Les vainqueurs de la première étape de la Sardinha Cup, Maël Garnier et Pierre Leboucher s'imposent au Portugal

 

Au terme d’un ultime bord rapide sous spi, Maël Garnier, 21 ans, et Pierre Leboucher, 41 ans, ont remporté sur Ageas-Team Baie de Saint-Brieuc, vendredi matin à 7h42’20 (heure française), la Course 1 Pays de Saint-Gilles Tourisme entre Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Figueira da Foz, première des deux étapes de La Sardinha Cup. Les duos Achille Nebout/Pierre Quiroga (Amarris-Primeo Energie) et Erwan Le Draoulec/Loïs Berrehar (Skipper Macif) complètent le podium.

 

Crédit : JB d'Enquin

Ils ont tenu bon ! Passés en tête au Cap Finisterre jeudi après-midi après avoir réussi le coup stratégique de cette Course 1 Pays de Saint-Gilles Tourisme, en allant raser les côtes du nord de l’Espagne, là où le gros de la flotte a préféré ne pas trop s’en approcher, Maël Garnier et Pierre Leboucher ont su, lors des 170 derniers milles de l’étape, au portant dans la brise (25 noeuds), résister à la pression mise derrière eux par Achille Nebout et Pierre Quiroga. « On était 1,7 mille derrière Maël et Pierre au Cap Finisterre, on s’est alors dit qu’on avait douze heures un peu viriles jusqu’à l’arrivée pour leur passer devant, on était un peu sereins, mais ils ont vraiment très bien navigué, il faut les féliciter car on a poussé fort derrière, en gardant le grand spi toute la nuit », a confié Pierre Quiroga, fair-play, sous le chaud soleil matinal de Figueira da Foz.
 
Les marins ne recevant ni météo ni positions pendant la course, les vainqueurs du jour n’ont d’ailleurs vraiment su qu’une fois la ligne franchie qu’ils avaient partie gagnée. « Ce n’est qu’en passant la ligne que nous avons compris que nous étions premiers, on s’en doutait depuis le Cap Finisterre, mais on n’en était pas sûrs, on ne savait notamment pas où Nils (Palmieri avec Julien Villion sur Teamwork) et Achille (Nebout avec Pierre Quiroga sur Amarris-Primeo Energie) se situaient. On a eu des petits doutes, même si on était déjà contents d’être devant en attaquant les alizés portugais », a commenté Maël Garnier, 21 ans.
 
A ses côtés, l’expérimenté Pierre Leboucher, 41 ans, vainqueur de la dernière étape de la Solitaire du Figaro 2021, expliquait les clés de la réussite sur ce parcours de 565 milles entre Vendée et Portugal : « Une grosse partie s’est jouée sur l’option d’aller chercher la brise de nuit le long de la côte nord espagnole (dans la nuit de mercredi à jeudi). Ça a été assez compliqué à vivre, parce qu’on ne savait plus où étaient les autres. D’habitude, le matin, on a des pointages, donc on connaît au moins la distance au but qui permet d’avoir une idée des positions des concurrents, alors que là, on ne savait pas du tout. »
 
Le choix s’est en tout cas avéré payant, puisqu’au moment d’atteindre le Cap Finisterre jeudi après-midi, Ageas-Team Baie de Saint-Brieuc pointait en tête, accompagné de Teamwork et Amarris-Primeo Energie. Seul le second a réussi à s’accrocher, Nils Palmieri et Julien Villion déchirant leur grand spi à l’entame du grand bord de portant vers Figueira da Foz (ils ont finalement pris la 10e place). Maël Garnier et Pierre Leboucher se sont ensuite accrochés à la barre pour finalement devancer vendredi au petit matin, à 6h42 (heure locale, 7h42 en France), Achille Nebout et Pierre Quiroga d’un peu plus de 8 minutes, après 3 jours et 15 heures de mer. Erwan Le Draoulec et Loïs Berrehar (Skipper Macif) complètent le podium, parvenus à souffler la troisième place, une heure après les vainqueurs, à Guillaume Pirouelle et Robin Follin (Région Normandie), tombés dans une molle à l’approche de la ligne et très déçus à leur arrivée au ponton.
 
