Deuxièmes à Aarhus, Kevin Escoffier et Holcim PRB rétrogradent au général, Sam Goodchild : "les jeux sont loin d'être faits"

 

Il aura fallu moins de 8 jours à la flotte des IMOCA pour traverser l’Atlantique et rallier le Danemark depuis Newport, aux États-Unis. Dans une folle étape menée à des vitesses spectaculaires, ce sont les américains de 11th Hour Racing Team qui s’imposent. L’équipage de Holcim-PRB s’empare de la 2e place au terme d’un finish mémorable avec Malizia le long des côtes danoises.

Crédit : Sailing Energy



"Interpréter d’autres sensations, d’autres capteurs" dixit Kevin Escoffier

Kevin Escoffier, Abby Ehler, Charles Caudrelier et Sam Goodchild ont mené une bataille intense sur ces 3 500 milles de course. Le sommeil s’est fait rare et les organismes ont été mis à rude épreuve pour tenter de revenir sur les leaders. A plusieurs reprises, le bateau vert et bleu s’est rapproché dangereusement de 11th Hour Racing Team. On a même compté moins de 10 milles d’écart entre les deux monocoques à l’approche de l’Europe. Mais l’équipage de Holcim-PRB a dû effectuer quasiment toute la traversée sans information de vent suite à la chute des deux aériens 48 heures après le départ et n’a pu exploiter parfaitement le vent rencontré pendant ces 7 jours de course. Privés d’information concernant l’angle et la force du vent, Kevin Escoffier et ses équipiers ont été pénalisés dans la conduite du bateau et dans leurs choix stratégiques. « On n'avait aucune information vent sur le bateau. C’est-à-dire qu’on ne savait pas quel était l’angle du vent par rapport au bateau, ni la force du vent. Donc quand on allait à peu près tout droit et que tout allait bien, c'était gérable. Par contre quand le vent était variable, qu’il fallait faire des empannages ou des choix de voile, c'était difficile. Ça a eu un impact à la fois sur la performance et sur la stratégie. On n'arrivait pas exactement à savoir d’où venait le vent, et c'était très compliqué de naviguer au feeling. Donc on barrait avec les informations de vitesse, d’angle de gîte. Il a fallu apprendre à interpréter d’autres sensations, d’autres capteurs que ceux du vent. On s'est aussi appuyé sur les routages qui nous donnaient une information pour se caler, mais les routages ne sont pas toujours exacts. » explique Kevin Escoffier.

Cette traversée de l’Atlantique était dotée d’un coefficient double. Avec cette 2e place à Aarhus, Holcim-PRB cède donc sa couronne de leader du classement général. Kevin et son équipage sont désormais 2e du classement à 1 point seulement de 11th Hour Racing Team, nouveau leader et 3 points devant Malizia, qui s’est classé 3e à Aarhus.

Accueillis sur le ponton d’Aarhus par toute leur équipe technique, Kevin Escoffier, Abby Ehler, Charles Caudrelier et Sam Goodchild affichaient des visages fatigués. Après le démâtage survenu au large du Brésil, l’équipe abordait cette cinquième étape avec beaucoup d’envie et la volonté de protéger son leadership. Les joutes qui se sont déroulées au cœur de l’Atlantique ont été d’un très haut niveau et Holcim-PRB a une nouvelle fois démontré un fabuleux potentiel battant même le record absolu de distance parcouru sur 24 heures par un monocoque (640,91 milles) avant que celui si ne soit battu de nouveau quelques heures après par Malizia (641,13 milles). Mais la puissance de Holcim-PRB n’aura pas suffi face à 11Th Hour Racing Team qui a déroulé une copie quasiment parfaite entre les Etats-Unis et l’Europe malgré le choc avec un mammifère marin.

Sam Goodchild : "les jeux sont loin d'être faits"

L’enjeu sur les deux étapes restantes va donc être crucial. Il reste encore 10 points à prendre avant l’arrivée finale à Gênes. Tout reste possible et l’ensemble de l’équipe Holcim-PRB a envie d’y croire. « Cette étape était géniale, même si nous avons eu quelques soucis à bord. Notre course a pris une tournure différente lorsque les aériens ont cassé, ce qui nous a pénalisé en terme de données de vent dès le 2e jour. Sans aérien, on perd rapidement toutes nos références : est-ce qu’il faut prendre un ris, comment est le vent… sont des questions auxquelles on a plus de mal a répondre. On a dû estimer beaucoup de choses par nous même, donc nous avions envie de faire au mieux et de gagner cette course mais ce n’était pas évident. On a tout donné, on s’est vraiment battus. Je pense que personne dans l’équipage n’a dormi depuis au moins 24 heures, on est tous cramés, je suis vraiment heureux de mettre pied à terre maintenant. Terminer en 2e position, ça n’était pas notre objectif, mais ça reste vraiment un beau résultat tenant compte des soucis techniques que nous avons eu à bord. La suite reste encore à écrire et les jeux sont loin d'être faits. Cette fin de course va être passionnante. » commente Sam Goodchild.

Le départ de la sixième étape aura lieu le jeudi 8 juin. La flotte s’élancera sur un sprint 800 milles vers La Haye, aux Pays-Bas en passant par la ville allemande de Kiel.

Source : Effets Mer