La remontada de Yoann Richomme en Class40, 2ème de la Route du Rhum au pointage de 16h ce dimanche

 

Malgré un départ anticipé, qui lui a valu une pénalité de 4h, que Yoann Richomme a décidé d’effectuer dès le premier soir de course, le class40 Paprec Arkéa pointe ce dimanche à 16h à la 2éme place. Après quatre jours en mer pendant lesquels Yoann a mis les bouchées doubles dans des conditions particulièrement éprouvantes. Plus que jamais, le skipper est en position de défendre son titre acquis il y a quatre ans.

 

Crédit : V Olivaud

Dans la voix de Yoann Richomme à bord, il y a toujours une forme d’enthousiasme, une bonhommie, une pointe de légèreté et de sagesse. La tonalité de sa voix, enjouée, ressemble presque à celle d’un jeune premier. Mais ses mots en revanche sont ceux d’un skipper expérimenté. « Les dernières 24 heures, avec deux fronts à passer et une zone de molle, ont été particulièrement éprouvantes, raconte-t-il. On a été secoué mais ça va toujours, j’arrive à rester assez tranquille ». 

 

Une remontée jusqu’à la 2e place 

Cette sérénité, c’est le fruit d’un combat de chaque instant mené dès le départ de la course. En cause ? Un franchissement de la ligne de départ trop rapide. « J’ai l’impression que j’étais un peu trop pressé », confiait-il à cet instant-là. Il écope alors d’une pénalité de quatre heures et profite d’un passage sans vent, à proximité du cap Fréhel, pour la réaliser. « C’était un bon choix stratégique de la faire à ce moment-là car les enchaînements étaient ensuite propices à revenir ».
 
Dès la soirée de mercredi donc, il est de retour en compétition. « Maintenant, je n’ai plus qu’à cravacher », prévient-il alors. Le long des côtes bretonnes, puis au passage de Ouessant et jusqu’aux abords du Golfe de Gascogne, le skipper de Paprec Arkéa semble avancer avec le pied sur l’accélérateur. 37e jeudi, il pointe au 14e rang vendredi, 8e samedi avant de s’accrocher au « top 3 » depuis ce dimanche. « J’ai quasiment oublié ma pénalité, s’amuse-t-il. Forcément, ça fait plaisir ». Surtout, chaque skipper doublé est un petit gain psychologique en plus, la certitude que ses adversaires vont désormais composer avec lui et ses choix pour la suite.

 

« Ce n’est vraiment pas passé loin » 

À évoquer le classement et les forces en présence, Yoann préfère l’humilité : « la route est encore longue et il peut se passer tant de choses ». Faire face aux incertitudes, s’adapter et continuer à avancer, c’était exactement le challenge de ce week-end… Particulièrement intense. Au programme ? Un passage de front samedi matin, une zone de molle ensuite, un nouveau front dans la soirée, le tout sur une mer déchaînée.

 
Les bateaux sont soumis à rude épreuve, au point que deux Class40 ont démâté samedi soir, Aurélien Ducroz (Crosscall) et Amélie Grassi (La Boulangère Bio). « Ils étaient l’un derrière l’autre, assure Yoann. Quand je l’ai appris, j’ai appelé la direction de course pour savoir si je pouvais aider, ce qui est galère à bord de nos bateaux. Ils étaient juste derrière mon axe : je me suis dit que ce n’est vraiment pas passé loin ». Et le skipper d’ajouter : « l’avarie, on y pense tout le temps. C’est tellement intense qu’il suffit qu’une pièce lâche pour que le mât tombe et que tout soit galère ».
 

« À bord, on vit comme des animaux » 

Cette appréhension-là est permanente, une chape de plomb sur les skippers à chaque fois que les éléments se déchaînent. Ce sera le cas une nouvelle fois, ce dimanche soir, avec un front particulièrement virulent à traverser. « On cherche tous à aller le plus sud possible afin de toucher des vents portants mais il va falloir patienter encore un peu ».
 
En attendant, il faut résister car la course « est mentalement très engageante ». Yoann explique : « on est trempé, on vit comme des animaux reclus au fond de leur bateau. On rampe de peur de valdinguer contre le bateau. Même pour des marins expérimentés, ce n’est pas très agréable ».
 
Pour y faire face, Yoann essaie mentalement d’aller « étape par étape ». Une expression tant employée pour les sports à terre et pas galvaudée pour ceux du large. « Demain midi, une fois le dernier front franchi, on sera plus tranquille pour les alizés. On pourra réfléchir à une autre stratégie et ça me réjouit ! » Ainsi va le quotidien à bord de Paprec Arkéa, une lutte sans merci à batailler contre les éléments, à tenir les chocs et la distance, avec la certitude que le meilleur est à venir. Yoann conclut : « la perspective d’une 2e moitié de course plus réjouissante et l’accomplissement d’une transat, si je reste bien placé et que je ne fais pas de bêtise, ça motive. Il y a un résultat correct qui s’entrevoit. À moi d’aller le chercher ! »
 
Source : I Delaune