Charlotte Yven : " J’ai super hâte de partir, d’être en mer… ", la Skipper Macif 2023 embarque sur la Transat Paprec avec Lois Berrehar

 

L’avitaillement est chargé, le bateau fin prêt ; et les deux complices du Figaro Bénéteau 3 Skipper Macif, le sont tout autant. Tout est en place et en ordre de marche pour au minimum 18 jours de course à deux. Le monotype s’est alourdi d’environ 300 kg, dont 100 litres d’eau obligatoires. Au chapitre de la nourriture, tout y est, à part un peu de frais : quelques lyophilisés, beaucoup de plats appertisés, des biscuits, du café et du chocolat, « avec pas loin d’une tablette par jour de mer » indique Loïs. « On a fait attention au poids embarqué, mais on n’a pas lésiné sur les petits plaisirs » complète son binôme, dont le sourire trahit l'impatience de disputer cette Transat Paprec, une course d’envergure qui revient pour sa 16è édition sous le signe de la mixité. Aussi symbolique soit-elle, la victoire du duo Skipper Macif sur le prologue d’ouverture quelques jours plus tôt confirme que tous les indicateurs sont au vert pour ces deux solitaires du bord qui forment visiblement une paire préparée, affutée, et motivée.

Crédit : P Bouras


Charlotte  Yven : plus rassurée que stressée

« Plus le départ approche, plus je me rends compte que je pars traverser l’Atlantique. J’ai super hâte. De partir, d’être en mer… Je ne suis pas de nature stressée, et je suis rassurée par le fait de partir avec Loïs, qui a déjà l’expérience » déclare la Skipper Macif 2023, à la veille de prendre le départ de sa toute première transat. Plus que de la pression, c’est donc bien l’excitation de se jeter dans le grand bain de cette course longue de 3 890 milles (7 205 km) qui l’emporte. À ses côtés, Loïs Berrehar - sept traversées au compteur, dont trois en Figaro -, ne cache pas ressentir un léger trac monter. « Mais c’est normal, c’est cette pointe d’adrénaline qui accompagne les grands départs » lâche-t-il pour expliquer que ce genre de petite boule au ventre s’évacue sitôt la ligne de départ franchie. Car, pas de routine qui tienne sur ce type de course au large et sur un parcours en direction de Saint-Barthélemy qu’il connaît pourtant bien.

Loïs Berrehar : faire mieux que la dernière fois

« Ce n’est jamais anodin de traverser l’Atlantique, mais avant un départ, il y a forcément des automatismes et des réflexes qui reviennent : dans la check list, dans la job list… que ce soit pour l’avitaillement ou le matériel de spare. Ce sera ma troisième transat en Figaro, et l’envie d’y aller reste intacte. D’autant plus que je ne l’ai encore jamais gagnée. C’est motivant ! » avance le complice de Charlotte. Il ne cache pas son objectif : faire mieux que la dernière fois, lors de sa deuxième participation qui s’était terminée sur une belle 3è place. « On a toujours envie de progresser dans la vie. On se prépare à faire mieux pour gravir le plus de marches possible sur le podium » justifie-t-il.

La belle alchimie du double vue par deux solitaires

Le quart du matin pour Charlotte, celui du soir pour Loïs. Au-delà de cette règle inscrite dans le marbre de la complémentarité de leurs personnalités, c’est sur un mode de fonctionnement plutôt souple et pragmatique, pour toujours s’adapter aux conditions de mer et aux enjeux de la compétition que Loïs et Charlotte envisagent avaler les milles face à dix autres duos promettant de ne pas leur rendre la partie facile.

Pour se donner les moyens de leurs ambitions, ils peuvent compter sur leur belle complicité cultivée sous le signe du partage lors de leur préparation hivernale. « On a la chance de bien maîtriser tous les deux le support et la navigation en solitaire sur ce bateau. On a le même projet, le même sponsor et un objectif commun » précise le Skipper Macif 2022. « Mine de rien, sur une transat en double, on se croise pas mal. Le plus souvent, quand l’un est à l’extérieur, l’autre est à l’intérieur. Partant de là, on se répartit les rôles à 50/50. En termes de stratégie, on fonctionnera selon ce même principe. Deux cerveaux qui travaillent sont souvent plus efficaces qu’un seul… » Des propos que partage volontiers la co-skipper du bord : « On est deux Skipper Macif. On part avec le même objectif en tête, bien alignés de A à Z. On est à fond, sur un pied d’égalité. Sur cette saison, on forme une vraie équipe, et pas juste pour la transat. » Un début de course en douceur, mais gare aux premières difficultés…

Christian Dumard qui les accompagne dans la préparation météo est bien placé pour mesurer cette complicité construite sur la complémentarité. « Les deux connaissent super bien le bateau qu’ils savent tous les deux faire bien avancer, mais avec des approches de navigation un peu différentes. Charlotte me semble plus cartésienne, tandis que Loïs fonctionne plus à l’intuition » détaille ce spécialiste des cartes et modèles. Deux qualités qui seront tout autant utiles pour déjouer les pièges sur la route des Antilles. Et ce dès les premiers jours de course dans des vents modérés au portant, parfois erratiques avant une descente qui risque de se compliquer le long du Portugal après le passage du cap Finisterre, trois jours après le départ. « Dans des vents anticycloniques, pas très stables, cette transat débutera par une mise en jambe en douceur sur le plan physique. En revanche, il leur faudra rester bien concentrés, détaille le météorologue. Un empannage un peu tardif peut faire perdre beaucoup. Des petites nuances peuvent créer de grandes différences… » précise-t-il. De quoi donner du fil à retordre au duo Skipper Macif, fin prêt et au taquet pour donner le meilleur de lui-même tout au long des trois semaines de mer qui l’attendent dès demain, à partir de 13h02, au départ de Concarneau.

Source : S Guého