A 21 ans, Maël Garnier, né à Paris et à la voile en baie de Morlaix et à Nantes, passé, entre autres, par l’Optimist, le Laser, le Flying Phantom et le Waszp, où il a croisé la route de Pierre Leboucher, signe là une belle victoire à la barre d’Ageas-Team Baie de Saint-Brieuc, dont il porte les couleurs depuis la saison dernière sur le circuit Figaro Beneteau. Avec des ambitions non dissimulées : « Pour moi, ce circuit est le sommet de la monotypie en solitaire et en course au large, je me laisse quelques années pour montrer qu’un jeune peut réussir en se donnant les moyens. L’an dernier, j’étais sur mon petit nuage en découvrant le circuit, l’idée cette année est de faire une vraie saison et d’apprendre aux côtés de Pierre, un des meilleurs compétiteurs du circuit. Il me tire vraiment vers le haut, il me pousse à être plus dynamique, à ne rien lâcher, on est assez complices, complémentaires, on ne se met pas de limites. »
 
Et ça marche ! Reste à confirmer sur la deuxième étape, la Course 2 Pays de Saint-Gilles Tourisme, dans le sens inverse entre Portugal et Vendée, dont le départ sera donné mardi de Figueira da Foz.

 

Les mots des vainqueurs

Quand avez-vous compris que vous aviez gagné cette étape ?

Maël Garnier : « Ce n’est qu’en passant la ligne que nous avons compris que nous étions premiers, on s’en doutait depuis le Cap Finisterre, mais on n’en était pas sûrs, parce que les flottes se sont recroisées entre ceux qui étaient partis au nord et les autres à la côte. On ne savait pas si le paquet allait nous passer et où Nils (Palmieri avec Julien Villion sur Teamwork) et Achille (Nebout avec Pierre Quiroga sur Amarris-Primeo Energie) se situaient. On a eu des petits doutes, après, on était déjà contents d’être dans le bon paquet et d’être devant pour attaquer dans le sud dans les alizés portugais.

Où s’est jouée cette victoire ?

Pierre Leboucher : « Jusqu’à la ligne d’arrivée, parce qu’on s’est battus toute la nuit pour faire avancer le canot, les gens derrière ne se laissaient pas faire, mais une grosse partie s’est jouée sur l’option d’aller chercher la brise de nuit le long de la côte nord-espagnole. On a été jouer cette option, on a été plusieurs à le faire, certains s’en sont sortis, d’autres pas, cette partie était assez compliquée, parce qu’on ne savait plus où étaient les autres. D’habitude, le matin, on a des pointages, donc on sait la distance au but, ça donne un peu une idée, là, on n’avait aucune idée, on avait juste un doute sur Bretagne-CMB Performance, on ne savait pas s’il était devant ou pas. »

Comment avez-vous ce choix déterminant ?

Maël Garnier : « Ça s’est fait avant d’arriver sur la côte espagnole, on voulait protéger cette option, dans le doute, on voulait se positionner entre la terre et le paquet, c’est ce qu’on a fait. Au début, c’était un peu dur à accepter parce qu’on voyait qu’au large, ils gagnaient beaucoup, mais on s’est fait confiance, et la nuit, on a vraiment été chercher le truc, on s’est dit qu’il fallait y aller. Je pense qu’il fallait se faire confiance et ne pas être entre deux chaises. »

Etait-ce une étape dure ?

