IMOCA / Mât aile pour Safran, Morgan Lagravière : "Chaque solution a ses avantages et ses inconvénients"

Le 7 mars prochain, le nouveau monocoque Safran de Morgan Lagravière sera mis à l’eau à Lorient. L’échéance approche et une nouvelle étape importante vient d’être franchie. Le mât standardisé, conformément à la nouvelle jauge IMOCA, a été livré récemment. Présentation de l’espar et première réaction du skipper.


Credit : JM Liot/Safran

Choisir son mât
Pour laisser une marge de liberté aux skippers, la jauge IMOCA propose deux types de mâts standardisés : le mât classique avec des barres de flèches et le mât-aile pivotant avec outriggers (barres de flèche posées sur le pont, au niveau du pied de mât, et permettant de soutenir le mât et le gréement). Morgan Lagravière a choisi la deuxième solution, qui constitue selon lui un meilleur compromis. A ce jour, tous les nouveaux mâts commandés à Lorima, le fournisseur officiel de la classe IMOCA, présentent cette même configuration.


245 kg pour 27 mètres 
Le mât du nouveau Safran, comme ceux des cinq autres plans VPLP-Verdier qui seront mis à l’eau cette année, pèsera seulement 245 kg pour 27 mètres de haut. « La force de Lorima, c’est de maîtriser les matériaux composites, la cuisson pour gagner en poids et donner les meilleures qualités mécaniques », explique Vincent Marsaudon, responsable du chantier.

Rigide, léger et bien dimensionné pour affronter le grand large, ce premier mât monotype a subi des contrôles très poussés. « Il y a beaucoup de contrôle qualité en amont de la fabrication », confirme Vincent Marsaudon. « Une fois le mât terminé, plusieurs tests obligatoires sont pratiqués. Le mât de Safran vient d’ailleurs d’être soumis à des contrôles à ultrason et à des tests de flexion. » Maintenant que l’espar est arrivé au chantier CDK de Lorient, l’équipe de Morgan Lagravière prend le relais et s’attelle aux finitions. Dans un mois à peine, le nouveau Safran touchera l’eau…


Morgan Lagravière : "L’excitation monte, l’impatience grandit"

Morgan, Pourquoi avoir opté pour un mât-aile avec outriggers ?
Morgan Lagravière : « Tout d’abord, le mât-aile augmente la propulsion puisque son profil est similaire à celui d’une aile d’avion, et qu’il est orientable. Cela permet d’optimiser le flux aérodynamique et donc d’accroître les performances au reaching et au portant. 

Les outriggers permettent par ailleurs d’extérioriser les points de tenue des haubans et bas-haubans. Cela facilite les réglages et les manœuvres. Lors des empannages, par exemple, je n’aurai pas à utiliser les bastaques.

Le principal inconvénient est une tension d’étai moindre, et donc un déficit de performances au près. Mais cette allure ne représente que 10 à 15 % de la navigation à l’échelle d’un Vendée Globe. Il ne faut jamais oublier la finalité de ces machines : nous nous préparons pour un tour du monde en solitaire, pas pour un parcours banane en équipage ! 

Autre inconvénient du mât-aile : ils est historiquement moins fiable. Mais les nouveaux espars monotypes ont été dimensionnés en conséquence, en prenant de la marge. On le voit, chaque solution a ses avantages et ses inconvénients, ce n’est pas tout blanc ou tout noir. Nous avons fait le tour de la question avant d’arrêter notre choix, qui nous semble le plus pertinent. »


Voir arriver au chantier cette pièce doit avoir une importante dimension symbolique.
ML : « C’est clair, on se dit que tout le travail effectué se concrétise. C’est la dernière ligne droite. L’excitation monte, l’impatience grandit. Le mât a été peint et en partie accastillé. Il reste un travail de finition, notamment l’installation du câblage. 

Je vois le bateau évoluer de jour en jour. Nous nous fixons une date de mise à l’eau le samedi 7 mars. C’est à la fois une carotte qui mobilise tout le team Safran, et un facteur de stress car le délai est serré. Mais il ne faut pas traîner : j’ai besoin de naviguer pour progresser, j’ai du temps à rattraper. »



Par la rédaction
Source : Mer et Media