Alan Roura à la barre de l'IMOCA Hublot sur la Route du Rhum, "Franchir la ligne, un moment d’intense bonheur"

Moins de 30 jours séparent désormais Alan Roura de son grand rendez-vous de l’année. Le 6 novembre prochain, le skipper de l’IMOCA Hublot prendra le départ de la douzième édition de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe, course transatlantique en solitaire s’il n’en fallait qu’une. Pour sa troisième participation consécutive, le jeune Suisse arrive en terrain connu, mais toujours animé par la même émotion face à ce monument de la course au large. Paroles de marin.

Crédit : JL Carli / ALEA



« Il s'agit d'une course incroyable, de celles qui restent intensément gravées dans les mémoires de tous ceux qui ont eu la chance d'y participer. Pour moi, c’est la plus belle des transatlantiques, la plus difficile aussi. Aller au bout, c'est la certitude de s’être dépassé, c'est un exploit humain à part entière, la garantie d’être parvenu à tenir le coup coûte que coûte.

Je l'ai disputée à deux reprises, en 2014 à bord d’un Class40 (un monocoque de 12,18m) et en 2018 en IMOCA. Lors de ma première participation, c’était la découverte du grand monde : je n’avais jamais disputé de course aussi prestigieuse. Mais les conditions au départ étaient particulièrement virulentes. Dès la première nuit, une quinzaine de bateaux avait abandonné. Je n’étais pas le seul à avoir dû faire une escale à Roscoff avant de renoncer. Même si ça fait partie du jeu, c’est vraiment dur à vivre. J'ai mis quatre ans avant de m'en remettre totalement : il a fallu que j'y participe à nouveau pour oublier cette déception.

Lors de l’édition suivante, deux ans après mon premier Vendée Globe, la course a été passionnante. Ce qui est fascinant, c’est que le moindre choix de voile, la moindre décision stratégique, la moindre option peut être décisive. C’est un sprint qui ne s’arrête jamais, pendant plus de 12 jours. J’ai terminé 7e, moins de cinq minutes devant mon premier poursuivant, Stéphane Le Diraison. Franchir la ligne a été un moment d’intense bonheur : tu es exténué physiquement, tu es allé au bout de toi-même et tu as réussi. Il y a d’abord un sentiment de soulagement avant de s’écrouler de fatigue ! J’ai déjà des centaines d’anecdotes de cette course car tout est plus intense, tout est plus fort, tout est plus engagé. Et je suis persuadé que cette nouvelle édition ne fera que renforcer ce constat et le bonheur immense que j'ai à y participer.
»

Source : A Mouraud