Après un petit parcours préliminaire de deux tours devant Kiel, les cinq MOD70 se sont élancés au grand galop plein Nord dans une belle brise de secteur Sud-Ouest et le rythme s’est franchement accéléré ! Ce tempo va encore monter d’un cran jusqu’au milieu de la nuit quand les premiers vont aborder le détroit de Skagerrak. ITW des marins avant le départ cet après-midi.
Franck Cammas (Race for Water) : « un jeu très ouvert »
« Sur ce parcours, on sera déjà content le lendemain matin lorsque nous aurons passé la partie la plus difficile en termes de navigation, d’instabilité et de force de vent après le détroit de Skagerrak : le vent va monter progressivement avec des effets de côte assez brutaux ce qui n’est jamais agréable avec ce type de bateau ! Nous devrions avoir jusqu’à plus de trente nœuds au passage de la pointe Nord du Danemark… Nous serons dans une mer très chaotique et il faudra effectuer au moins un virement, voire plusieurs ce qui n’est jamais facile : on ne va pas beaucoup dormir la nuit prochaine avec toutes ces bouées à respecter, les cargos, les côtes, les éoliennes.
Puis en mer du Nord, le vent va mollir mais nous serons toujours au près : moins de vent certes, mais toujours une mer hachée et des plateformes pétrolières et champs d’éoliennes qui ne sont pas toujours indiqués sur les cartes. Il faudra être en permanence aux aguets parce qu’il y aura plein de petits coups tactiques à faire. Il y aura donc beaucoup de près, sauf dans la deuxième partie de la Manche : le jeu sera donc très ouvert et il faudra aller vite surtout au louvoyage.
On ne peut pas rester groupés avec ce type de bateau contrairement aux Figaro : sur une petite rotation de vent, les gains et les pertes sont très importants en multicoque et on peut se perdre de vue assez vite. Il pourrait y avoir jusqu’à vingt milles et plus d’écart, ce qui sur ces MOD70 ne représente pas grand-chose ! Rien ne sera fait en mer d’Irlande puisqu’il y a une zone de calmes avant Dun Laoghaire : il y aura parfois moins de cinq nœuds de vent… C’est un peu un format Figaro, mais nous serons en équipage ! Il y aura beaucoup de manœuvres et peu de temps mort. »
Charles Caudrelier (FONCIA) : « des pièges à chaque transition »
« Il y a beaucoup de transition, à chaque passage, à chaque changement de mer. Et on est très limité dans les options parce qu’il y a de nombreuses côtes, des dispositifs de réglementation du trafic maritime, des plateformes, des éoliennes. Mais je pense que la course va plutôt se jouer en mer d’Irlande parce qu’il y aura une bulle anticyclonique à traverser avec des vents très faibles : il pourrait y avoir un gros regroupement et le premier à s’en sortir aura un net avantage… Mais toutes ces côtes à négocier réservent toujours beaucoup de surprises avec des vents thermiques, du courant de marée : ce sera une navigation très intéressante !
A ces quatre mers correspondent quatre systèmes météorologiques différents : le schéma général indique du vent frais portant pour sortir de la Baltique, du près mollissant pour la mer du Nord, du travers modéré pour la Manche et du près dans la pétole en mer d’Irlande… Beaucoup de transitions où il se passe toujours plein de choses. Il y aura donc un peu toutes les allures, pas beaucoup de brise sauf au départ : c’est une première étape de stratégiste plus que de vitesse pure. Nous sommes en plus limités par les côtes et les bouées à respecter, mais le terrain de jeu s’élargit en mer d’Irlande. Il faudra compter au moins trois jours et demi, mais on ne connaît pas encore bien les performances des MOD70 dans le petit temps et il va falloir adapter les polaires, donc les routages… C’est une bonne découverte ! »
Jean-François Cuzon (Musandam-Oman Sail) : « un couloir limitant »
« Nous allons affronter quatre zones différentes en termes de navigation. Il y a en sus la proximité des côtes et cela est particulièrement vrai pour la première partie vers le Nord du Danemark : la zone est assez étroite, avec des reliefs et donc des vents perturbés de secteur Sud-Ouest qui vont nous faire sortir assez vite. En abordant la mer du Nord, nous aurons plus d’air avec de l’Ouest, donc du louvoyage avec de la mer, avant une descente vers le Pas de Calais rapide approximativement vent de travers dans une brise qui va faiblir. Nous allons vers une dorsale et il faudra batailler dans du vent mou au large de la Belgique. Une fois en Manche, où le vent restera faible jusqu’à la pointe Ouest de l’Angleterre, il faudra se préparer à la remontée en mer d’Irlande, où inhabituellement, la brise de Nord sera légère jusqu’à Dun Laoghaire.
