En posant le pied à Fort de France où elle empochait une superbe cinquième place aux côtés de Xavier Macaire dans la Transat Café l’Or, Justine Mettraux savait qu’elle clôturait un cycle sur TeamWork Team Snef. La fierté de ces quatre années passées à tutoyer les meilleurs et le sentiment d’accomplissement d’un premier Vendée Globe qui a suscité l’admiration de tous, l’emportent largement sur la nostalgie de passer le relais de son IMOCA à un nouveau propriétaire. De 2022 à 2025, Justine aura aussi fédéré autour d’elle une équipe prête à relever les défis du prochain TeamWork Team Snef dont la construction débutera au mois de mars. Bilan et perspectives !
Une année post-Vendée Globe est normalement vécue comme une pause par les coureurs. Mais l’accélération du calendrier, la soif de naviguer toujours vivace chez Justine et la conception d’un nouvel IMOCA, ont fait de 2025 une année vécue tambour battant. Des îles Britanniques à la Baltique, du Fastnet à Gibraltar, de la Normandie aux Antilles en passant par Lorient, toutes les occasions ont été bonnes pour naviguer en double ou en équipage, remettre sur le métier et s’enrichir de l’expérience des autres. Entre la Course des Caps (6ème), la Rolex Fastnet Race (5ème), les deux premières étapes de The Ocean Race Europe disputées sur Malizia, le Défi Azimut (2ème) et la Transat Café l’Or (5ème), Justine Mettraux a navigué exactement 100 jours durant cette saison et signé plus de 8000 milles en course. Si sur le plan comptable, c’est en 2025 qu’elle a enregistré ses meilleurs résultats, la suissesse relativise, du pur Juju dans le texte : « Nous étions un peu moins nombreux en 2025, notamment sur la transat, mais c’est vrai que le bilan est très positif et c’est chouette de bien terminer l’histoire avec le bateau. Finalement je retiens de cette saison ma troisième place aux IMOCA Globe Series (classement annuel, NDLR) qui sanctionne une forme de régularité à un bon niveau ».
La régularité au meilleur niveau
Encore une fois cette année, TeamWork Team Snef a terminé toutes ses courses. Cette constante depuis que Justine a récupéré l’ex-Charal en 2022 trouve toute sa valeur lorsqu’on émarge systématiquement dans le top ten. Elle renseigne sur une certaine façon de naviguer mais aussi une capacité à s’organiser et un savoir-faire à préparer. « J’essaie toujours de bien utiliser le bateau mais c’est vrai que je rends souvent hommage à l’équipe qui a toujours parfaitement géré. Le gros dossier a été le changement de foils opéré en 2023-2024. C’était un engagement financier très important pour les partenaires, une chance qu’ils nous offraient et nous avons eu raison de la saisir car le bateau est resté dans le coup. Et il peut encore évoluer ! Cette année encore, on a progressé dans sa façon de l’utiliser »Les nouveaux foils ont en particulier permis à Justine de défendre ses chances au meilleur niveau dans le Vendée Globe, terminé à une superbe 8ème place sur 40 concurrents. Meilleure performance d’un bateau de sa génération, ce premier tour du monde restera la pierre angulaire de ces quatre ans de course sur son IMOCA. Une copie si convaincante qu’elle a valu au passage à Justine le titre très convoité de Female World Sailor of the Year décerné par la Fédération Internationale de Voile, World Sailing. C’est connu, le Vendée Globe vous colle à la peau et lorsqu’on interroge l’intéressée sur l’image qui lui restera de ces quatre ans, le chenal des Sables d’Olonne sort d’emblée : « Il y avait mes deux soeurs sur le zodiac et tellement de monde à l’arrivée. C’était un samedi et même mes vieilles copines suisses avaient pu faire le déplacement ! »
D’un Vendée Globe à l’autre
Revivre de telles émotions et se battre à armes égales avec les meilleurs, tel est donc le projet du nouveau TeamWork Team Snef décidé dès le mois de janvier dernier. Sa conception étalée sur toute l’année 2025 a donné lieu à une réunion hebdomadaire avec l’équipe de l’architecte Guillaume Verdier. « Je n’ai pas pu assister à toutes, mais Nicolas Andrieu, responsable du BE de Beyou Racing et Simone Gaeta directeur technique accompagné d’Héloïse Baizé ont suivi tous les dossiers de près » assure Justine. Tout n’est d’ailleurs pas terminé mais les lignes de coque sont figées et les moules en construction. Les premiers plis de carbone seront disposés à l’intérieur par CDK Technologies à partir du mois de mars pour une mise à l’eau au printemps 2027.D’ici là, une maquette de la zone de vie permettra déjà de se projeter pour faire d’emblée les bons choix sur cet aspect très impactant de la performance à bord des nouveaux IMOCA. Plusieurs dossiers restent ouverts comme les foils mais aussi la gestion de l’énergie qui pose d’ailleurs un gros défi aux skippers. Explication de Justine : « Décarboner l’énergie c’est bien, mais l’organisateur du Vendée Globe a imposé une règle* à laquelle, aujourd’hui, on ne sait pas répondre en l’état de la technologie. A partir de 25 noeuds de vitesse, l’usage des hydrogénérateurs est proscrit et jusqu’à preuve du contraire, les panneaux solaires ne chargent qu’en journée ! Il y a donc des trous, mais on va chercher et on va trouver ! »
*60 litres de gazoil autorisés contre 300 consommés jusqu’alors sur un Vendée Globe.
Source : L Troel