ITW / Michel Desjoyeaux, chef de quart sur le projet espagnol de la Volvo Ocean Race

En juillet dernier, Michel Desjoyeaux était officiellement annoncé comme coach de l’équipage espagnol mené par Iker Martinez pour la Volvo Ocean Race. Le marin le plus titré en solitaire sera finalement un peu plus que ça puisqu’il aura aussi un rôle clé à bord. Le double vainqueur du Vendée Globe, toujours partie prenante du projet Team France pour la Coupe de l’America, sera chef de quart sur plusieurs étapes.


Michel Desjoyeaux, chef de quart sur la Volvo Ocean Race : "Le projet s’est monté tard, il faut aller vite"
Credit : F.Vignale/Team España

A 49 ans, Desjoyeaux participera pour la quatrième fois de sa carrière à ce tour du monde en équipage. Il y a fait ses débuts en tant qu’équipier sur l’édition 1985-86 à bord de Côte d’Or et est ensuite revenu en 1989 ainsi qu’en 1993.

Sur le plan sportif, Michel Desjoyeaux croit dans les chances de ce projet espagnol qui a terminé deuxième du Tour des Iles Britanniques début août. « Le projet s’est monté tard donc on n’a pas le choix, il faut aller vite » analyse Desjoyeaux. Il estime par ailleurs que l’avantage des équipages plus entraînés se résorbera au fil des étapes : « ce qui nous importe, c’est la courbe de progression ».

Avec la confirmation de l’embarquement de Michel Desjoyeaux, le bateau espagnol prend une forte coloration tricolore. Le figariste Nicolas Lunven a en effet été annoncé en tant que navigateur au début de l’été alors qu’Anthony Marchand, également figariste, vient d’être confirmé dans son rôle de régleur / barreur.


Interview de Michel Desjoyeaux :
Qu’est ce qui t’a poussé à accepter ce projet ?
Je connaissais Iker et Xabi puisqu’ils avaient loué mon ancien bateau pour la Barcelona World Race. J’apprécie vraiment leurs deux personnalités. J’avais eu beaucoup de propositions par le passé pour venir naviguer sur la Volvo Ocean Race sur une ou plusieurs étapes mais ça n’a jamais été possible pour des problèmes de timing. Là, être au démarrage du projet est quelque chose qui m’a plu. Cela tombait bien, c’est une belle opportunité. 

Le projet s’est monté tard donc on n’a pas le choix, il faut aller vite. On n’a pas trainé dans la mise en route du bateau. Soit tu veux plus de temps et tu ne pars pas, soit tu acceptes le délai et tu te dis qu’à partir du moment où tout le monde a le même bateau, il y a moyen d’être dans le coup ! Nous savons qu’au départ, nous aurons des difficultés par rapport à des équipages plus entrainés. Mais ce qui nous importe, c’est la courbe de progression !

Mon rôle à bord sera chef de quart. Ce qui m’enthousiasme dans ce projet, ce sont les hommes et la mixité culturelle. On est un projet majoritairement espagnol mais il y a d’autres nationalités à bord et puis le monde de la Volvo Ocean Race est un monde très anglo-saxon. C’est intéressant sur plusieurs points, notamment sur le plan technologique. Les approches sont différentes et c’est ça qui m’intéresse. La Volvo Ocean Race, c’est aussi une bonne manière de s’imprégner de ce monde anglo-saxon pour Team France.



Justement, comment tu vas gérer les deux projets ?
La Volvo, c’est faire de la voile et apporter mon expérience de marin. Team France continue d’avancer. Beaucoup de gens s’investissent sur le projet et travaillent énormément pour que ça démarre. Je me rendrai disponible en partage de temps pour les deux projets.


Que penses-tu du nouveau bateau le Volvo Ocean 65 ?
La première fois qu’Iker a navigué dessus, il est revenu inquiet en me disant : « Mich, tu crois qu’on a le bon bateau ? ». Ce à quoi j’ai répondu : « Mais bien sûr que nous avons le bon bateau. C’est de la monotypie et en plus le notre est rouge ! ». Cette monotypie, c’est une évolution. Le bateau est plus robuste que le Volvo 70. Il est un peu plus petit, beaucoup moins puissant mais répond aux exigences de fiabilité. Je ne suis pas un adepte de la monotypie à outrance mais c’est un schéma à l’anglo-saxonne intéressant. Je regarde tout cela et j’apprends. J’apprends tous les jours, je n’arrête pas !


Est-ce toi qui as choisi les Français qui font partie de l’équipage ?
Oui bien sûr, j’ai donné mon avis. Ce n’est pas par hasard si les deux de moins de 30 ans viennent de Port La Forêt (Anthony Marchand et Sam Goodchild)! Car Sam, on peut presque considérer qu’il est français (rires) !Et Iker connaissait déjà Nicolas Lunven. Le groupe est constitué pour moitié de personnes qui connaissent déjà la Volvo Ocean Rae et pour une autre part, de marins avec des expériences diversifiées. Avec ce nouveau bateau, l’équipage est moins nombreux mais de grande qualité liée notamment à cette diversité.


Quel regard portes-tu sur le plateau ?
Il y a du bon niveau un peu partout dans chaque équipage. C’est compliqué de savoir qui seront les protagonistes de juin 2015. Mais c’est bien cela l’objectif ! Aujourd’hui, il y a trop de diversité en termes de préparation, de temps de navigation sur le bateau, … On ne joue pas dans la même cour. Mais ce n’est pas aujourd’hui que ça se joue. Encore une fois, c’est la courbe de progression que nous avons en tête.


Composition de l’équipage espagnol :
1. Iker Martínez (ESP), skipper
2. Nicolas Lunven (FRA), navigateur
3. Xabi Fernández (ESP), chef de quart
4. Michel Desjoyeaux (FRA), chef de quart
5. André Fonseca “Bochecha” (BRA), chef de quart
6. Rafa Trujillo (ESP), Regleur / Barreur
7. Anthony Marchand (FRA), Regleur / Barreur*
8. Antonio “Ñeti” Cuervas-Mons (ESP), Regleur
9. Carlos Hernández (ESP), Regleur / numéro 1*.
10. Sam Goodchild (GBR), Regleur / numéro 1*.
11. Francisco Vignale (ARG), Reporter embarqué

* équipier de moins de 30 ans

par la rédaction
Source : Volvo Ocean race