Bye Cadix, c'est parti pour un Tour du Monde et la Globe40, Ian Lipinski : "L’enjeu est de réussir à se maintenir dans les trois premiers tout le temps"

 

Après un prologue pour le moins tonique, la flotte de la Globe40 La Grande route quitte Cadix ce dimanche 14 septembre, direction Mindelo (Cap-Vert), ligne d’arrivée de cette première étape. Si la météo ne varie pas, c’est une traversée faite de vitesse et de plaisir qui s’annonce pour Ian Lipinski et Antoine Carpentier et les sept autres équipages engagés.


Crédit : JM Liot



« L’équipe de Pic (Sébastien Picault, le directeur technique) a super bien bossé, parce qu’il y avait quand même quelques bricoles à réparer, souligne Ian Lipinski ; des petits problèmes qui sont apparus sur le prologue et qu’on a bien traités. On repart avec le bateau en parfait état, en confiance ».

La confiance est d’autant plus là que la météo s’annonce favorable. Ian Lipinski pose le contexte : « Cela s’annonce comme une étape pas très longue (850 milles théoriques) même si on va tirer des bords. Elle sera aussi sans doute très agréable dans du vent portant, portant medium ; il va faire beau. On surveille les ondes tropicales qui peuvent survenir sur la fin du parcours mais globalement, on peut dire que ce sera une régate plutôt paisible ».

Traduisons : sur le papier en tout cas, tout est très engageant : du beau temps, la chaleur qui va monter à mesure que les concurrents iront vers le sud… et une bonne dose de stratégie à opérer : « Il va y avoir du jeu, dit Ian, parce qu’il faudra gérer la courbure anticyclonique qui sera sur la route à l’ouest, avec les pressions plus à l’est ; c’est un schéma qui demandera de réfléchir. Il y aura aussi le passage des îles Canaries et ses dévents. Ce ne sera pas du tout-droit, ça va jouer, mais on va glisser jeu et de la glisse ».

Un œil sur la météo, Antoine Carpentier abonde, et précise : « Il y a une dépression qui pourrait se former dans une semaine, au sud du Cap-Vert. Ça pourrait partir classiquement en dépression tropicale, puis le phénomène traverse l’Atlantique à toute vitesse, devenant un cyclone sur les Antilles. Ensuite, il remonte sur l’Amérique et revient vers nous en dépression. Il ne faut pas s’alarmer, mais garder un œil dessus ».

Un jeu à trois ?

Cette première étape, qui fait suite au prologue Lorient-Cadix doté d’un coefficient 0,5, devrait confirmer la création de deux groupes dans cette flotte de huit Class40, césure cohérente générée par les différences de dessin architectural et de génération : les scows d’un côté, au nez arrondi et aux lignes agressives ; les « pointus », à l’étrave classique de l’autre. Ian Lipinski résume ce peloton dans lequel le Class40 Crédit Mutuel va se mesurer les huit prochains mois : « Sur le prologue, on a vu que les trois bateaux de nouvelle génération, typés scow, sont devant. Il y a les Allemands Lennart Burke et Melvin Fink (Next Generation boating around the world), qui n’ont pas eu énormément de temps de préparation, mais qui sont de bons et très enthousiastes navigants. Leur bateau, un PogoS4 dessiné par Guillaume Verdier, est extrêmement rapide au portant dans le medium. Dès qu’il faudra tirer des bords dans le vent arrière, ils seront hyper performants. Ils le seront sans doute aussi dans d’autres conditions. Puis il y a les Belges Jonas Gerckens et Renaud Dehareng (Belgium Ocean Racing Curium), qui ont un Lift2 (plan Lombart de 2022), un très bon bateau très bien mené dont on connaît les points forts. Ensuite, les autres Class40 ne sont pas des scows, alors on n’est pas censé régater contre eux… à moins que nous commettions une grosse boulette stratégique ou que nous rencontrions un vrai problème technique ». Puis il y aussi les copains, comme Benoît Hantzperg, équipier pour ce tour du monde du projet belge mais compagnon de route d’Antoine Carpentier et de Ian Lipinski auprès de qui il a œuvré… « Un sacré numéro, dit ce dernier. On a navigué ensemble, c’est un copain à terre comme sur l’eau, un beau marin plein d’expérience. »

Sur cette première étape, et plus encore lorsque le vent et la mer monteront, l’enjeu sera de ne pas casser. Coskipper d’expérience, Antoine Carpentier abonde : « La difficulté de ce tour du monde, c’est de réussir à naviguer sans casser. Si un des trois leaders casse quelque chose sur une étape, au point de handicaper le bateau, et qu’il finit au-delà de la troisième place, il sera hors course pour la victoire. L’enjeu est de réussir à se maintenir dans les trois premiers tout le temps, puis ensuite de jouer la place de premier avec les autres... mais c’est toujours dans ce match-là qu’on prend les plus gros risques ». Un message d’alerte ? Pas forcément : le Morbihannais se souvient que « bien des tourdumondistes ont rappelé que, là où ils ont été le plus secoués, c’était dans le golfe de Gascogne, au départ ou à l’arrivée. Le golfe est un bon révélateur pour savoir si le bateau est prêt à faire un tour du monde ou pas ». 

Action solidaire des skippers et du Crédit Mutuel au bénéfice des enfants du Cap Vert

Pour rappel, la tempête Erin a généré le 11 août dernier de terribles dégâts et de nombreuses victimes lors de son passage. Le Crédit Mutuel en collaboration avec Sirius, l’organisateur de la Globe40, et l’ensemble des skippers engagés en course ont souhaité montrer leur solidarité en permettant une rentrée scolaire normale pour les enfants les plus touchés. L’ensemble des skippers va donc partir avec une partie de ces fournitures qu’ils convoieront vers Mindelo. Le reste du chargement sera transporté par un pont aérien mis en place au départ de Lisbonne vers le Cap Vert. Une aventure sur laquelle nous reviendrons…

Source : EL DO