Erwan Le Roux, vainqueur en titre de la Route du Rhum : "Les Jeux Olympiques de la course au large" - Multi50

Avant de s'élancer le 4 novembre, Erwan Le Roux, tenant du titre chez les Multi50, livre ses meilleurs souvenirs et quelques anecdotes concernant la Route du Rhum. Extraits choisis.


Credit : JM Liot

Le troisième Rhum, différent des deux premiers ?

Erwan Le Roux : « Oui et non. Les objectifs ne sont pas si différents car une fois encore, le but principal reste d’arriver en Guadeloupe. Lors de mon dernier Rhum, je suis parti dans cet état d’esprit, avec évidemment la volonté de faire une perf. Cette année, je pars aussi avec l’envie de gagner mais je sais que cette transat entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre ne ressemblera pas aux deux précédentes. 

Je ne m’attends pas à un copié-collé de quelque-chose que je connais déjà. C’est d’ailleurs pour ça que j’y vais. J’aime justement ces moments où on ne maîtrise pas tout. Une traversée de l’Atlantique, en solo qui plus est, est toujours pleine de surprises. »


Une première image de Rhum ?

« Pour mon 20e anniversaire, en septembre 1994, ma sœur m’a offert un cadeau : un croquis sous verre du départ de la Route du Rhum 1990 avec les signatures des marins de l’époque. Quelques mois plus tard, la course a eu lieu avec, à l’arrivée, la victoire de Laurent Bourgnon que j’avais suivie comme un gamin. 

Ça a vraiment été mon premier rapport avec cette transat légendaire et j’en garde un souvenir fort. Le truc totalement mythique, c’est qu’en 2014, 20 ans plus tard donc, je me suis retrouvé à Saint-Malo lors d’une émission en direct avec, en face de moi, Laurent. Un moment incroyable pour moi. »


Le(s) meilleur(s) souvenir(s) du Rhum ?

« Ma victoire, il y a quatre ans, reste naturellement mon meilleur souvenir mais il y a un autre temps fort que je garde en tête : l’arrivée de Marc Guillemot sur Biscuits La Trinitaine lors de l’édition 2002. Cette année-là, la flotte avait été décimée par des conditions dantesques et seuls trois 60 pieds ORMA sur les 18 au départ avaient réussi à boucler le parcours. 

Cette image de lui sur la ligne en Guadeloupe avec le bras de son bateau réparé et le solent de Groupama m’a profondément marqué. Pour moi, elle résumait, à elle seule, la difficulté de cette 7e édition juste incroyable. Ça a été un moment fort en émotions, un souvenir intense de mon premier Rhum en tant que préparateur. »


La Route du Rhum, une course à part ?

« Assurément. La Route du Rhum est une vraie aventure, une épreuve unique qui réunit à la fois des pros et des amateurs qui peuvent ainsi toucher du doigt une carrière qu’ils auraient voulu avoir ou simplement réaliser un rêve et se faire plaisir. 

Personnellement, c’est une épreuve que je compare aux Jeux Olympiques. Le Rhum a lieu tous les quatre ans et rassemble plein de catégories différentes. Pour moi, c’est véritablement les J.O. de la course au large. C’est l’aboutissement de quatre ans de travail et d’investissement. »


La concurrence ?

« Elle est aujourd’hui très homogène. Ces dernières années, la classe Multi50 a réussi à rassembler des skippers de talent tels que Thibaut Vauchel-Camus, Thierry Bouchard ou Armel Tripon. C’est super pour des gens comme Lalou Roucayrol, Gilles Lamiré ou moi, présents sur le circuit depuis plus longtemps. Cela nous pousse dans nos retranchements. Le niveau sportif est du coup plus élevé et les teams se sont professionnalisés. Aujourd’hui, six bateaux peuvent gagner. La victoire, pour celui qui la décrochera, n’en sera donc que plus belle. »


Source : F Beauvois