Maël Garnier : « Ah oui ! Surtout la dernière nuit, pour barrer, c’était compliqué, Pierre a bien géré, il y avait beaucoup d’air. Et les deux jours de près au départ, ça n’aide pas non plus pour manger, s’hydrater, dormir, mais je pense qu’on a quand même un peu géré, parce que la dernière nuit, on n’a pas dormi, et au final, on est debout, donc ça va ! »

Tu disais avant le départ que tu voulais faire « une vraie saison » après avoir découvert le circuit Figaro Beneteau, avec cette victoire d’étape, l’objectif est atteint ?

Maël Garnier : « Oui, c’est vrai, en plus, l’apprentissage avec Pierre se passe super bien, à bord, il y a une bonne ambiance, l’énergie est bonne, il me tire vraiment vers le haut, il me pousse à être plus dynamique, à ne rien lâcher, parce qu’on le voit, chaque mètre compte, à être au moins aussi bon que lui quand il faut barrer et faire de la météo, avec toujours avec la même rigueur. C’est vraiment un travail à deux, ça progresse. »

Pierre, le duo fonctionne bien ?

Pierre Leboucher : « Oui, c’est chouette, Maël a plein de choses à apprendre et il apprend assez vite, c’est intéressant. »

Tu as terminé la saison précédente en remportant la dernière étape de la Solitaire du Figaro, là, tu t’imposes sur cette étape, tu ne perds pas la main en Figaro ?

Pierre Leboucher : « C’est chouette, d’autant qu’il y a tout le monde sur cette course, de sacrés duos qui sont tous assez performants, c’était super intéressant. »

Classement :
1. Ageas – Team Baie de Saint-Brieuc (Maël Garnier/Pierre Leboucher), arrivé vendredi à 7h42’20 (heure française)
2. Amarris-Primeo Energie (Achille Nebout/Pierre Quiroga), arrivé à 7h50’44
3. Skipper Macif (Erwan Le Draoulec/Loïs Berrehar), arrivé à 8h53’40
4. Région Normandie (Guillaume Pirouelle/Robin Folin), arrivé à 8h53’42
5. Région Bretagne-CMB Performance (Tom Laperche/Morgan Lagravière), arrivé à 9h08’56
6. Devenir (Violette Dorange/Julien Pulvé), arrivé à 9h09’27
7. Quéguiner – La Vie en Rose (Elodie Bonafous/Alexis Loison), arrivé à 9h12’12
8. Smurfit Kappa – Kingspan (Tom Dolan/Alan Roberts), arrivé à 9h12’38
9. La Charente Maritime (Alexis Thomas/Swann Hayewski), arrivé à 9h13’22
10. Teamwork (Nils Palmieri/Pierre Le Roy), arrivé à 9h16’29
11. Région Bretagne – CMB Espoir (Gaston Morvan/Benjamin Schwartz), arrivé à 9h51’30
12. Edenred (Basile Bourgnon/Brieuc Lebec), arrivé à 9h57’12, premier bizuth
13. ADEPS – FFYB (Sophie Faguet/Benoît Charon), arrivé à 10h06’50
14. Région Bretagne – CMB Océane (Chloé Le Bars/Ronan Treussart), arrivé à 10h16’51
15. Mutuelle Bleue (Corentin Horeau/Julien Villion), arrivé à 10h50’33
16. Team Vendée Formation-Botte Fondations (Charlotte Yven/Pierre Daniellot), arrivé à 10h54’10
17. Marine Nationale/Fondation de la Mer (Philippe Hartz/Eric Delamare), arrivé à 11h16’51
18. Alva Yachts (Jörg Riechers/Robin Marais), arrivé à 11h45’25
19. Mercy Ships (Victor d’Ersu/Tiphaine Ragueneau), arrivé à 12h12’42
20. Interaction (Yannig et Erwan Livory), arrivé à 14h16’59
21.Prisme Ocean (Pierre Grenier et Valentin Dantec), arrivé à 15h06'00
22. Passion Santé Trans-Forme (Romen Richard et Victor Le Pape), arrivé à 16h08'45

Source : Sardinha Cup