ITW / Première journée en mer, les marins du Vendée Globe racontent

Les marins du Vendée Globe sont en mer depuis une journée. Ce midi, ils racontaient lors de la vacation quotidienne leurs premières heures en mer quand d'autres prenaient la plume. Pour tous, peu (voire pas) de sommeil, un énorme plaisir d'être enfin en mer et la magie du départ.

Petite frayeur pour Arnaud Boissières, après avoir tapé une bille de bois sur les safrans.
Credit : JM Liot/DPPI

Vincent Riou (FRA, PRB), 2è :
« Ça va bien à bord de PRB. Je suis au niveau de La Corogne, on a pas mal de vent mais on fait route vers le cap Finisterre que l’on devrait contourner en fin de journée. La nuit a été mouvementée, plein de grains, plein de bazar, il a fallu bosser un peu ! Il y a eu beaucoup de bascules en début de nuit mais j’ai pu dormir en deuxième partie de nuit. La mise en jambes n’a pas été trop difficile pour le moment. Nous avons eu pas mal de boulot, puis dès que l’angle s’est un peu ouvert, il a fallu faire décoller le bateau. On n’a pas eu trop le temps de réfléchir, tout s’est bien établi, il était temps d’aller faire les premières siestes. La journée va être longue et la nuit prochaine aussi. »

Kito de Pavant (FRA, Groupe Bel), 12è :
« Il y a encore du vent, je suis à peu près au nord ouest de l’Espagne. Je n’ai pas dormi de la nuit car les conditions étaient très, très changeantes avec des rafales quasiment en permanence. Par contre j’ai mangé sans problème. Je suis nickel, il me manque juste un peu de sommeil. Je suis proche d’ACCIONA et de Mirabaud, on devrait avoir du vent encore fort pour rester au portant.
Mon dernier Vendée Globe s’était écourté rapidement, il me reste encore quelques heures pour battre mon record de durée! »

Mike Golding (GBR, Gamesa), 10è :
« Ça va plutôt bien. J’ai pu manger et je pense passer le Cap Finisterre d’ici trois ou quatre heures, pour mettre le cap au sud. Je suis un peu déçu de ne pas être mieux classé, j’ai du mal à comprendre cet écart avec les autres. Il va falloir choisir le bon moment pour virer et la situation météorologique qui s’annonce va être un peu plus compliquée que prévu, ce qui va permettre à certains d’entre nous de faire la différence. Je ne savais pas que Marc avait abandonné, je suis vraiment triste pur lui. Je sais qu’il va être terriblement déçu, mais au moins il n’est pas blessé. »

Bertrand de Broc (FRA, Votre Nom autour du Monde), a repris la mer depuis quelques heures : 
« Ca ne va pas mal, on a repris le chemin de la navigation. Les conditions ne sont pas très simples avec de petits grains qui peuvent passer de 10 à 21 nœuds. On va avoir des conditions difficiles pendant 24h avec des vents capricieux et assez forts. Les réparations sur Votre Nom autour du Monde ont été rapides, on a environ 12h de retard mais la route est longue, tout est parfait maintenant.
Avec Marc, on a dû se croiser en face du chenal. C’est bien malheureux, on s’était donné rendez-vous dans le Sud avec lui. C’est une déception, il avait préparé ça depuis 4 ans et ça s’arrête un peu rapidement. Je lui souhaite du courage. Les réparations sur Votre Nom autour du Monde ont été rapides, on a environ 12h de retard mais la route est longue, tout est parfait maintenant. »

Messages envoyés par les skippers : 
François Gabart, 1er à 16 h :
"Ouaaaahhhh!!!! Quel moment LE départ du Vendée Globe!!! :-) C'est indescriptible tellement c'est fort en émotion, en sensation !!! La magie a opéré. J'en reste encore scotché. Merci à vous tous, présents par milliers, sur les quais, autour du chenal, derrière vos TV et ordinateurs. C'est grâce à vous, grâce à la frénésie autour de ce départ, que l'évènement est grandiose et restera pour moi un moment à jamais gravé dans ma mémoire!
Départ un peu trop tôt. C'est normal, c'est la régate ! Pas très grave, on revient tout de suite, et ça repart. La route est encore longue.... Depuis, Macif glisse plutôt bien. La nuit est plutôt simple même si le vent est très instable et demande un peu d'attention si on veut aller vite."

Sam Davies, 15e :
"Bonjour à tous!
Eh bien, le Golfe de Gascogne a été relativement « sympa » avec nous!!
Nous n’avons pas eu les 58 nœuds rencontrés lors des 48 premières heures de course de la dernière édition du Vendée Globe cependant, nous avons eu une série de gros grains et le vent nous a livré toutes ses forces, de 7 à 45 nœuds (dans le plus fort du grain).
Donc, comme vous pouvez l'imaginer, il est difficile d'obtenir la meilleure combinaison de voiles possible.
Je la joue sécurité en gardant la voile la plus petite avec toujours le risque de nouveaux grains.
La vie à bord est un peu humide, Savéol alterne entre le sous-marin, travers aux vagues géantes ou bien la cabine de douche avec une pluie torrentielle glacée!
Le temps de repos est limité car je suis constamment en train de régler les voiles pour suivre ces conditions instables avec aussi un œil sur le trafic!
Mais il est vraiment très agréable d'être ici avec autour de moi quelques concurrents. J’espère aussi avoir le plaisir de voir le Cap Finisterre plus tard dans la journée."

Tanguy de Lamotte, 17è :
« J’en ai pris plein les yeux, les gens criaient mon nom, faisaient le signe du cœur, c’était surnaturel ! J’ai envie d’être à la hauteur pour tous les gens qui m’ont encouragé et pour l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque ».

Arnaud Boissières, 9e :
"Il fait bien humide. Première nuit, première petite frayeur. Je pense avoir tapé une bille de bois sur les safrans mais tout va bien. Je suis triste de voir Marco rentrer au port, je l’ai vu se coucher sur l’eau puis s’arrêter… Courage Marco !  ça tape, ça cogne mais la houle semble se ranger de mieux en mieux. J’ai de la compagnie avec Maître CoQ sous mon vent et Gamesa juste derrière. »

Source : Vendée Globe