C’est une étape assez longue puisque nous tablons sur trois jours et demi, mais très intéressante parce qu’il y a beaucoup de coups à faire. Certes il y a un couloir avec des zones de trafic maritime à respecter, mais avec ces bateaux, les différences de vitesse peuvent être importantes en fonction de la trajectoire ou d’une bouffée d’air. Les écarts ne seront pas très importants mais les choix tactiques différents. La course va se jouer sur des placements à des moments névralgiques : il n’y aura pas de gros gains et il faudra jouer gagne petit sur un beau terrain de jeu… »
Pascal Bidégorry (Spindrift racing) : « Se focaliser sur la régularité »
« C’est une étape en plusieurs phases : pour le départ dimanche, nous allons partir au vent portant dans une brise qui va monter et au fil des milles et des îles, puis on va se retrouver au vent de travers pour terminer au près au Nord du Danemark. Après une longue descente, de nouveau du près pour entrer en Manche avec de moins en moins de vent. Le fait d’avoir mis beaucoup de bouées et de portes à respecter pour s’écarter du trafic maritime, va réduire les opportunités : nous allons être souvent canalisés ce qui limite les possibilités d’options marquées. Du moins jusqu’à Land’s End puisque la mer d’Irlande nous offre plus d’ouverture. Et en plus quand on voit les fichiers météo prévus dans le canal Saint-Georges, on comprend que rien ne sera acquis ! Il faudra compter sur quatre jours de mer…
Il y aura plein de petits coups à faire mais l’étape ne sera ni gagnée, ni perdue même très peu de temps avant l’arrivée. Il y aura très peu de vent portant à l’exception de la Manche et il sera souvent mou. C’est une navigation pointue car si la vitesse est importante, le placement sera capital : il faut s’attendre à des retournements de situation, à des retours spectaculaires et des échappées éphémères. On touche à la micro-météo ! Avec en plus des coefficients de marée qui ne sont pas négligeables… Il faudra être patient et précis sur cette étape qui s’annonce comme la plus longue en temps de course : l’objet est avant tout d’être régulier, sur ce parcours comme sur ce MOD70 European Tour. »
Antoine Koch (Groupe Edmond de Rothschild) : « deux bulles à traverser »
« Il y a surtout deux zones dangereuses qui vont séparer cette étape en trois parties : par deux fois, nous allons devoir traverser des bulles anticycloniques. Actuellement, une grande dorsale s’étend de la Bretagne à l’Allemagne et elle va être cassée en deux morceaux par la dépression (ex-tropicale Kirk) qui nous a fermé la voie du Nord par les Shetland. Il va donc falloir franchir cette petite cellule de hautes pressions, ce qui rend ce passage compliqué au niveau du Pas de Calais. C’est en plus là où les courants de marée sont les plus forts, où il y a un rétrécissement et beaucoup de trafic maritime ! Un gros passage à niveau. Mais rien ne sera joué pour autant : il y a une deuxième zone d’incertitude que nous ne pouvons pas encore positionner exactement, quelque part entre Land’s End et la pointe de l’Ecosse, vraisemblablement à l’entrée de la mer d’Irlande. Une zone à haut risque tactique.
En fait, il faudra déjà bien gérer la première partie avec un bon compromis vitesse-sécurité surtout que ce ne sera pas un moment décisif sur l’étape, mais une phase assez intense pour les navigateurs… A la pointe Nord du Danemark, nous aurons plus de trente nœuds de vent mais surtout une mer avec pleine de ressac ! Il faudra faire attention pendant quelques heures avant d’attaquer tout de suite après pour la descente vers la Hollande. A contrario de la Krys Ocean Race, ce ne sera pas une course de vitesse pure puisque tout le monde va buter sur ces zones de transition. Il est donc difficile de prévoir une heures d’arrivée mais on va passer trois nuits en mer, comme pour une Solitaire du Figaro avec un rythme de quart très variable. Ce sera le même genre de stratégie rapprochée… »
A noter : Le parcours préliminaire d’une vingtaine de minutes couru à Kiel juste avant le départ attribuait des points bonus aux plus incisifs des équipages :
Classement à l’issue du parcours préliminaire de Kiel
1-FONCIA (Michel Desjoyeaux) 3 points
2-Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) 2 points
3-Spindrift racing (Yann Guichard) 1 point
Source : European Tour
Credit : V.Curutchet
Franck Cammas (Race for Water) : « un jeu très ouvert »
« Sur ce parcours, on sera déjà content le lendemain matin lorsque nous aurons passé la partie la plus difficile en termes de navigation, d’instabilité et de force de vent après le détroit de Skagerrak : le vent va monter progressivement avec des effets de côte assez brutaux ce qui n’est jamais agréable avec ce type de bateau ! Nous devrions avoir jusqu’à plus de trente nœuds au passage de la pointe Nord du Danemark… Nous serons dans une mer très chaotique et il faudra effectuer au moins un virement, voire plusieurs ce qui n’est jamais facile : on ne va pas beaucoup dormir la nuit prochaine avec toutes ces bouées à respecter, les cargos, les côtes, les éoliennes.
