De Pavant et Bestaven de retour

Yannick Bestaven (Aquarelle.com) sous gréement de fortune, puis Kito de Pavant (Groupe Bel), au moteur, sont arrivés à 2h40 et 2h55 au ponton des Sables d’Olonne. Une heure plus tard, ils souhaitaient bon vent à Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) qui repartait en mer.

Grosse émotion cette nuit sur le ponton des Sables d’Olonne. Malgré l’heure tardive, ils sont venus nombreux pour accueillir les deux marins, victimes d’un démâtage à une demi-heure d’écart lundi soir. Familles, amis, anonymes et une cinquantaine de salariés du sponsor de Kito leur ont témoigné tout leur soutien. Impossible de retenir les larmes lorsque les deux malheureux navigateurs se sont tombés dans les bras l’un de l’autre, relâchant toute la frustration de ce coup du sort.

Premier au ponton, Yannick Bestaven se sentait un peu perdu une fois pausé pied à terre : « Il y a un sentiment d’injustice. Mais comme quoi le Vendée Globe n’était pas fait pour moi cette année. Ce sont des mois d’efforts qui ne sont pas du tout récompensés. C’est dur. J’aurais mieux fait de rester chez moi cet été lorsqu’il y a eu les problèmes de sponsor. J’ai l’impression d’avoir bataillé pour rien. Ce fut beaucoup de sacrifices pour moi et pour l’équipe. Toute l’équipe a bossé comme des fous jusqu’au départ. Ils croyaient tous en moi. Tout le monde est très déçu. (…)
Yannick Bestaven :


J’ai eu de la chance car le mât est tombé juste à côté de moi. J’étais en train de finir de manœuvrer, de ranger les drisses en pied de mât. C’est sûr que j’ai eu du bol de ne pas me le prendre sur le coin du nez. Je n’ai pas eu le temps de réaliser. Juste vu les dégâts sur le bateau et que la belle histoire s’arrête vite. C’est arrivé au début de la nuit et la mer était encore très grosse. Le mât tapait le long de la coque. Il a fallu vite tout couper car je n’avais qu’une peur, c’est que le mât défonce le bateau. Le bateau se faisait rouler dans tous les sens. C’était un peu la panique à bord. Je me suis harnaché sur le pont. Et avec une scie à métaux et un couteau, j’ai coupé tout ce que je pouvais couper au fur et à mesure pour dégager le gréement du bateau. Impossible de récupérer des voiles. J’ai dû tout larguer à la mer.
»

Terriblement triste, Kito de Pavant n’a pas caché son émotion devant l’accueil chaleureux qui lui était réservé : « C’est beaucoup de frustration de ne pas être sous les étoiles. Le beau temps s’est installé après la tempête. Et je n’ai pas passé la première tempête. Le plus dur avait été fait et je savais que quelques heures plus tard, ce ne serait plus que du bonheur. Le bateau a planté dans une vague plus forte que les autres. Le mât est tombé et l’aventure s’est arrêtée là. Je pense surtout à ceux qui continuent et profitent aujourd’hui des glissades dans l’alizé. Avec les conditions en ce moment, cela doit être génial pour eux. J’espère qu’ils seront tous là à l’arrivée aux Sables d’Olonne parce que l’accueil que j’ai eu ce soir était exceptionnel. Je ne m’attendais vraiment pas à voir ça et… voilà, j’ai encore les larmes aux yeux, c’est terrible. J’aurais tellement voulu arriver plus tard aux Sables. »

Source : Vendée Globe