"Un bon mal de tête" pour Charles Caudrelier, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild ne ménage pas ses efforts

 

Ce vendredi 26 janvier, Charles Caudrelier entame son 20e jour de mer, dont la moitié passée en tête de l’Arkea Ultim Challenge – Brest. Hier, en fin de journée française, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild a franchi la longitude du cap Leeuwin, à la pointe Sud-Ouest du continent australien après 18 jours 5 heures 44 minutes et 5 secondes. Un temps canon qui permet au marin du Gitana Team d’établir une nouvelle référence en solitaire entre la pointe bretonne et le deuxième cap emblématique du tour du monde. 

Crédit : Y Riou - Gitana SA


Un nouveau temps de référence en solitaire à Leeuwin

Hier, jeudi 25 janvier, Charles Caudrelier et le Maxi Edmond de Rothschild ont franchi la longitude du cap Leeuwin, à la pointe Sud-Ouest australienne, à 19h 14min et 05 secondes (heure française) après 18 jours 5 heures 44 minutes et 5 secondes de course.

Lancé dans une course autour du monde et non dans une tentative de record, le leader de l’Arkea Ultim Challenge - Brest le martèle, les chiffres l’importent peu et seul son classement compte. Pour autant, grâce son incroyable navigation, le skipper du Gitana Team s’offre au passage le nouveau meilleur temps de référence en solitaire entre Ouessant et le cap Leeuwin. Pour mémoire, en 2017, François Gabart avait parcouru ce tronçon en 19 jours 14 heures et 10 minutes, soit 1 jour 8 heures et près de 25 minutes de mieux pour Charles Caudrelier.

Depuis le départ de Brest le 7 janvier dernier, le Maxi Edmond de Rothschild a réellement parcouru 13 007 milles, soit une vitesse moyenne de 29,54 nœuds. Un chiffre impressionnant qui témoigne du rythme imprimé par Charles Caudrelier depuis plus de 18 jours.

Le Pacifique à portée d’étraves

Avant un week-end bien actif, Erwan Israël, l’une des pièces maitresses de la cellule de routage du Gitana Team, nous apportait quelques éclaircissements sur la situation en cours au Sud de l’Australie : « Depuis 24h nous avions mis du Nord dans notre route, en acceptant de perdre un peu de temps sur la route optimale, pour laisser passer le plus fort d’une dépression dans notre Sud. Là nous avons re-empanner vers le Sud-Est et les conditions vont mollir crescendo d’ici la nuit prochaine. Charles navigue dans 30-35 nœuds avec une mer de 5-6 mètres c’est déjà bien suffisant. Pour la suite, nous jouons avec un vent d’Ouest Sud-Ouest dans une dorsale anticyclonique en attendant l’arrivée de la prochaine dépression. Dès que nous serons sous l’influence de ce nouveau système nous profiterons d’un flux de Nord-Ouest à l’avant du front. »

Le skipper du Maxi Edmond de Rothschild profite de ces dernières heures de navigation dans l’océan Indien puisque demain, samedi 27 janvier, dans la soirée il devrait faire son entrée dans le Pacifique une fois le cap du Sud-Est, le point le plus méridional de Tasmanie, doublé.

De nature discrète, Charles Caudrelier n’est pas le marin le plus volubile de la flotte et sur ce tour du monde il est parfaitement fidèle à sa réputation. « Je n’ai pas fêté le cap Leeuwin, désolé, mais j’étais bien crevé de toutes les manœuvres de ces derniers jours le long de la Zone d’Exclusion Antarctique. J’avais des petits soucis techniques à régler, j’ai dû démonter un winch, et je n’ai pas beaucoup dormi. Du coup les moments un peu plus calmes j’ai essayé de les consacrer à des phases de repos, et il n’y en a pas eu beaucoup. J’ai eu un petit coup de mou ces dernières 24h, avec un bon mal de tête. Je pensais que c’était l’eau mais, au final, je manquais de sommeil et je payais sûrement l’effort. Là j’ai pu récupérer et ça va beaucoup mieux », assurait le marin.

Cet enchaînement de manœuvres qu’évoque Charles Caudrelier représente dix-neuf empannages en trois jours, entre lundi matin, le contournement de îles Kerguelen, et hier matin. Sans compter les heures de réglages associées à ces changements de direction, le tout en bordure de la ZEA avec par conséquent un stress supplémentaire de franchir la ligne « interdite » tout au long de la journée.

Les yeux déjà tournés vers le prochain océan qui l’attend, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild nous confiait sa vision des prochains jours : « C’est bien d’avoir passé Leeuwin mais mon objectif c’est de sortir de l’Indien et ça sera le cas demain soir à priori, en passant la Tasmanie. Dès demain aussi, je sais que c’est la fin de la chaleur. Je navigue encore en polaire là. J’attaque la « face Nord » de la course. Je vais être très très Sud, entre 55 et 57° Sud souvent, ce qui est la latitude du cap Horn. J’ai rarement navigué aussi longtemps à ces latitudes. Ça sera une première ! Je m’attends à du froid et 7-8 jours un peu rigoureux mais à la sortie il y a le cap Horn ! » ­

Classement du vendredi 26 janvier, au pointage de 15h :

1) Maxi Edmond de Rothschild - Charles Caudrelier
2) Sodebo Ultim 3 - Thomas Coville - à 1 757,3 milles du leader
3) Maxi Banque Populaire XI - Armel Le Cléac'h - à 2 562,2 milles du leader

En escale technique au Cap
4) Actual Ultim 3 - Anthony Marchand - à 4 665,5 milles du leader
5) SVR Lazartigue - Tom Laperche - à 4 667 milles du leader
6) Ultim Adagio - Eric Peron - à 4 675,4 milles du leader

Source : Gitana SA