La Solitaire / Réduction de parcours : arrivée lundi au cap Ortegal

En l’absence totale de vent sur les 100 derniers milles du parcours, la Direction et le Comité de course de la Solitaire du Figaro viennent de décider d’écourter cette première étape, partie vendredi de La Rochelle. L’arrivée sera jugée au cap Ortegal, devant Carino. Les premiers y sont attendus demain soir lundi.


Rarissime, ce genre de décision n’est facile à prendre pour personne et pose d’importants problèmes d’organisation, de logistique, de communication. Mais en mer, c’est toujours la météo qui décide. Richard Silvani, de Météo France est formel : « jusqu’à demain soir, sous l’influence d’un petit minimum dépressionnaire, il devrait y avoir de l’air jusqu’au cap Ortegal, dans l’ordre sud-est, puis ouest-sud-ouest et enfin ouest pour une quinzaine de nœuds jusqu’à cette nouvelle ligne d’arrivée. Le problème, c’est la descente le long des côtes de Galice qui aurait été très problématique, quasiment sans aucun vent, à des vitesses nulles et très aléatoires». A tel point que les premiers concurrents ne seraient pas arrivés à Vigo avant… mercredi et les derniers jeudi, à savoir la date prévue pour le départ de la deuxième étape ! Impossible, à tenir, évidemment. Une fois franchie la ligne, les bateaux rallieront au moteur le port de Vigo, d’où partira la deuxième manche à destination de Cherbourg-Octeville.


Vers 16h, le leader Nicolas Troussel avait timidement mais enfin démarré, à 6 nœuds, sous spi dans du sud-est qui tournera donc par le sud-ouest d’abord et jusqu’à l’ouest en fin de parcours. Le vainqueur 2006 peut désormais nourrir de légitimes ambitions et faire logiquement figure de favori pour cette première manche de fous à la recherche du vent perdu.


Pour les leaders, il reste en théorie une trentaine d’heures de navigation. Pour les autres, un peu plus…

« C’est sûr qu’on a vraiment pas mal de retard et en plus j’ai bien l’impression qu’il y a moins de vent que prévu sur la dépression qui va passer. Donc, si c’est pour finir dans la pétole après le Cap Finisterre, c’est peut être mieux de couper cette partie là. .et ça permettra aussi de se reposer un petit peu avant de repartir pour Cherbourg. On ne sait pas trop ce qui va se passer pendant la nuit… stratégiquement… je n’ai pas trop envie de le dire (rires) donc je vous laisse imaginer ».

« En allant au bout de cette étape, on serait arrivé très tard et nous aurions passé moins d’une journée à Vigo. Ça change pas vraiment les données pour moi, avec un way point pas vraiment différent. Faudrait regarder un peu dans les annales, mais c’est quand même exceptionnel de passer autant de temps dans la pétole ».
« D’après nos cartes météo, à partir de demain il y avait du vent, donc il y avait de quoi aller jusqu’au bout. Mais j’imagine que la direction de course a d’autres infos plus pertinentes que les nôtres. Et ils ont estimé qu’avec le vent qu’il y avait derrière, on irait plus vite au moteur qu’à la voile. De toute façon, on se plie à ça, il n’y a pas de problème. La décision n’a pas du être facile à prendre pour l’organisation. Ce sont les arbitres et ils décident du jeu, donc pas de problème, on ne discute pas. Sur l’eau, ça se passe mieux depuis que le vent est remonté au dessus de 4 nœuds. Je ne sais pas ce que j’ai, mais en dessous de 4 nœuds de vent, je suis collé et au dessus, tout va bien. Je suis au contact avec Jeanne Grégoire qui m’avait pourtant mis un mille ce matin, et j’ai des objectifs précis de gars à doubler. Stratégiquement, ça ne change rien du tout cette réduction. Il y aura du jeu jusqu’au Cap Ortegal. J’espère juste que ce sera du vrai jeu et pas de la foire, parce qu’on connaît les côtes espagnoles. Avec une arrivée de nuit, ça peut être du grand n’importe quoi. Mais on verra…ca va être intéressant ».

