Isabelle Joschke au départ de la Vendée Arctique le 12 juin prochain, "l’idée est de gagner encore et toujours de l’expérience"

 

A l'approche de la Vendée Arctique Les Sables d’Olonne dont le départ sera donné le 12 juin prochain, et quelques jours à peine après sa belle cinquième place sur la Guyader Bermudes 1000 Race, Isabelle Joschke enchaîne les entraînements sur son IMOCA MACSF. La navigatrice livre son analyse de cette course en solitaire de 3 500 milles dont le parcours jusqu’au cercle polaire réserve de nombreuses surprises.

 

Crédit : AK Jouan

Le tracé de la Vendée Arctique Les Sables d’Olonne, première course qualificative pour le Vendée Globe 2024, promet d’être extrêmement exigeant : au départ des Sables d’Olonne, il emmènera les coureurs jusqu’au cercle polaire arctique qu’ils devraient couper en contournant l’Islande avant de rejoindre Port Olona. Un défi technique pour les marins peu habitués à naviguer aussi Nord et une occasion idéale d’éprouver leurs bateaux : il faudra être solide pour gérer les changements réguliers de systèmes météo qui nécessiteront de nombreuses manœuvres.

 

Isabelle, comment voyez-vous cette Vendée Arctique Les Sables d’Olonne ? Quelles seront ses principales difficultés ?

« Dans le fond, je pense que cette course sera plus difficile que la Route du Rhum. Sa longueur est sensiblement la même mais il y aura beaucoup de systèmes météo à traverser en montant si Nord. Cela implique des changements de conditions, beaucoup de transitions, donc de nombreuses manœuvres et de changements de voile et peu de grands bords propices au repos. Et, plus on naviguera dans des latitudes élevées, plus il fera froid, plus le vent sera lourd. 25 nœuds dans les alizés n’équivalent pas à 25 nœuds en Islande : quand l’air est froid, le vent est plus lourd, il impacte donc beaucoup plus, il faut davantage réduire la voilure. Cela va rendre la navigation plus compliquée et les difficultés plus grandes. Il faudra être attentive en permanence. »

 

Une navigation aussi Nord met-elle une certaine pression ?

« J’ai déjà navigué là-haut il y a deux ans, même si l’on n’était pas allé jusqu’au cercle polaire. C’est vraiment chouette. Même si on ne voit pas la côte, on sent tout de suite qu’on est dans un autre endroit du globe. Tout est différent : le ciel, la température, l’atmosphère, l’ambiance… Ça donne l’impression de voyager, il y a encore plus un côté ‘aventure’, un peu comme quand on navigue dans les mers du Sud et que l’on passe le cap Horn. Je vais vraiment retrouver ces sensations. Ce sont des endroits où il vaut mieux ne pas avoir trop d’ennuis, on est plus exposé, plus vulnérable. Il faut être solide mentalement et physiquement. »

 

Comment vous préparez-vous à quelques jours du départ ?

« L’équipe technique peaufine la préparation de l’IMOCA MACSF, nous effectuons pas mal de navigations pour valider quelques changements et bien se caler techniquement. J’essaie également de me reposer un maximum pour arriver fraîche sur la ligne de départ. Mais je ne me mets pas de pression inutile quant au résultat, on est vraiment dans un objectif de préparation du Vendée Globe. J’aborde mes courses les unes après les autres, l’idée est de gagner encore et toujours de l’expérience sportivement et techniquement, de valider les modifications qu’on a effectuées, d’en imaginer d’autres et d’être dans le match comme sur la Guyader Bermudes 1000 Race. »

 

Source : J Cornille