Armel Le Cléac'h, skipper du maxi Banque Populaire XI, "Nous avons beaucoup travaillé à renforcer la sécurité à bord"

 

Il sera à la barre d’un géant. Armel Le Cléac'h, qui n’a manqué aucune sortie en mer de Banque Populaire XI depuis sa mise à l’eau en avril 2021 a enchaîné les milles afin de s’approprier le Maxi trimaran. Il décrypte ses principales caractéristiques, vues de l’intérieur.


Crédit : A Courcoux



LE VOL

« Une des forces de Banque Populaire XI, c’est sa capacité de s’envoler tôt et longtemps. Le Maxi trimaran vole très haut au-dessus de l’eau, ce qui contribue à éviter le contact avec les vagues. Les foils sont beaucoup plus grands que ceux qui étaient installés sur Banque Populaire IX et ils sont conçus pour être montés et descendus en fonction des conditions, et de la nécessité ou non d'avoir de la puissance. Quand les conditions sont engagées, le bateau aura la possibilité de remonter ses foils pour réguler sa vitesse.
Il y a 5 étapes, de l’accélération du bateau pour permettre le décollage jusqu’au maintien de la plateforme en stabilité au-dessus de l’eau. Le Maxi Banque Populaire s’envole de la même manière qu’un avion grâce aux appendices que nous avons qui fonctionnent comme des ailes.
En cas de besoin, nous avons, avec le Team, conçu un foil en plus. Il nous permet d’être réactif en cas d’avarie sur l’un des deux qui équipe le bateau. L’avantage est qu’il peut être installé soit à gauche ou à droite. »

L’AÉRODYNAMISME

« Il y a eu un travail particulièrement conséquent réalisé pour améliorer l’aérodynamisme. En s’inspirant des bateaux de la dernière Coupe de l’America et en s’appuyant sur nos connaissances, nous avons tenté de réduire au maximum la traînée aérodynamique. Pour y parvenir, la casquette est prolongée du bras avant jusqu’à la barre d’écoute et s’étend sur presque 12 mètres de long. Cela a également permis d’abaisser le centre de gravité, ce qui contribue aussi à optimiser l’aérodynamisme. »

LA SÉCURITÉ RENFORCÉE

« Nous avons beaucoup travaillé à renforcer la sécurité à bord. Pour se faire, le bras avant a été renforcé et doté d’une double structure. Comme pour l’étrave et les flotteurs, il est équipé de fibre optique : ainsi, en cas de d’éventuels dommages, nous sommes alertés à bord et apte à réagir au plus vite. Le bateau est également équipé de trois caméras pour éviter les collisions avec les OFNI et d’un émetteur d’ultrasons dans la dérive afin d’éloigner les mammifères marins. »


LE SIMULATEUR

« Notre objectif, au large, ce n’est pas d’atteindre des pointes de vitesse mais d’avoir la vitesse moyenne la plus élevée le plus longtemps possible. Pour y parvenir, nous collectons un maximum de données en mer mais aussi virtuellement grâce au simulateur. C’est un outil qui est composé d’un écran et d’un volant qui nous permet de recréer toutes les situations de navigation et les diverses conditions climatiques que nous pouvons rencontrer au large. On y teste la configuration des voiles et des appendices dans toutes les conditions. Cela nous permet de connaître les configurations les plus performantes et de gagner un temps précieux sur les réglages lorsque l’on est au large. C’est un outil particulièrement précieux pour nous, il nous a permis depuis un an et demi de gagner du temps non négligeable dans nos choix et notre préparation. »

LE BRUIT 

« Forcément, le Maxi Banque Populaire XI est bruyant. Il y a les sifflements du carbone, l’impact des foils et des dérives qui traînent dans l’eau. Mais ce bruit est rassurant : cela nous permet de connaître constamment le bon tempo en matière de vitesse et de sensations. Ça nous donne des repères, comme un pilote de Formule 1 avec le bruit de sa monoplace. Pour l’atténuer lorsque nous dormons, nous utilisons des petits bouchons d’oreille. »

Source : BPCE