America's Cup / Dennis Conner et la Coupe : rétro

Le 4 février 1987 restera gravé dans la mémoire de ceux qui profitèrent d’un été inoubliable, ensoleillé et plein de divertissements lors de l’America’s Cup à Fremantle. A tel point que beaucoup considèrent désormais cette 26ème édition comme la plus mémorable et la plus appréciée de tous. Ce fut le jour où Dennis Conner et son équipage prouvèrent qu’ils étaient invincibles. L’auteur et historien renommé de l’America’s Cup, Bob Fisher, se remémore la 26ème édition de 1987 ainsi que l’historique victoire de Dennis Conner et son équipe…

Credit : G. Martin-Raget


Au début de cet été-là, de nombreux moments de doute remettaient alors en cause leur suprématie qui n’était pas encore évidente. Il ne s’agissait pas tant des trois premiers rounds robin durant desquels ils s’inclinèrent face au New York YC à bord d’America II, mais lors du round suivant au cours duquel ils perdirent quatre courses sur onze. Pendant le troisième round, Stars & Stripes s’imposa face aux deux équipes qui étaient précédemment en tête du classement lors du deuxième round, Canada II et America II, mais l’équipage mené par Conner s’inclina ensuite face à l’USA radical de Tommy Blackaller puis face aux quasi-invincibles Kiwis à bord du KZ7 en fibre de verre, qui survolèrent la compétition cet été-là avec un score record de 33 à 1.

Les nombreuses améliorations effectuées à bord de Stars & Stripes en raison des fortes conditions rencontrées jours après jours, jouèrent un rôle essentiel. En effet, l’intensité du “Fremantle Doctor”, le nom de la brise thermique de la zone ne cessait de se renforcer. DC et ses conseillers, qui avaient étudié ces conditions, préparaient le bateau à chaque fois pour faire face à la mer forte et aux coups de vents : leur entraînement à Hawaii avait été très bénéfique et cela avait joué un rôle essentiel en matière de préparation de l’équipage désormais capable de gérer ces conditions.

Vers le 13 janvier, des doutes avaient également été émis concernant le potentiel de Stars & Stripes. Pouvaient-il battre les Kiwis (désormais 37 à 1 après s’être imposés face à French Kiss lors des demi-finales) lors de la finale de la Louis Vuitton Cup ? Conner contre Dickson – 13 ans d’expérience en 12-Mètre J contre à peine 13 mois – sans commentaire. K27 remporta une seule course contre de Stars &Stripes, pour cause d’avarie à bord de ce dernier, et qui fut mémorable grâce au dernier bord de près, au cours duquel les bateaux avaient enchaînés pas moins de 55 virements sur une distance d’un peu plus de 3 milles.

Alors que KZ7, pour céder à des pressions politiques, dû aider le defender Kookaburra III à se préparer pour le match, Conner lorgna sur la garde-robe des autres syndicats américains, à la recherche de tout ce qui pourrait optimiser leur vitesse – il parvint même à obtenir deux grand-voiles de son grand rival Tom Blackaller et quelques spinnakers de petit temps d’America II. Ils remuèrent ciel et terre pour maximiser la vitesse de Stars &Stripes.


Dickson révéla ensuite en privé qu’il n’imaginait aucun obstacle barrer la route de Conner vers la victoire – il avait découvert que KZ7 était plus performant à tous les niveaux que Kookaburra III, mais cette information n’était pas disponible au grand public même si elle était suspectée par beaucoup. Iain Murray et son barreur de départ, Peter Gilmour, n’allaient pas tarder à découvrir la vérité.

Stars &Stripes était un “bombardier” et leur bateau était un “guerrier” – le type de modèle conçu pour aller vite sur des lignes droites, l’autre pour des batailles tactiques. Et à bord, alors que Dennis dictait la stratégie, en évitant soigneusement les attentions de Gilmour lors des procédures de départs, pour positionner Stars &Stripes en direction du bord le plus favorable sur le parcours puis pour neutraliser son adversaire, Murray restait sans réponse. Stars & Stripes n’a jamais été mené à la première marque.

A partir de ces positions, DC et son équipage étaient capables de creuser leur avance et de remporter, souvent largement en tête, chaque course – le delta le plus court fut de 1 minute et 10 secondes. L’America’s Cup était sur le chemin du retour en direction des Etats-Unis.

Durant cet été, la foule se réunissait à l’entrée du Challenger Harbour pour regarder les compétiteurs et lors des derniers jours de courses, des drapeaux australiens flottaient partout. Mais ceci n’était qu’une impression globale et parmi les spectateurs venus en masse, alors que les vainqueurs rentraient au port, une banderole proclamait : “Bravo Dennis, bâtard va !”

Source : America's Cup