Thomas Ruyant attendu demain en Guadeloupe, Charlie Dalin sur ses talons, un finish haletant

 

Après le match très serré entre Erwan Le Roux et Quentin Vlamynck pour la victoire en Ocean Fifty, un autre grand duel va se dérouler prochainement autour de la Guadeloupe. Thomas Ruyant (LinkedOut) et Charlie Dalin (Apivia) naviguent à vue à la veille de leur arrivée à Pointe-à-Pitre. Un magnifique match va se jouer demain autour de la Guadeloupe, avec probablement un écart très faible sur la ligne d’arrivée.

 

Crédit : P Bouras

Thomas Ruyant, leader de la flotte Imoca depuis plus de deux jours, sent avec de plus en plus d'acuité la pression de ses adversaires. Charlie Dalin (Apivia), à 6 milles, et Jérémie Beyou (Charal), revenu à 40 milles, jettent leurs dernières forces dans le combat en tirant très fort sur leurs machines.
  
Un seul mot d'ordre désormais, la vitesse, qui se gagne à la bonne combinaison de voilure et au placement dans les oscillations de l'alizé, au plus près de la route optimale. Thomas, mais aussi Charlie et Jérémie excellent tous trois dans l'exercice. Avant le très aléatoire épisode d'approche de la bouée de Basse-Terre traditionnellement déventée par le volcan de la Soufrière, tous trois font parler le talent, l'endurance et la clairvoyance. Pour Thomas, le navigateur du voilier LinkedOut accéléré par Advens, le challenge est clair, parvenir dans le dévent de la Guadeloupe avec le maximum d'avance, tant la régate sous le vent de l'île peut réserver d'injustes pièges. Des pièges qui constituent pour ses poursuivants autant d'espoirs et de chances à jouer à fond, au prix fort de l'épuisement et du don total de soi.
 
En pleine nuit (heure française) à la tête à l'anglais, en fin de matinée sur la ligne d’arrivée (estimation) soit moins de 12 jours de course ; le record de l'épreuve en Imoca est bien menacé.

 

Thomas Coville : "Thomas Ruyant est mon coureur de coeur. Il dégage quelque chose de différent, il a ce regard qui décrypte et décode, perçant, franc et direct. Il ne parle pas beaucoup mais quand il parle, ça fait mouche, et ça, j'aime beaucoup. Un athlète s'exprime par le corps, et j'aime comment Thomas évolue. J'aime aussi l'histoire qu'il raconte, qui il est et la manière qu'il utilise son projet sportif pour exprimer ce qu'il est, ce qu'il veut, et ce qu'il a dans les tripes. Quand on est marin on lit ça dans les trajectoires, dans les engagements de vitesse, dans les choix architecturaux. Quand tu regardes son bateau, tu as quasiment la fiche anthropométrique du marin. Quand tu vois son plan de voilure, tu vois l'engagement qu'il va y mettre, quand tu vois un cockpit, tu sais ce qu'il veut, et tous ces détails font que je me retrouve dans Thomas. Depuis le Vendée Globe et sur toutes les courses, Thomas est le marin que je suis comme, enfant, je suivais les stars de l'époque. Quelque part, je me sers de lui, car il m'inspire, me trouble, me dérange parfois. C'est mon skipper de coeur. J'ai envie de lui dire à ce moment de la course, car à cet instant, un skipper est plein de doutes, de fragilités, de sensibilités, et c'est à ce moment que les choses bascules. Un témoignage, une main tendue, une claque dans le dos peuvent faire la différence."

 

Morgan Lagravière : "Sur le plan humain, je serai super content d'une victoire de Thomas. La saison que nous avons vécue ensemble, avec la victoire en double dans la Transat Jacques Vabre a créé de profondes affinités. Ce serait magnifique pour toute l'équipe. Ce type de projet LinkedOut représente de nombreux sacrifices et une victoire viendrait récompenser tout cela. Il y a beaucoup d'Humain sur ce projet et une victoire enverrait tellement de joie à tant de personnes. Thomas a beaucoup gagné en transats, sur des supports différents, et cette victoire en Imoca serait le joyau de sa carrière. C'est une course qu'il veut et il a montré qu'il la méritait. La stratégie était d'entrer dans les alizés avec peu de retard. Ce qu'il a très bien fait. Le scénario est similaire à celui de la Transat Jacques Vabre l'an passé, où la dorsale a permis de revenir après les allures de près, et on a pu lâcher les chevaux au portant vmg. Ca se confirme cette année. Les alizés sont dans une gamme de vent très favorable à LinkedOut. J'ai apporté ma petite pierre à l'édifice tout au long de l'année, sans retenue car j'aime le bonhomme et ce projet si humain."

 Source : TB Press