Un ballet millimétré au cœur du chantier de l'IMOCA de Yoann Richomme, « tenir les délais » pour la naissance de Paprec Arkéa

 

Plus que jamais, la victoire de Yoann Richomme à la Route du Rhum – Destination Guadeloupe a resserré les liens entre chaque membre de l’équipe. De quoi offrir un surplus de sérénité et mettre les bouchées doubles afin de boucler le chantier ambitieux du futur IMOCA. Yoann Richomme, qui s’y est rendu à deux reprises la semaine dernière, évoque les derniers aspects à travailler, l’investissement de nombreuses entreprises et dévoile pour la première fois le timing de la mise à l’eau, prévue fin janvier/début février.

 

Crédit : E Stichelbaut

 

C’est une autre course, plus discrète et pourtant toute aussi audacieuse. Alors que Yoann Richomme traversait l’Atlantique et affolait les compteurs en Class40, sur la terre ferme, l’équipe de Paprec Arkéa s’activait. Un monocoque filait donc vers la victoire quand un autre, un IMOCA aux mêmes couleurs, s’apprête à prendre forme. L’assemblage de cette fusée, un 60 pieds flambant neuf prêt à affronter les océans, entre en effet dans sa dernière phase dans le chantier Multiplast de Vannes.
 
Yoann Richomme a toujours conservé le lien par téléphone et par message avec les membres de l’équipe qui travaillent d’arrache-pied, même quand il cumulait les miles vers les Antilles. Ce succès, cette décharge d’émotion est surtout une belle manière de motiver toutes les forces vives impliquées dans la construction du bateau. Le double vainqueur de la Route du Rhum a pu le constater : une semaine après s’être imposé, il était déjà de retour au chantier. « C’est génial de voir à quel point chacun est impliqué dans le projet. Le chantier a super bien avancé ! » s’est réjoui Yoann.


 

Un ballet millimétré au cœur du chantier 

Et le marin est heureux de constater, dans le hangar aux allures de fourmilière, que l’IMOCA prend forme, plus que jamais. Le bout-dehors a été greffé, les chandeliers, les balcons ont été posés et les derniers détails du pont sont finalisés. Un ballet millimétré a lieu autour du futur IMOCA Paprec Arkéa. Les salariés de Multiplast ont terminé le composite et s’attachent à la pose du cockpit. L’équipe technique de Paprec Arkéa s’affaire à la pose des rails, des winchs, des poulies.
 
Des tests de résistance sur les foils et les safrans ont déjà eu lieu, le mât sera bientôt livré et les électroniciens sont récemment entrés en piste… Désormais, place aux phases consacrées à la peinture et à l’enduit. Yoann Richomme compte bien « alléger la tâche de l’équipe » en prenant en charge à la mi-décembre les éléments concernant l’espace de vie et le matériel à bord.

 

Le goût prononcé du challenge 

Au-delà de l’état d’esprit et de la volonté de surfer sur l’engouement du moment, la victoire à la Route du Rhum est précieuse techniquement. Ainsi, le pilote automatique utilisé à bord du Class40 est identique à celui qui sera installé sur l’IMOCA. Les voiles des deux bateaux ont été dessinées par Ronan Floch (Incidence Sails). Surtout, les préparateurs, électroniciens et spécialistes du composite qui ont travaillé avec détermination sur le Class40 ont un surplus de motivation à se focaliser désormais sur l’IMOCA.
 
D’un support à l’autre, le sens du professionnalisme, le souci du détail et la recherche de la performance sont toujours aussi prégnants. Chez Paprec Arkéa, il y a le goût prononcé du challenge… Jusqu’à la volonté farouche de « tenir les délais », ce qui est particulièrement difficile tant les aléas sont nombreux lors d’une phase de chantier. « Ce n’était pas grave de dépasser les délais initiaux mais j’ai pu constater que l’équipe technique avait à cœur de tenir la date initialement prévue, souligne Yoann. C’est tout à leur honneur et j’ai surtout l’impression qu’ils vont y arriver ! »
 
La mise à l’eau est donc l’affaire d’une poignée de semaines : elle est programmée pour fin janvier/début février. « C’est particulièrement favorable puisque l’absence de course dans les semaines et les mois qui viennent vont nous permettre d’assurer la prise en main et le développement du bateau ». Yoann ne s’en cache pas : il « s’imagine déjà à bord ». Le skipper souhaite surtout saluer « la qualité du travail et l’implication de chacun » qui donne corps à ce nouveau défi que tous espèrent aussi fructueux et riche en émotions que le précédent.

 

Source : I Delaune