Thomas Ruyant et Morgan Lagravière attendus demain en vainqueurs, LinkedOut premier IMOCA de la Transat Jacques Vabre

 

Le vent semble farceur sur les derniers milles jusqu'à l'arrivée en Martinique, mais Thomas Ruyant et Morgan Lagravière sont fermement décidés à remporter la première grande victoire de LinkedOut en IMOCA. Avec encore 250 milles à parcourir pour boucler cette 15ème édition de la Transat Jacques Vabre, l'IMOCA bleu et blanc devrait franchir la ligne d’arrivée jeudi matin (heure locale) après 18 jours de mer et une course dominée par des conditions de navigation légères à medium.

Crédit : M Lagraviere
 

Ces derniers 2 000 milles depuis Fernando de Noronha ont été dominés de façon impressionnante par le duo de LinkedOut qui a régulièrement creusé son avance sur APIVIA et Charal. Avec Morgan se concentrant sur les réglages et Thomas sur la tactique, le tandem a gardé le rythme tout au long de cette dernière portion du parcours, démontrant la vitesse de leur plan Verdier, au portant puis sur des angles plus serrés.

"Ils ont vraiment bien travaillé et le bateau est vraiment très rapide au reaching,"commente Marcus Hutchinson, leur Team Manager. "Ils ont eu un peu de chance avec le vent mais Thomas et Morgan se complètent parfaitement et le bateau est tellement plus rapide qu'il y a quatre mois."

Derrière eux, Charlie Dalin et Paul Meilhat sur APIVIA, les grands favoris de la course, se sont battus pour rester au contact et aussi garder l’ascendant sur Jérémie Beyou et Christopher Pratt, qui poussent fort derrière aux commandes de leur Charal. A l'heure actuelle, APIVIA est à 135 milles dans le sillage de LinkedOut et 35 milles devant Charal. 

Aucun des bateaux de tête n'a signalé de problème technique majeur, mais il est évident que tous les concurrents d'une course de cette longueur ont dû faire face à une série d’avaries au fil du voyage. Le principal problème de Charlie Dalin et Paul Meilhat est plutôt l'alizé de nord-est, très irrégulier en force comme en direction, ce qui a nécessité un travail continu sur les réglages et la trajectoire.
 
"La météo nous pose le même problème que celui que nous avons eu pour rejoindre l'équateur, avec une sorte de panne d'alizé", explique Charlie. "Cela nous oblige à avancer avec un vent mal établi. Ce n'est pas très compliqué en termes de stratégie, mais les trous dans le vent nous mettent beaucoup de pression pour mener le bateau."
 
Jérémie Beyou confie que Charal manquait de performance avec certaines voiles mais Christopher et lui ne lâcheront rien à APIVIA tant que la ligne n'aura pas été franchie. "Nous sommes toujours en mode attaque", lance Jérémie. "Nous ne sommes pas loin d'APIVIA, mais ils creusent un peu leur avance... nous n'abandonnerons pas."
 
Derrière le trio de tête, cette Transat Jacques Vabre offre d’autres batailles passionnantes. Sébastien Simon et Yann Eliès sur ARKEA PAPREC se disputent la quatrième place avec Sam Davies et Nicolas Lunven sur Initiatives-Cœur. Ces deux-là ont 700 milles de retard sur LinkedOut mais seulement 15 milles d'écart avec Seb et Yann. Derrière eux, CORUM L'Épargne pointe désormais en sixième position, après avoir dépassé 11th Hour Racing Team-Mālama. Le co-skipper, Sébastien Josse, explique que Nicolas Troussel et lui ont travaillé dur pour empanner à plusieurs reprises le long de la limite de la zone d'exclusion sud-américaine et qu'ils sont maintenant dans le système d'alizés de nord-est, même si celui-ci reste très instable.
 
"Nous avons encore plus ou moins quatre jours de course - nous sommes dans les alizés mais ils ne sont pas réguliers et nous devons gérer la zone d'exclusion où il a aussi beaucoup de courants", relate-t-il. Évoquant leurs débuts de course difficiles, Seb explique que malgré leur mauvaise option au large de la Bretagne, ils pourraient réaliser leur objectif principal, qui était de se classer dans les cinq premiers.
 
"C'était difficile parce que nous sommes des compétiteurs et nous n’avons pas eu besoin de nous étaler sur le sujet," confie-t-il. "Nous savions exactement ce qu’il s’était passé et que nous étions mal placés mais aussi que cela fait partie de la vie et de la course. Nous nous sommes donc efforcés à aller aussi vite que possible."
 
Seb affirme qu'ils n'ont pas eu de casses majeures sur le plan Juan Kouyoumdjian même s’ils ont dû faire face à de petites choses la plupart du temps. "Nous savions que notre premier objectif, à savoir être dans le top 5, n'était plus d'actualité, mais nous avons continué à naviguer pour apprendre sur le bateau et pour l’améliorer pour Nico l'année prochaine, en prévision de la Route du Rhum puis, ensuite, pour le Vendée Globe," poursuit-il.
 
Le marin français de 46 ans dit qu'il attend avec impatience le planteur et les fruits frais à l'arrivée. Il plaisante aussi en confiant avoir particulièrement apprécié de doubler 11th Hour Racing Team-Mālama, co-skippé par un vieil adversaire, Pascal Bidégorry. Ce dernier navigue avec l’Américain Charlie Enright et tous les deux font face à la perte du carénage arrière du voile de quille du dernier né des IMOCA. "Bien sûr, c'est Pascal Bidégorry et tout le monde veut battre Pascal", s’amuse Seb Josse.
 
L'équipage de 11th Hour Racing Team est maintenant en prise à une lutte acharnée pour la septième place avec trois autres bateaux - Fortinet-Best Western, Maître-CoQ IV et Prysmian Group - chacun cherchant à saisir la moindre occasion de passer devant l'autre. Soixante milles plus loin, un deuxième groupe de trois bateaux se dispute la onzième place, à seulement 50 milles d'intervalle…
 
Ce groupe est mené par Nexans-Art & Fenêtres, skippé par Fabrice Amedeo et Loïs Berrehar. Ils devancent de peu le premier non-foiler de la course, Groupe APICIL, de Damien Seguin et Benjamin Dutreux, puis MACSF, piloté par Isabelle Joschke et Fabien Delahaye. Fabrice est soulagé de faire maintenant route vers le nord-ouest, en direction des Caraïbes.
 
"Nous empannons et zigzaguons le long de la zone d'exclusion, ce qui nous protège des côtes brésiliennes et des bateaux de pêche mais nous bloque aussi pour aller chercher l’accélération du courant et une rotation du vent intéressante", détaille-t-il. "Après la longue descente vers le Brésil, un peu de calme au portant est le bienvenu, même si les conditions restent délicates et piégeuses"

 

Source : IMOCA