ITW / Bernard Stamm à fond sur son plan K, hommes et bateaux malmenés

Toujours installé en quatrième position, Bernard Stamm profite du gros potentiel de son plan Kouyoumdjian pour avaler les milles depuis plus de 24 heures. Il a ainsi réduit considérablement le nombre de milles le séparant du trio de tête. 70 milles seulement derrière le leader, il fait incontestablement partie du groupe des meneurs. Pour le groupe de devant, des conditions dures qui malmènent les hommes et leurs bateaux.


Bernard Stamm exploite à fond son puissant bateau et revient dans le match.
Credit : B.Stamm/Cheminées Poujoulat

La carte postale
 "C'est animé. On est au portant, juste devant un petit front ce qui fait qu'on est régulièrement baigné de mètres cube d'eau qui nous passent dessus. Là ça glisse. Il y a eu des moments, quand le vent est rentré, où la mer était très chaotique et le bateau faisait des sauts de vagues. C'était impressionnant ! On avait l'impression qu'il se disloquait à chaque descente de vague. Il fait encore beau mais ça ne va pas durer. Quand le front va passer, il devrait y avoir de la pluie et de la grisouille. Après on sera derrière ce front avec du vent fort et du coup ça va continuer à aller vite et dans le mauvais temps ".

Les Douze Travaux d'Hercule
"Ces dernières 24 heures, il y a eu changement de voiles, des empannages et du coup quand on dit changement de bord, on dit matossage. Il y a un truc qui est bien, c'est que les voiles sont en grande partie sur le pont, sauf que quand le pont est baigné de flotte, elles pèsent toutes 100 kilos. Ce sont les Douze Travaux d'Hercule ! Le bateau ça va, il y a deux trois bricoles qu'il faudrait que je finisse de réparer quand ce sera plus stable, plus facile. Le portant c'est une allure où le bateau peut rouler. J'arrive à me nourrir, ce n'est pas trop difficile, ça prend moins de temps. Par contre, dormir c'est plus compliqué. Cette nuit ce n'était pas facile. On est toujours un peu en alerte quand le bateau approche les limites. Il faut qu'on trouve des moments où le bateau va vite plus facilement ".

Régate à l'échelle du globe
"C'est fou, les bateaux sont très proches. Après il y a un rythme qui est donné par la course qui fait que les bateaux se maintiennent un peu ensemble. Quand il y en a un qui booste, les autres essaient de revenir et après l'inverse. Ce qui est difficile, c'est de voir partir les autres. Là c'est bien, j'ai pu recoller un petit peu. Mais quand on est derrière ce n'est pas très bon. On ne sait pas quand les autres vont nous dire au-revoir ".

La suite
" Pour l'instant il y a une stratégie pour la porte parce qu'il y a un bel anticyclone dessus. Il faut essayer de trouver l'endroit pour passer. Il pourrait y avoir des écarts mais il faut aller la chercher, c'est comme ça !"

Ils ont dit
François Gabart :"La journée d’hier a été super dure"
« C’est sport, il y a beaucoup de vent. Pour le moment, je n’ai pas eu beaucoup à manœuvrer. Je ne me plains pas, j’ai pas mal dormi cette nuit et je me suis bien reposé. C’est la journée d’hier qui a été super dure. Paradoxalement, je m’attendais à passer la dorsale facilement et j’en ai vraiment bavé car le vent était vraiment instable. Ca tournait dans tous les sens : je suis passé au près, au portant, dans la pétole, dans les grains parfois, ça rentrait et il y avait 20 nœuds. Donc j’ai beaucoup manœuvré et j’en ai bien bavé, ça m’a pas mal fatigué mais heureusement cette nuit, j’ai pu dormir. Ce matin, j’essaie de me reposer aussi. C’est plutôt des conditions sympas en ce moment même si ça va vite et qu’il faut être vigilant. Ce ne sont pas forcément les journées les plus dures. »

Jean Le Cam :"38 noeuds, tu en rigoles après, mais pas pendant"
« Ca a été la nuit de tous les records je crois ! J’ai eu 38 nœuds de vent dans un grain et il y avait 30 nœuds bien établis voire plus. Dans une vague, j’ai fait une pointe à 28 nœuds. C'est rigolo comme ça, mais dans la réalité, c'est pas très drôle. Clairement, tu en rigoles après, mais pas pendant. Sinon, j’ai tout de même réussi à me reposer en fin de nuit en dormant 3 heures. Je suis rentré et je me suis couché bien calé sur ma bannette. Au final, ça s’est bien passé, le bonhomme et le bateau sont entiers, je n’ai pas fait de connerie !  Ca va mollir un peu et ça ne va pas faire de mal parce les conditions de mer sont difficiles. Maintenant, on va pouvoir mettre du charbon. Je vois bien que devant ils allument toujours autant. Nous, les trois loustics que nous sommes, on forme un bon petit groupe. On a une bonne expérience des tours du monde et pour l’instant on fait gaffe ! »

Mike Golding :"La mer et les vagues nous ont fait chaviré deux fois"
« Nous sommes passés d’un Code 3 à un Code 7, avec un ris, puis deux ris. Je me couché deux fois sur l'eau. Ce n'était pas tant à cause de la taille de la voilure, mais plutôt à cause de la mer qui était forte, dans un état chaotique et les vagues nous ont fait chaviré deux fois. Nous avancions autour de 30 nœuds et c’était très compliqué de trouver la bonne combinaison de voiles. Ces conditions étaient prévues, mais avec un peu plus de rafales. Quand s'est couché, il y avait des pointes à 40 nœuds et des forts changements de direction. Donc, ce n’était pas très propice à la navigation rapide et nous avons dû faire un peu marche arrière. »

Classement à 16 h
1 - Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) à 17475.9 milles de l’arrivée
2 - Jean Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) à 53.0 milles du leader
3 - François Gabart (MACIF) à 61.0 milles du leader
4 - Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) à 77.8 milles du leader
5 - Alex Thomson (Hugo Boss) à 207.1 milles du leader