Puis en mer du Nord, le vent va mollir mais nous serons toujours au près : moins de vent certes, mais toujours une mer hachée et des plateformes pétrolières et champs d’éoliennes qui ne sont pas toujours indiqués sur les cartes. Il faudra être en permanence aux aguets parce qu’il y aura plein de petits coups tactiques à faire. Il y aura donc beaucoup de près, sauf dans la deuxième partie de la Manche : le jeu sera donc très ouvert et il faudra aller vite surtout au louvoyage.
On ne peut pas rester groupés avec ce type de bateau contrairement aux Figaro : sur une petite rotation de vent, les gains et les pertes sont très importants en multicoque et on peut se perdre de vue assez vite. Il pourrait y avoir jusqu’à vingt milles et plus d’écart, ce qui sur ces MOD70 ne représente pas grand-chose ! Rien ne sera fait en mer d’Irlande puisqu’il y a une zone de calmes avant Dun Laoghaire : il y aura parfois moins de cinq nœuds de vent… C’est un peu un format Figaro, mais nous serons en équipage ! Il y aura beaucoup de manœuvres et peu de temps mort. »
Charles Caudrelier (FONCIA) : « des pièges à chaque transition »
« Il y a beaucoup de transition, à chaque passage, à chaque changement de mer. Et on est très limité dans les options parce qu’il y a de nombreuses côtes, des dispositifs de réglementation du trafic maritime, des plateformes, des éoliennes. Mais je pense que la course va plutôt se jouer en mer d’Irlande parce qu’il y aura une bulle anticyclonique à traverser avec des vents très faibles : il pourrait y avoir un gros regroupement et le premier à s’en sortir aura un net avantage… Mais toutes ces côtes à négocier réservent toujours beaucoup de surprises avec des vents thermiques, du courant de marée : ce sera une navigation très intéressante !
A ces quatre mers correspondent quatre systèmes météorologiques différents : le schéma général indique du vent frais portant pour sortir de la Baltique, du près mollissant pour la mer du Nord, du travers modéré pour la Manche et du près dans la pétole en mer d’Irlande… Beaucoup de transitions où il se passe toujours plein de choses. Il y aura donc un peu toutes les allures, pas beaucoup de brise sauf au départ : c’est une première étape de stratégiste plus que de vitesse pure. Nous sommes en plus limités par les côtes et les bouées à respecter, mais le terrain de jeu s’élargit en mer d’Irlande. Il faudra compter au moins trois jours et demi, mais on ne connaît pas encore bien les performances des MOD70 dans le petit temps et il va falloir adapter les polaires, donc les routages… C’est une bonne découverte ! »
Jean-François Cuzon (Musandam-Oman Sail) : « un couloir limitant »
« Nous allons affronter quatre zones différentes en termes de navigation. Il y a en sus la proximité des côtes et cela est particulièrement vrai pour la première partie vers le Nord du Danemark : la zone est assez étroite, avec des reliefs et donc des vents perturbés de secteur Sud-Ouest qui vont nous faire sortir assez vite. En abordant la mer du Nord, nous aurons plus d’air avec de l’Ouest, donc du louvoyage avec de la mer, avant une descente vers le Pas de Calais rapide approximativement vent de travers dans une brise qui va faiblir. Nous allons vers une dorsale et il faudra batailler dans du vent mou au large de la Belgique. Une fois en Manche, où le vent restera faible jusqu’à la pointe Ouest de l’Angleterre, il faudra se préparer à la remontée en mer d’Irlande, où inhabituellement, la brise de Nord sera légère jusqu’à Dun Laoghaire.
