Cap Leeuwin pour Alexia Barrier et son équipage, "on reste humbles, concentrées, et reconnaissantes de pouvoir passer"

 

C’est à l’heure, décalage horaire oblige, où les Australiens ouvrent leurs cadeaux de Noël que les navigatrices du projet 100% féminin de The Famous Project CIC ont franchi à 13 heures 19 (heure française), ce 24 décembre, la longitude du Cap Leeuwin à la pointe sud ouest du continent Australien. Alexia (Barrier), Dee (Caffari), Annemieke (Bes), Rebecca (Gmür Hornell), Deborah (Blair), Molly (LaPointe), Támara (Echegoyen) et Stacey (Jackson) cochent ainsi le deuxième des trois grands marqueurs de leur tour du monde, après Bonne Espérance le 16 décembre dernier, et avant le Horn, au terme de 25 jours de navigation depuis leur départ d’Ouessant.


Crédit : The Famous Project



Un franchissement hautement symbolique, surtout pour les néophytes du bord, reçu et apprécié comme un véritable cadeau au terme d’une belle et rapide semaine dans l’Océan Indien. Le Maxi trimaran IDEC SPORT a démontré toute l’étendue de ses étonnantes qualités marines, dans la mer formée et dans le puissant vent de nord ouest qui a permis à Alexia et ses « girls » de tutoyer les 700 milles parcourus par 24 heures, à plus de 27 noeuds de moyenne.

Une cavalcade brièvement interrompue ce matin par un énorme filet de pêche et ses flotteurs accrochés dans le foil tribord du grand multicoque. « On est passé de 30 noeuds à 5 noeuds ! » décrit Alexia. « On a mis le bateau en marche arrière et on a pu retirer ce gros filet, mais le foil est demeuré bloqué un moment en position basse. Tout est à présent rentré dans l’ordre. »

Ainsi va la vie tumultueuse des aventurières du grand Sud, quand à l’euphorie succède l’inquiétude, et vice versa. Mais en cette veille de Noêl, il faudra plus qu’un filet de pêche pour troubler l’enthousiasme de l’équipage plus à l’aise que jamais dans la conduite de son multicoque géant dans les conditions si exigeantes du Grand Sud.

Alexia Barrier : « Leeuwin, c’est un cap qui impose le respect, même quand tout se passe bien. On sait qu’on est loin de tout, engagé, et qu’on ne joue plus avec les marges. Le franchir, c’est à la fois une fierté et un rappel : on est invités ici. Alors on reste humbles, concentrées, et reconnaissantes de pouvoir passer.

L’Indien reste l’Indien : exigeant, changeant, parfois rude. La grande différence avec mon Vendée Globe, c’est le support et l’équipage. En solitaire, tout est plus lourd mentalement, chaque décision repose sur toi. Ici, on partage l’analyse, la veille, l’effort. Ça permet d’aller plus vite, mais ça n’enlève rien à la complexité de l’océan.

Le bateau est sain, l’équipage de plus en plus précis, et on est dans une zone où chaque fenêtre peut compter. Mais on ne force pas les choses : le record est une conséquence possible, pas un objectif en soi.

Notre montée en confiance est progressive.

L’équipage vit bien. Il y a de la fatigue, bien sûr, mais surtout une vraie solidité mentale. L’ambiance reste saine, engagée, avec beaucoup de soutien entre nous. On sent que le collectif est un vrai moteur, et ça fait toute la différence sur la durée.

Notre avarie de hook a constitué un incident sérieux, mais maîtrisé. On a identifié le problème, sécurisé la situation et adapté notre fonctionnement en conséquence. Le bateau continue d’avancer dans de bonnes conditions, et on reste très vigilantes sur la suite. En mer, la clé, ce n’est pas d’éviter tous les problèmes, c’est de savoir les gérer.
»

Source : TB Press