Advens 2, un nouveau bateau pour Thomas Ruyant, une nouvelle base et un nouveau type d’organisation au sein de la Classe IMOCA

 

TR Racing se présente désormais comme la première équipe IMOCA actuelle qui intègre deux bateaux et deux skippers, au sein de sa propre base à Lorient. Celle-ci est actuellement en construction et jusqu'à 30 personnes y travailleront les trois prochaines années.



Crédit : TR Racing 

C’est une grande nouveauté pour l’équipe, conjointement financée par Advens, le leader français de la cybersécurité, et Leyton, cabinet de conseil international. Les deux bateaux seront skippés par Thomas Ruyant, vainqueur de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe en 2022, et Sam Goodchild, talentueux marin britannique qui fait son entrée en IMOCA.

Jeudi dernier, le nouveau bateau de Thomas Ruyant, baptisé For People, a été mis à l'eau à Lorient, tandis que les premiers murs de la nouvelle base technique étaient en train de s’élever. A la mi-avril, Sam Goodchild sera de retour de l’étape du Grand Sud de The Ocean Race, qu’il dispute à bord de Holcim-PRB. Ce sera alors la remise à l'eau de son bateau, l’ex-LinkedOut, dont le nouveau nom n'a pas encore été révélé.

Ce projet de mutualisation, qui continue de soutenir l’association Entourage, suscite évidemment la comparaison avec les écuries de Formule 1. Pour Thomas Ruyant, le gain sportif de ce nouveau fonctionnement peut être énorme, et c’est selon lui le meilleur tremplin vers la victoire du prochain Vendée Globe. C’est le rêve absolu de ce marin qui a joué dans le trio de tête pendant 75% de la dernière édition, mais qui avait finalement terminé à la sixième place au classement final.

Thomas Gaveriaux, directeur général de TR Racing, est très clair sur l'objectif. Il reconnaît que l’écurie crée un système sans précédent en matière d'organisation d'équipe en IMOCA. "C'est pour nous la meilleure route à suivre pour permettre à Thomas d’aller chercher la victoire sur le prochain Vendée Globe avec ce bateau, et à Sam d’appréhender le circuit IMOCA de la meilleure des façons,” déclare-t-il.

"Nous aimons construire notre propre chemin, dans un environnement qui devient très compétitif et de plus en plus professionnel”, ajoute-t-il. “Nous avons décidé de ce fonctionnement avec Thomas Ruyant et avec le soutien de notre sponsor Advens. Maintenant, avec Sam et Leyton qui nous rejoignent, nous avons la capacité d'exécuter ce qui semble être le parcours ultime vers le Vendée Globe".

Thomas Gaveriaux cite de multiples avantages à cette organisation à deux bateaux et deux skippers. Il parle d’abord de l'utilisation de l'ancien bateau, qui a été développé et optimisé au cours des quatre dernières années et qui est considéré comme une référence dans la Classe. Il permettra donc d’accélérer la courbe d'apprentissage du nouveau foiler. Ce fonctionnement est aussi pour lui l'opportunité de développer l'équipe en apportant de nouvelles compétences ainsi que des avantages financiers liés au partage des coûts, ou encore une efficacité accrue en termes de logistique, design et gestion de projet, ainsi bien sûr qu’un gain en performance pour les deux skippers.

"Les gens comparent ce que nous faisons à la façon dont certaines équipes de sport automobile sont constituées, en particulier en Formule 1, parce que leur fonctionnement est assez évident et facile à comprendre", explique Thomas Gaveriaux. "Mais nous visons probablement quelque chose de beaucoup plus intégré et nous nous appuyons sur la richesse des relations entre tous les individus qui composent l'équipe que nous construisons, afin d'améliorer les performances des deux skippers."

Thomas Ruyant, 41 ans, est impatient de naviguer sur son nouveau bateau. Ce 60 pieds, dessiné par Antoine Koch en collaboration avec le cabinet Finot-Conq, est un sistership du nouveau Paprec Arkéa skippé par Yoann Richomme

"Notre objectif est d'augmenter la vitesse moyenne au large", déclare le skipper. "C’est sûr que les lignes de carènes et les choix faits en terme de design sont assez radicaux et tranchés par rapport aux derniers bateaux sortis qui sont plutôt typés scow. Le nôtre a une carène à deux étages, avec de la largeur à l’avant sur le haut et des entrées d’eau très fines en-dessous. Il y a beaucoup de détails qu'on ne voit pas. On voit surtout l’étrave, mais l’ensemble de la carène est très raffiné. Il y a beaucoup de puissance et une grosse évolution aussi sur les foils."

Après les nombreux podiums qu’il a remportés avec son ancien plan Verdier LinkedOut, se positionner avec un bateau neuf aujourd’hui est évidemment une prise de risque pour le skipper. "Il y a un peu de risque à changer de bateau, d’architecte et de design team", explique-t-il. "Mais en même temps, je suis assez sûr des choix que nous avons faits. Nous discutons avec Antoine Koch depuis deux ou trois ans, nous avions beaucoup collaboré sur la compréhension de l’ancien bateau déjà.”

Le Nordiste a à cœur de gagner le Vendée Globe, et adore le format du Championnat IMOCA GLOBE SERIES qu’il dit “avoir bien progressé, avec 40 bateaux et des marins exceptionnels", contre lesquels il veut aller régater. "Ce qu’il se passe dans la Classe IMOCA est fou. Le circuit de courses est maintenant bien en place et The Ocean Race amène une internationalisation très appréciée par nos partenaires. Ce qu’il se passe sur l'eau en ce moment nous donne tous envie d'y être - je n'ai pas du tout envie de m'arrêter !", s’enthousiasme-t-il.

Thomas reconnaît que Sam sera un redoutable coéquipier, qui aura la capacité de le battre sur son ancien bateau. "Je suis ravi qu'un si bon marin prenne en charge mon ancien IMOCA, car nous avons consacré beaucoup d'énergie à le faire progresser", déclare-il. "Nous voulons que Sam continue de bien naviguer et à jouer aux avant-postes. Il y aura certainement des courses où Sam finira devant moi, mais mon objectif est surtout le Vendée Globe. Les autres courses nous permettront d'être prêts et ce qui est sûr, c'est qu'une fois la ligne de départ franchie, Sam sera un concurrent comme un autre.”

Thomas Gaveriaux précise qu’en plus des objectifs sportifs, TR Racing reste le porte-voix de la cause que l’équipe soutient depuis 2020, LinkedOut, une initiative de l’association Entourage, qui assiste les personnes isolées et en situation de précarité dans leur retour à l’emploi. D’autres associations rejoindront aussi prochainement le projet.

"Nous n'allons pas divulguer le détail des finances des partenaires actuels”, déclare-t-il, "mais nous avons la chance d'avoir deux sponsors solides pour l’ensemble du programme, qui sont tous deux partenaires historiques de chacun des skippers. Les deux unissent leurs forces afin de proposer un programme pleinement engagé dont l'objectif premier est de donner le plus de visibilité possible aux causes que nous défendons".

Source : IMOCA