Ultime / Prince de Bretagne et son mât à ficelles, Lionel Lemonchois a hâte d'essayer ce système !

Après un mois de chantier jour pour jour, le Maxi80 Prince de Bretagne a retrouvé sa place au ponton de la BSM de Lorient ce vendredi. Gros changement de ce chantier, le mat ! Lionel Lemonchois a choisi la mise en place d'une solution, simple et innovante à la fois, qui permet de démultiplier les efforts à l'aide de cordages et de palans. Plutôt que des vérins hydrauliques, que l'on retrouve sur tous les autres multicoques Ultimes, c'est donc un "mât à ficelles" qui va désormais s'incliner au vent à bord du trimaran rouge et gris. Explications…


Remâté, le trimaran rouge et gris sera réarmé dans son intégralité lundi.
Credit : D.Leroux/RDP

"Simplicité"
"Cela fait longtemps maintenant que les mâts des grands trimarans basculent au vent. D'en régler l'inclinaison, cela permet de soulager la plateforme, ce qui autorise à appuyer plus dessus, et donc de gagner en vitesse. Au départ, nous n'avons pas réinstallé le système hydraulique dont était équipé le mât de l'ancien 60 pieds. Nous avons d'abord préféré gagner en longueur de coques et disposer d'un plus grand bateau. 

Dans nos réflexions pour savoir comment aller plus vite, l'option du système de bascule avec des palans en cascade s'est ensuite imposée d'elle-même. Elle s'inscrit dans la philosophie de la simplicité initiée à l'origine du projet. Nous n'avons rien inventé, mais c'est la première fois qu'un bateau de cette taille sera équipé d'un mât "à ficelles" ; comme on l'a déjà vu sur un ORMA 60, ou des bateaux beaucoup plus petits, les Minis 6.50," détaille Lionel Lemonchois.

Bras arrière et mât debout
"Là, sur le bras arrière bâbord, nous modifions et renforçons la cadène de galhauban, une ferrure en carbone qui tient le hauban et le mât debout. Ensuite de chaque côté du gréement, un système de palans à six brins sera ajouté, et se poursuivra le long du bras de liaison pour ramener les bouts sous la casquette. A la sortie, au niveau du winch, les efforts théoriques de 8 tonnes auront été réduits jusqu'à 1,3 tonne. C'est courant, et c'est à l'échelle, du bateau…" ajoute le skipper, qui travaille en collaboration avec les architectes navals du cabinet Van Peteghem-Lauriot Prévost pour les calculs théoriques validant ce développement.

150 kg en moins, 2-3 noeuds en plus
Face aux vérins et aux manettes hydrauliques, les 40 mètres de bouts high tech (Spectra), le jeu de poulies, et les fines couches de carbone ajoutées sur la plateforme affichent, tous cumulés, près de 150 kilos de moins sur la balance. Un gros avantage qui pèse lourd au regard des "2-3 nœuds de plus autorisés selon les allures" par le mât incliné. De l'autre côté, et compte tenu des lois de l'équilibre, Lionel Lemonchois mesure qu'il sera aussi beaucoup plus mobilisé en navigation pour répondre à de nouvelles sollicitations dans le cockpit de son trimaran de 24,3 mètres.

"De la ficelle supplémentaire, cela complique forcément les manœuvres. Il faudra donner d'un côté, et prendre de l'autre. Ce sera un peu plus long et exigeant. Mais tout a été imaginé pour le solitaire, et je devrais y arriver…D'autant que ce système n'est pas conçu pour régater entre trois bouées, mais pour régler l'inclinaison par rapport à la gîte sur des grand bords au large," ajoute le skipper de Prince de Bretagne.

Navigation test mardi
Remâté, le trimaran rouge et gris sera réarmé dans son intégralité dès lundi. "J'espère qu'on pourra sortir pour une toute première navigation test dès le lendemain. Si je n'ai pas d'appréhensions particulières, j'ai quand même hâte d'essayer ce système à l'huile de coude. Les choses s'enchaînent vite ensuite puisque nous avons prévu de partir vendredi matin en convoyage pour rallier Cowes sur l'île de Wight dans la perspective du départ de la Fastnet Race le dimanche 11 août", ajoute le skipper.

Source : Rivacom