« C’est clair qu’il n’y a pas beaucoup de vent sur la fin de parcours et qu’on en n’a pas eu beaucoup jusque là. Sur la réduction de parcours, il n’y a pas grand chose à dire : s’il n’y a pas de vent, il n’y a pas de vent, il ne faut pas aller contre la nature. On est prévenus suffisamment tôt pour ne pas que ça modifie les stratégies de course de chacun, donc voilà, c’est comme ça. Financo est assez loin, on ne l’entend plus à la VHF… »


Source : La Solitaire

Québec St Malo / Victorien Erussard : « Une baleine et le safran dans notre sillage… »

Coup dur dans le camp des multicoques. Le trimaran Laiterie de Saint Malo, lancé à pleine puissance à plus de 20 nœuds, a en effet heurté une baleine ce dimanche après midi. Cette collision violente a provoqué la casse du safran central, le seul dont est équipé ce bateau d'ancienne génération. Cette avarie oblige Victorien Erussard et son équipage à installer un appendice de secours et à s'organiser pour traverser l'Atlantique Nord avec ce safran de fortune…

Victorien Erussard joint par téléphone :
« Nous étions à 22-23 nœuds. J'étais à l'intérieur avec Loïc Escoffier : on avait repris du terrain et des milles sur Crêpes Whaou ! et on discutait de notre stratégie pour les prochaines heures. Loïc Fequet était à la barre. Nous avons senti un choc violent et nous avons été propulsés d'un bon mètre. Personne n'est blessé, mais en nous retournant dans notre sillage nous avons vu une baleine... et le safran. Et nous n'avons plus vu grand chose parce qu'on a eu du mal à freiner bateau. Le moral n'est vraiment pas bon. Nous avons installé un safran de secours, mais il a l'air plus adapté pour traverser une baie que l'Atlantique. Je n'ai pas une grande confiance. Nous avons affalé la grand voile et progressons sous ORC que nous réglons pour garder un peu de maniabilité. Nous sommes à 350 milles de Cap Race (Sud Est de Terre-Neuve, ndlr). Il nous faut rentrer par nos propres moyen et nous n'avons plus que 40 litres de diesel et plus que 5 jours de bouffe. Nous étions bien dans le match, nous commencions à imaginer l'arrivée chez nous. La course est désormais terminée et pour rentrer ce ne sera pas la même limonade... »

Source : Québec St Malo

La Solitaire / Nicolas Troussel, Christian Bos et Fred Duthil, au top

Les écarts commencent à être pertinents au classement de 11h, même si on ne pourra véritablement faire les comptes qu’au passage du cap Finisterre… reste à savoir quand !

Ce dimanche midi, la flotte est toujours emmenée par le décidément en forme Nicolas Troussel (Financo), qui imprime son tempo à la très lente danse des figaristes devant Christian Bos (Région Midi Pyrénées, 2e à 4,4 milles) et Frédéric Duthil (Distinxion Automobile, 3e à 7,7 milles).

Les vitesses sont de nouveau très faibles, de l’ordre de 3 nœuds au mieux et ça ne s’arrangera pas cet après-midi, avec une nouvelle bulle sans vent qui va fondre sur la flotte. Les dix premiers bateaux tiennent en 15 milles, mais on accuse déjà 20 milles de retard à compter du 17e, (le Marseille Entreprises de Jean-Paul Mouren). L’option sud d’Armel Tripon (Gedimat, 44e à 26 milles) et de Christophe Lebas (Lola, 45e à 29 milles) n’a pas payé et les deux hommes auront probablement fort à faire pour limiter les dégâts. Chez les bizuths, Adrien Hardy (AGIR recouvrement), François Gabart (Espoir Région Bretagne) et Isabelle Joschke (Synergie) font bien mieux que se défendre en plaçant leurs bateaux respectifs aux 9e, 10e et 11e place.

Reste que ce sera long, long, long : le vent prévu demain imposera une trajectoire en escalier... et il sera de nouveau aux abonnés absents à partir du cap Finisterre.
A Vigo, on ne compte plus sur le premier bateau avant la nuit de mardi à mercredi au mieux...

Nicolas Troussel, ce dimanche 14h :
« Y’a un petit peu d’air. 5 nœuds, c’est pas encore violent. C’est pas encore les grandes vitesses et on est loin d’être arrivé. Est-ce que j’avance ? Je suis un peu surpris. Hier soir, j’étais déjà bien placé mais j’ai du tirer les bons bords pendant la nuit…C’est dur de trouver du temps pour dormir car le vent bouge beaucoup, il faut être la barre ou sur les réglages. Cette nuit, encore des virements de bords, c'est décidement un bon entraînement pour les manœuvres ce début de course. Tout le monde était persuadé qu’il y aurait du vent et puis on se retrouve avec moins de 5 nœuds depuis 2 jours. C’est un concours de lenteur ! Le pire dans ces conditions, c’est de ne plus avoir à boire. Mais tout va bien de ce côté là, j’ai du boire 6 à 7 litres depuis que je suis parti. Je me suis fait un lyophal ce matin, sinon c'est Krisprolls avec jambon ou fromage. Le vent ? On va encore avoir quelques molles. Après, on aura du sud puis ouest et peut-être nord-ouest à la fin. On affinera le passage au cap Finisterre ce soir. Comme ce matin, j’avais de l’avance, c’est vraiment plaisant. C’est top mais la route est encore longue et rien n’est fait."

Source : La Solitaire