Vendée Globe / Ca se calme par l'avant, c'est chaud derrière ( ITW)

Après avoir empanné hier soir pour remonter vers la porte Australie Est, François Gabart et Armel Le Cléac’h apprécient ce lundi des conditions de navigation plus calmes. Pour une fois, François n’était pas le plus rapide et au pointage de 16 heures, son avance n’était plus que de 15,8 milles, contre 46 milles hier à la même heure ! Derrière Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) un peu esseulé en 3e position, Alex Thomson (Hugo Boss) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat). 


Credit : JM Liot/DPPI

500 milles au nord des leaders, le couple anglo-suisse ne se quitte plus. Dans des conditions plus calmes, le skipper suisse en profite pour réparer. Jean Le Cam (SynerCiel) plonge, lui, en direction de la porte Australie Ouest. Dans cette zone de navigation affectée par une belle dépression, le vent est fort (35-40 nœuds) et la mer creuse. Les marins racontent.

François Gabart :"Le bateau bouge beaucoup moins"
"Là, depuis 24h ça va beaucoup mieux. Le vent reste instable donc il faut régler les voiles ; par contre le bateau bouge beaucoup moins ou alors c’est que l’on finit par s’habituer... Pour se reposer, il faut prendre sur soi. Ce n’est pas évident d’arriver à trouver le sommeil quand le bateau bouge dans tous les sens, mais quand on est fatigué, si on arrive à bien se relâcher, que l’on est en confiance avec le bateau et le pilote, il n’y a pas de raison. »

Armel Le Cléac'h :"Avec François on se donne quelques nouvelles par mail"
« La nuit a été à mon avantage, j’ai pu grappiller quelques milles pour rattraper François (Gabart). On va vers la porte « Australie Est » qui est devant nous maintenant. On a empanné hier soir et là on fait route en bâbord amure sur un bord assez long pour passer cette porte et enchaîner ensuite vers la porte suivante, la Nouvelle Zélande . On a eu pas mal de grains ces dernières 48 heures, encore cette nuit, mais là ça va un petit peu mieux, c’est un peu plus clair, ça fait du bien ! Depuis qu’on navigue assez proche l’un de l’autre avec François on se donne quelques nouvelles par mail, c’est assez bref mais ça permet de savoir si tout va bien. On a essayé de s’appeler à la VHF mais ça n’a pas fonctionné. Il fait toujours aussi froid, il y a eu un grain avec de la neige. Il a neigé sur le bateau pendant une demi-heure. ».

Bernard Stamm :"Ca laisse l'occasion de bricoler les hydrogénérateurs et la colonne de winch"
"C'est tranquille et ça laisse l'occasion de bricoler les hydrogénérateurs et la colonne de winch. Pour l'instant c'est un succès parce que j'ai récupéré la colonne. Pour la colonne je ne vous explique pas le chantier parce que dedans il y a des chaînes qui sont à moitié rouillées. Il y en a plein dans le cockpit. Je viens de terminer la réparation, j'ai fait l'empannage avec les winchs. C'est comme ça que je navigue depuis quelques jours, qu'avec les winchs ! La grande brune (ndlr : Claudia, cyclone tropical qui s'est muée en dépression polaire) était très en dessous de nos espérances. Il y a eu du vent mais sans plus et il n'y a pas eu d'orage. J'ai mis un peu la course entre parenthèses pour profiter de la molle et faire le maximum de trucs que je pouvais. Je n'ai pas regardé la nav. Je ne suis pas loin d'empanner à nouveau".

Jean Le Cam :"C’est chaud ! Il y a entre 32 et 36 nœuds de vent !"
« C’est chaud ! Il y a entre 32 et 36 nœuds de vent ! Et c’est parti (ndlr : en surf). Pointe à 25 nœuds ! Les vagues te prennent et te font dévaler la pente. C’est vraiment chaud car il faut éviter de partir à l’abattée. J’en ai encore pour 8 à 10h dans ces conditions, jusqu’à la porte. Après cela, je pourrai adapter un peu ma trajectoire et m’écarter de la dépression qui devrait s’évacuer par le Nord.  Mais curieusement, tout ce bruit ne m’a pas empêché de dormir cette nuit. Et la vie à bord suit son cours. Ce matin, c’était petit salé aux lentilles. Je me brosse toujours les dents au moins une fois par jour et je prévois de me raser aujourd’hui. Je vais me faire beau pour passer la porte Ouest Australie ! »

Javier Sanso :"J’en perds presque mes dents !"
"De nouveau une nuit compliquée, mais moins que la dernière. J’ai dû hisser les voiles depuis quelques heures déjà, mais la mer est très formée, avec des vagues de tous les côtés. De temps en temps, elles viennent s’écraser contre l’étrave et m’envoient valser. Le bateau tape tellement que j’ai parfois l’impression qu’il va se briser en deux. Du coup, je ne peux pas aller à ma vitesse maximale jusqu’à ce que ces vagues croisées ne cessent. J’essaye d’avancer mais je suis stoppé à chaque fois. C’est assez frustrant. J’ai essayé plusieurs fois mais quand le bateau tape à 18 nœuds, j’en perds presque mes dents. Mais bon, ça ne durera pas éternellement."

Classement à 16 h
1 - FRANCOIS GABART [ Macif ] à 12685,2 milles de l’arrivée
2 - ARMEL LE CLEAC'H [ Banque Populaire ] à 15,8 milles du leader
3 - JEAN-PIERRE DICK [ Virbac Paprec 3 ] à 396,4 milles du leader
4 - ALEX THOMSON [ Hugo Boss ] à 834,7 milles du leader
5 - BERNARD STAMM [ Cheminées Poujoulat ] à 879,4 milles du leader

Sources : Vendée Globe / Banque  / Macif / Synerciel / Poujoulat