Doublure de François Cluzet, Yann Riou se met au cinéma

Il a tellement bien raconté l’aventure victorieuse de Groupama sailing team lors de la précédente Volvo Ocean Race qu’il travaille maintenant sur le tournage d’un long métrage nautique. De la course au large au monde du cinéma, Yann Riou nous parle de son nouveau boulot.

Projet complètement nouveau pour Yann Riou, qui découvre le cinéma.
Credit : Groupama/VOR

De retour en France après avoir remporté la Volvo Ocean Race avec Groupama, l’équipier média breton a rejoint l’équipe de tournage d’"En Solitaire", un long métrage dont l’histoire se base sur le Vendée Globe.

« Le tournage a commencé lundi dernier, » nous explique Yann Riou. « C’est une grosse production avec un réalisateur et un chef opérateur qui ont un nom dans le cinéma français, une belle affiche avec François Cluzet, Guillaume Canet et Virginie Efira. On tourne toutes les scènes de zones tempérées et de mauvais temps au mois d’octobre à Lorient, puis on va partir aux Sables d’Olonne profiter du départ du vrai Vendée Globe pour tourner l’arrivée du film. On ira ensuite aux Canaries pour les images des zones tropicales. »

Quel est le rôle exact de Riou, 38 ans, ingénieur en électronique de formation et marin d’expérience ? Il fait avancer le bateau (un 60 pieds IMOCA dessiné pour le précédent Vendée Globe), s’occupe de l’électronique du bord et tourne le "making-of". Il est aussi la doublure de Cluzet.

« Normalement, ils sont 25 à 50 personnes à tourner mais comme on est sur un bateau, l'équipe est réduite et il faut être plus polyvalent. On a chaque jour une petite réunion avec le skipper du bateau, l’Espagnol Alex Pella, le réalisateur du film Christophe Offenstein et son premier assistant. Il faut adapter les besoins du film à la météo : s’ils veulent tourner une séquence de tempête dans le Grand Sud, par exemple, on regarde si c’est possible selon les conditions.  Il faut aussi manœuvrer et naviguer, ce qui me fait du bien car je ne l’ai pas fait pendant la Volvo Ocean Race. Je fais la navigation et m’occupe de l’électronique, sachant qu’à bord il y a deux tables à carte – celle du bateau et celle du film. Du coup, tu peux être à 500 mètres de Lorient et par 45°S dans le Pacifique ! »

Le marin s’adapte au cinéma, mais ses nouveaux collègues aussi doivent s’habituer à l’environnement maritime.

« Une dépression est passée sur la Bretagne et on a eu beaucoup de vent les trois premiers jours, » raconte Riou. « En plein tournage de séquence, on a même eu une rafale à 37 nœuds ! On a réussi à tourner mais ça s’est fait dans la douleur pour une grande partie de l’équipe de tournage. Sur le bateau, à peu près tout le monde a été malade au moins une fois. À priori, tout oppose le monde du cinéma et de la course au large mais il y a pas mal de passerelles : des horaires élastiques, le facteur humain propre aux équipes de tournage et aux équipages, … Le réalisateur est un peu comme un skipper, le chef opérateur est celui qui barre et les assistants les régleurs. »

Dans cet équipage d’un nouveau genre, Riou joue toujours le rôle d’équipier média puisqu’il enregistre le "making of" – des séquences de deux minutes qui raconteront le tournage. Et doublure nautique de Cluzet oblige, il n’a plus le droit de se raser ou d’aller chez le coiffeur.

« Je ne ressemble à rien et pour le moment, Cluzet a fait toutes les scènes lui-même, » avoue-t-il en rigolant. « Mais je suis très content. Après la Volvo Ocean Race, tu peux avoir un peu de déprime post-événement. Tu es content de te reposer pendant les premières semaines puis, au bout d’un moment, tu trouves que ton téléphone ne sonne pas assez. Ça m’est déjà arrivé. Là, j’ai trouvé un projet qui n’est pas aussi prenant que la Volvo, mais qui est complètement nouveau. »