C’est une étape assez longue puisque nous tablons sur trois jours et demi, mais très intéressante parce qu’il y a beaucoup de coups à faire. Certes il y a un couloir avec des zones de trafic maritime à respecter, mais avec ces bateaux, les différences de vitesse peuvent être importantes en fonction de la trajectoire ou d’une bouffée d’air. Les écarts ne seront pas très importants mais les choix tactiques différents. La course va se jouer sur des placements à des moments névralgiques : il n’y aura pas de gros gains et il faudra jouer gagne petit sur un beau terrain de jeu… »
Pascal Bidégorry (Spindrift racing) : « Se focaliser sur la régularité »
« C’est une étape en plusieurs phases : pour le départ dimanche, nous allons partir au vent portant dans une brise qui va monter et au fil des milles et des îles, puis on va se retrouver au vent de travers pour terminer au près au Nord du Danemark. Après une longue descente, de nouveau du près pour entrer en Manche avec de moins en moins de vent. Le fait d’avoir mis beaucoup de bouées et de portes à respecter pour s’écarter du trafic maritime, va réduire les opportunités : nous allons être souvent canalisés ce qui limite les possibilités d’options marquées. Du moins jusqu’à Land’s End puisque la mer d’Irlande nous offre plus d’ouverture. Et en plus quand on voit les fichiers météo prévus dans le canal Saint-Georges, on comprend que rien ne sera acquis ! Il faudra compter sur quatre jours de mer…
Il y aura plein de petits coups à faire mais l’étape ne sera ni gagnée, ni perdue même très peu de temps avant l’arrivée. Il y aura très peu de vent portant à l’exception de la Manche et il sera souvent mou. C’est une navigation pointue car si la vitesse est importante, le placement sera capital : il faut s’attendre à des retournements de situation, à des retours spectaculaires et des échappées éphémères. On touche à la micro-météo ! Avec en plus des coefficients de marée qui ne sont pas négligeables… Il faudra être patient et précis sur cette étape qui s’annonce comme la plus longue en temps de course : l’objet est avant tout d’être régulier, sur ce parcours comme sur ce MOD70 European Tour. »
Antoine Koch (Groupe Edmond de Rothschild) : « deux bulles à traverser »
« Il y a surtout deux zones dangereuses qui vont séparer cette étape en trois parties : par deux fois, nous allons devoir traverser des bulles anticycloniques. Actuellement, une grande dorsale s’étend de la Bretagne à l’Allemagne et elle va être cassée en deux morceaux par la dépression (ex-tropicale Kirk) qui nous a fermé la voie du Nord par les Shetland. Il va donc falloir franchir cette petite cellule de hautes pressions, ce qui rend ce passage compliqué au niveau du Pas de Calais. C’est en plus là où les courants de marée sont les plus forts, où il y a un rétrécissement et beaucoup de trafic maritime ! Un gros passage à niveau. Mais rien ne sera joué pour autant : il y a une deuxième zone d’incertitude que nous ne pouvons pas encore positionner exactement, quelque part entre Land’s End et la pointe de l’Ecosse, vraisemblablement à l’entrée de la mer d’Irlande. Une zone à haut risque tactique.
En fait, il faudra déjà bien gérer la première partie avec un bon compromis vitesse-sécurité surtout que ce ne sera pas un moment décisif sur l’étape, mais une phase assez intense pour les navigateurs… A la pointe Nord du Danemark, nous aurons plus de trente nœuds de vent mais surtout une mer avec pleine de ressac ! Il faudra faire attention pendant quelques heures avant d’attaquer tout de suite après pour la descente vers la Hollande. A contrario de la Krys Ocean Race, ce ne sera pas une course de vitesse pure puisque tout le monde va buter sur ces zones de transition. Il est donc difficile de prévoir une heures d’arrivée mais on va passer trois nuits en mer, comme pour une Solitaire du Figaro avec un rythme de quart très variable. Ce sera le même genre de stratégie rapprochée… »
A noter : Le parcours préliminaire d’une vingtaine de minutes couru à Kiel juste avant le départ attribuait des points bonus aux plus incisifs des équipages :
Classement à l’issue du parcours préliminaire de Kiel
1-FONCIA (Michel Desjoyeaux) 3 points
2-Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) 2 points
3-Spindrift racing (Yann Guichard) 1 point
Source : European Tour