, chaque petite ado comptent. »

À 13h UTC, le bateau français est toujours en troisième position derrière Mar Mostro, premier, et CAMPER, deuxième. Azzam est quatrième, Telefónica est cinquième, Sanya Lan sixième.

Damian Foxall : « PUMA est un bon lièvre. On va plus vite à deux que tout seul ! Quand on est au contact, ce n'est jamais monotone. Devant, derrière ou à côté : on est naturellement plus exigeants et plus concentrés. Ça nous donne un repère réel. Il faudra être dans le coup lorsqu'il faudra aborder le détroit de Malacca : cela peut être une compression de la flotte comme pour un Pot au Noir ou une échappée en bénéficiant des brises thermiques. La mousson va se tasser sur les montagnes de Sumatra : faudra-t-il passer proche des côtes pour bénéficier des effets thermiques ou s'écarter pour éviter les molles ? Il y en aura pour deux bonnes journées avant de sortir de cet entonnoir : ce ne va pas être facile, même si nous avons un bon bateau pour ces conditions. La question est de savoir si la voile déchirée de Telefonica va le pénaliser… C'est seulement à la sortie de Singapour que des options tactiques plus marquées pourront être prises, quand nous devrons naviguer contre le vent jusqu'en Chine… » concluait le chef de quart de Groupama 4.

Quelque soit leur option, tous sont heureux de pouvoir enfin se comparer - « après quelques jours de course, on a déjà une liste de choses à améliorer à Sanya, » sourit Foxall.

« On a une bonne course contre les autres gars, » confirme Casey Smith, numéro un de Mar Mostro. « Tout le monde se voit plus ou moins, c'est sympa. On a encore 750 milles jusqu'au waypoint (au nord de l'île de Sumatra, NDLR). Il reste de la route. Tout peut se passer ce soir, ça dépend entièrement des grains qui viennent. »

Vidéo du bord de Groupama 4