Charles Caudrelier sur les talons de Tom Laperche, "dans le bon timing pour prendre un train de dépressions" sur l'Arkéa Ultim Challenge

 

La bagarre que se livrent les skippers Tom Laperche et Charles Caudrelier, désormais lancés à pleine vitesse dans la descente de l’Atlantique Sud, est de haute volée. Mais l'Arkéa Ultim Challenge ne fait que débuter comme le rappellent les marins. 

Crédit : V Olivaud


« Le bilan est positif puisque nous sommes bien placés. La première semaine de course a été intense, ambiance Figaro ! Nous sommes au contact, en mode régate depuis Brest… D’abord avec l’ensemble de la flotte et depuis quelques jours avec Tom (Laperche, ndlr) nous avons fait le break. C’est particulier et je me demandais comment nous allions tenir car n’est pas exactement une cadence de tour du monde. Mais là, le rythme s’installe, les bords sont plus longs et nous avons moins de transitions à gérer et donc de lourdes manœuvres de voiles. Je commence à bien faire corps avec le bateau, je m’alimente bien et mon sommeil se cale. Nous sommes partis depuis 8 jours et je n’ai pas vu passer cette première semaine de course. Quand le bateau nous laisse un peu de temps finalement c’est pour aller dormir. Je n’ai pas encore écouté de musique, de podcasts… C’est la régate ici ! La régate à l’échelle planétaire. C’est assez grisant », confiait Charles Caudrelier.

L’Atlantique Sud ouvre ses portes

À quelques kilomètres de la base lorientaise du Gitana Team, une cellule météo se relaye nuit et jour pour accompagner Charles Caudrelier. Ainsi, ils sont trois experts – Erwan Israël, Julien Villion et Benjamin Schwartz – à assurer des quarts pour décrypter les différents modèles météos sur lesquels ils basent chaque jour leur analyse et pour co-construire la route du Maxi Edmond de Rothschild sur ce défi planétaire. Dans leur mission, ce trio bénéficie également de la grande expertise du météorologue américain Chris Bedford, qui accompagne l’équipe depuis quelques années désormais.

En fin de matinée, Julien Villion livrait son analyse des jours à venir et nous présentait ainsi la physionomie de cette deuxième semaine de mer : « Nos observations des derniers jours se confirment et l’Atlantique Sud semble plutôt se présenter favorablement pour nous. Depuis le passage de l’équateur samedi soir, c’est rapide et depuis la fin de nuit, la route, qui consistait à faire du Sud le long du Brésil, s’est incurvée vers le Sud-Est. Nous glissons désormais le long de la bordure Ouest de l’Anticyclone de Sainte-Hélène. Le vent a adonné ce qui nous permet d’infléchir notre trajectoire et de débuter notre long bord vers Bonne-Espérance. Quand on regarde au Sud c’est assez dynamique avec des belles dépressions qui circulent. Et nous sommes justement dans le bon timing pour prendre un train de dépressions. La bonne nouvelle est que nous devrions pouvoir rester en avant d’un front pour cette descente, avec une mer très maniable. Schématiquement, nous nous glissons dans un couloir de vent portant entre l’Anticyclone de Sainte-Hélène et les dépressions qui circulent au Sud.

Les prochaines 24 heures vont être consacrées à affiner notre trajectoire dans ce couloir de vent. Comme toujours, ça sera un compromis entre la bascule et la force du vent pour progresser au plus vite vers la pointe de l’Afrique du Sud. Nos routages nous voient à la longitude de ce premier cap vendredi après-midi.
»

Changement d’ambiance à venir

Naviguant actuellement le long des côtes brésiliennes, cet après-midi le géant aux cinq flèches croisait au large de la latitude de Rio de Janeiro, l'atmosphère est estivale sur les ponts et dans les cockpits des maxi-multicoques. Mais, bien que la chaleur complique les phases de sommeil et la vie à bord, Charles Caudrelier profitait au maximum de ces conditions pour mettre de l’ordre dans le bateau et même faire ses lessives… Rompu aux tours du monde, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild sait bien que dès le milieu de semaine, l’ambiance sera toute autre. Une fois embarqué dans la fameuse rampe de lancement vers les mers du Sud, les températures vont drastiquement baisser et la garde-robe lourde sera de nouveau d’actualité, comme le soulignait le marin du Gitana Team : « D’ici deux-trois jours on va commencer à sentir le froid qui vient du grand Sud, on va rentrer dans du vent et ça sera parti pour le grand tour ! »

Classement du lundi 15 janvier, au pointage de 17h

1) SVR Lazartigue - Tom Laperche
2) Maxi Edmond de Rothschild - Charles Caudrelier à 42,9 milles du leader
3) Sodebo Ultim 3 - Thomas Coville à 427,4 milles
4) Maxi Banque Populaire XI - Armel Le Cléac'h - à 719,6 milles - En escale technique.
5) Actual Ultim 3 - Anthony Marchand - à 996,4 milles
6) Ultim Adagio - Eric Peron - à 1898,8 milles

Source : T Combot Seta