Victoire d'étape et leader au général de The Ocean Race pour 11Th Hour, l'équipier Simon Fisher : "trouver le juste équilibre entre vitesse et sécurité"

 

S'il fallait choisir un mot pour résumer cette cinquième étape de The Ocean Race entre Newport et Aarhus, ce serait peut-être "intensité". D'un côté à l'autre de l'Atlantique, les trois premiers bateaux de la course se sont livrés à une lutte acharnée, "se tirant la bourre" et poussant leur IMOCA dans leurs derniers retranchements, à la recherche de la moindre once de vitesse au portant, des conditions souvent idéales pour ces foilers de dernière génération.


Crédit : Sailing Energy


L'objectif de chaque équipe était de remporter cette étape à coefficient deux (le vainqueur marquait 10 points). Aussi, cette course acharnée fut marquée par un nouveau record du monde de distance parcourue en 24 heures en monocoque offshore. Team Malizia, qui termine troisième de l’étape seulement cinq minutes derrière Holcim-PRB, signe cette superbe performance en atteignant la barre des 641,13 milles parcourus, un exploit en IMOCA.

En tête de la course vers Aarhus, l'équipage de 11th Hour Racing Team, composé du skipper Charlie Enright, du navigateur Simon Fisher et des marins Charlie Dalin et Justine Mettraux, n’a pas hésité à foncer pied au plancher tout au long de la course. Ils n'ont jamais baissé leur garde, laissant Holcim-PRB prendre la tête du classement qu’une brève période lors du quatrième jour de mer.

Cela dit, les favoris d'avant-course ont fait preuve d'une grande maîtrise et ont manifestement tiré profit de leur nouvel état d’esprit plus “agressif". Ils remportent aujourd’hui leur deuxième victoire d'étape consécutive - après avoir gagné à Newport, dans leur port d’attache - et se placent désormais en tête du classement général avec un point d'avance sur Holcim-PRB. Il ne reste plus que deux "legs" à disputer avant la finale à Gênes, et cette étape donne l'impression d'un grand changement de dynamique en faveur de 11th Hour Racing Team. Le classement est serré et la finale pourrait bien se jouer entre l’équipage de Charlie Enright et celui de Kevin Escoffier.

Pour mieux comprendre le niveau d'intensité à bord du foiler américain tout au long de cette remarquable transatlantique, Simon Fisher raconte peu de temps après l’amarrage de l’IMOCA au Danemark. Au départ de Newport, l’objectif était clair : ils visaient la victoire.

"C'était un peu comme si ça passait ou ça cassait pour nous", déclare Si-Fi. "Il s'agissait de gagner cette étape à double points pour rester dans le match jusqu’à la finale. Tout le monde s'est donné à fond pour que le bateau soit prêt à partir dans les meilleures conditions et ensuite, le fait de monter à bord et de naviguer sur une étape si intense, c’était génial.

Simon Fisher décrit également une pression incessante qui pesait pour naviguer à la vitesse maximale, 24 heures sur 24. "C'était assez intense et c'était aussi très rapide", déclare-t-il. “Toutes les heures, nous recevions les relevés de position et nous n'en rations pas un pour comparer nos performances à celles des autres. A chaque heure, nous regardions les chiffres et nous nous demandions si on allait assez vite où si nous pouvions encore accélerer.”

"Parfois, vous pouvez expliquer pourquoi un bateau va plus vite qu’un autre en fonction du vent", poursuit-il, "mais il arrive tout simplement qu'un autre bateau soit plus rapide et vous devez alors trouver comment aller aussi vite que lui. Parfois, cela va dans votre sens, parfois non. Nous avons travaillé dur et avons choisi des tactiques relativement agressives pour prendre le plus d’avance possible dès les premières heures de course.”

Les conditions les plus difficiles et potentiellement dangereuses sont apparues à l’approche du nord de l’Écosse. La mer était formée et les vents atteignaient les 30-40 nœuds. A ce moment-là, Charlie Enright a décidé de ne pas ralentir la cadence, même si l’équipe était bien consciente qu’elle pouvait casser le bateau.

"Le sommet de l'Écosse était assez difficile... et tout le monde sait que ces bateaux sont beaucoup plus faciles à naviguer sur mer plate", déclare Simon Fisher. "Tout le monde a fait un travail formidable en continuant à pousser la machine, même lorsque les conditions étaient très difficiles. Nous avons réussi à trouver le juste équilibre entre vitesse et sécurité.

Simon Fisher, 45 ans, court actuellement sa sixième The Ocean Race, course qu’il a déjà remportée en 2014-15 aux côtés de Ian Walker sur Abu Dhabi Ocean Racing. Comment s'est déroulée cette étape ? A-t-elle été à la hauteur de ses meilleurs souvenirs ? "Oh, absolument", affirme-t-il. "C'est sans aucun doute l'une de celles dont je me souviendrai le plus. C'est aussi une étape que je voulais vraiment gagner. Je suis donc très heureux que cette incroyable navigation nous ait menés à la victoire. Je pense que nous avons tous été très impressionnés à bord par les performances des IMOCA et je pense que les spectateurs l’ont été aussi. Cela montre bien le potentiel de ces bateaux..."

Enfin, nous avons demandé à Si-Fi et à ses coéquipiers quel serait leur plan de match jusqu'à l’arrivée à Gênes. "Je pense que nous devons continuer à faire ce que nous avons réussi à bien faire jusqu’ici", déclare le Britannique. “Si nous voulons remporter cette course, nous devons courir chaque étape comme si c'était celle que nous devions gagner. C’est certainement ce que nous avons ressenti ces derniers jours.

Au sein du Team Malizia, le navigateur Yann Eliès parle de la difficulté de pousser un IMOCA vers un record du monde de distance. "Pendant les 24 heures, c'était un peu comme toute la transatlantique", explique-t-il. "C'était très intense et difficile à vivre à bord car on n'atteint pas ces vitesses sans un certain inconfort. Les chocs sont si douloureux pour le corps et tout devient difficile, même de manger et dormir. Parfois, on passe quatre heures dans sa couchette, à s'accrocher, en espérant grignoter quelques minutes de sommeil, mais ça fait partie du jeu… Puis à la fin, quand on traverse l'Atlantique en sept jours et demi, on se dit que ça valait le coup", ajoute-t-il en souriant.

11th Hour Racing Team ne figurera pas dans la liste des records, mais Si-Fi n’est pas déçu pour autant. "Nous avons été les premiers à dépasser les 600 milles, nous avons donc prouvé à tout le monde que c'était possible, et les autres ont ensuite enfoncé le clou - c'était incroyable", déclare-t-il. "Je suis heureux qu’un équipage ait pu remporter ce record des 24 heures, ça ne nous enlève en rien la victoire de l’étape."

CLASSEMENT DE L'ÉTAPE 5

1 - 11th Hour Racing Team termine le 29/05 à 02:56:49 UTC, après 7j 08h 41min 49s de course
2 - Team Holcim-PRB termine le 29/05 à 07:22:03 UTC, après 7j 13h 07min 03s de course
3 - Team Malizia termine le 29/05 à 07:27:50 UTC, après 7j 13h 12min 50s de course
Biotherm est toujours en course et devrait arriver à Aarhus en fin de semaine.

Source : J Huvé