Ça repart demain pour la plus longue étape de The Ocean Race, 30 jours de mer, Bonne Espérance, Cap Horn, Itajai

 

"C’est l’inconnu, mais nous avons hâte d’y être !" Avec ses 12 750 milles nautiques, la troisième étape de cette édition sera la plus longue des 50 ans de la course (14 éditions). Les bateaux de The Ocean Race quitteront le quai à midi, au Cap ce dimanche. Alors que la flotte s’apprêtera à entrer dans l’océan le plus isolé de la planète, l’enjeu sera de taille.

Crédit : Sailing Energy



Charlie Enright, skipper de 11th Hour Racing Team, a participé à la course à deux reprises: "Lorsque le parcours de la course a été annoncé, tout le monde a rapidement considéré cette étape comme la plus importante. Ça devrait durer entre 30 et 40 jours".

Le Grand Sud est le rêve de tout marin. La navigation ultime, lors de laquelle on peut se régaler à surfer sur d’énormes vagues pendant des semaines. "Le sud peut être incroyable", s’enthousiasme Charlie Enright. "Je veux dire, ce sont de puissants vents d’ouest qui vous propulsent au portant pour toujours... un rêve de marin. Mais c’est aussi une partie du monde assez dangereuse. En 2014-15, nous étions un groupe de jeunes marins et nous retrouver en tête de la flotte au passage du cap Horn a été un moment magique. Lors de l’édition suivante, nous avons démâté environ 50 milles après avoir franchi le cap Horn. Les mers du Sud peuvent offrir des surprises… aussi bonnes que mauvaises."

Paul Meilhat, skipper de Biotherm, a tardé à s’inscrire à The Ocean Race. Le skipper français pensait qu’il n’avait pas beaucoup de temps pour réunir le genre d’expérience qu’il voulait à bord, mais la troisième étape a facilité la tâche pour convaincre ses collègues IMOCA de rejoindre l’équipage. "Quand j’ai annoncé le projet et dit que je cherchais un équipage, ils ont tous demandé à faire cette étape. C’est l’étape dont tout le monde - le public, les journalistes - parle, car elle représente presque la moitié de la course en termes de milles, c’est la plus longue de l’histoire de cette course. Donc, oui, c’est une étape décisive.

"Mais il ne faut pas oublier qu’elle compte coefficient 10. C’est une grosse partie de la course, nous devons nous concentrer non seulement sur cette étape mais sur The Ocean Race dans sa globalité. C’est pourquoi l’objectif le plus important est d’arriver à Itajaí pour pouvoir terminer la course
."

Deux autres skippers français sont également très conscients de l’importance de cette étape pour déterminer l’issue de The Ocean Race dans quatre mois. Ni Kevin Escoffier ni Benjamin Dutreux ne veulent prendre pour acquis les résultats des deux premières étapes. Kevin Escoffier et l’équipe Holcim - PRB affichent un score parfait avec deux victoires d’étape sur l’Atlantique, mais ils ne considèrent pas leur succès comme acquis, tandis que Benjamin Dutreux et GUYOT environnement - Team Europe ont terminé à la dernière place lors des deux premières étapes.

Benjamin Dutreux est persuadé que le classement ne reflète pas le niveau de performance de l’ensemble de la flotte. Après tout, l’équipe GUYOT a occupé la tête pendant une grande partie de la deuxième étape. "Je suis très content du début de la course, même si le classement ne le montre pas", a déclaré Benjamin Dutreux, qui n’a pas participé à la deuxième étape depuis le Cap-Vert. "Le classement, ce ne sont que des chiffres, et ce que je ressens, c’est que le niveau est très élevé et très serré au sein de la flotte. Nous nous battons avec les autres bateaux, et nos points ne le montrent pas. Mais je suis très heureux de la lutte et de l’effort que nous avons fourni pour faire naviguer le bateau, et c’est le facteur le plus important. Je sens que nous faisons de bons progrès, et j’ai hâte de remonter à bord et de me battre pour cette étape de dingue, qui équivaut à 20% de la course."

Le skipper de Team Holcim- PRB, Kevin Escoffier, affiche son énergie habituelle, même s’il ne se sent pas tout à fait remis. "Nous nous sommes un peu reposés ici au Cap, mais pas assez. J’aurais aimé passer plus de temps ici, et pour l’équipe technique, il a été difficile de préparer le bateau à temps pour la prochaine étape. Il y a encore beaucoup de distance à parcourir. Comme Paul l’a dit, le plus important est que nous arrivions à Itajaí. Lorsque nous avons commencé à Alicante en janvier, nous poussions déjà le bateau à 100 %, voire plus. Je ne sais pas si nous tirons trop fort sur le bateau. Je pense que c’était assez facile dans l’Atlantique, parce que nous avons des références venant d’autres expériences dans cette région. Pour la prochaine étape dans les mers du Sud, ce sera complètement différent. Nous devons trouver une nouvelle façon de régler le bateau, pour maintenir une bonne vitesse moyenne sans trop solliciter le bateau. Avec le Team Holcim - PRB, nous n’avons jamais fait 30 jours d’affilée en mer. C’est l’inconnu, mais nous avons hâte d’y être".

Tout comme Boris Herrmann, de Team Malizia, qui ne cache pas que son bateau a été construit en pensant à l’océan Austral. "Vous ne pouvez pas construire un bateau qui soit bon pour toutes sortes de conditions de vent et de vagues", a déclaré le skipper de Team Malizia. "Mais le vent arrière dans des conditions fortes est ce pour quoi nous et (nos concepteurs) VPLP avons conçu ce bateau. J’espère que nous pourrons en profiter lors de la troisième étape et prouver que le bateau est bon pour de telles conditions dans les mers du Sud."

Boris Herrmann note également qu’il faut changer d’état d’esprit en sortant de l’Atlantique pour aller vers le Grand Sud. "Ce que nous sommes sur le point de faire, je pense que c’est vraiment l’apogée de The Ocean Race, et très différent des autres étapes. C’est presque un autre type de navigation ou de course. Dans l’Atlantique, nous sommes habitués à des régates très serrées, à être très concentrés sur la performance tout le temps. Mais aller dans les mers du Sud est une tout autre aventure.

"Si nous avons besoin d’être secourus, il faut parfois 10 jours à un navire pour arriver dans ces régions et pouvoir nous porter assistance. Nous sommes à des milliers de kilomètres de la terre la plus proche. Nous sommes vraiment livrés à nous-mêmes.
"

Source : TOR